Selon Ariane Rustichelli, directrice de Swisscommunity
«Les expatriés suisses ne s'informent souvent pas assez à l'avance»

S'expatrier, c'est prendre des risques financiers considérables. Une bonne planification et un peu de savoir-faire permettent toutefois de les minimiser. La directrice de Swisscommunity pour les Suisses de l’étranger, Ariane Rustichelli, révèle les pièges à éviter.
Publié: 25.07.2023 à 09:39 heures
Levin Stamm

En cas de préparation insuffisante, le rêve de déménager à l'étranger peut parfois mal tourner pour les Suisses mal informés. Ariane Rustichelli, directrice de Swisscommunity, est régulièrement témoin de ces difficultés. Avec son Organisation des Suisses de l’étranger, elle représente les intérêts des expatriés, et elle est souvent confrontée à des histoires de retours en Suisse.

Les problèmes financiers sont l’une des raisons qui poussent souvent les Suisses de l’étranger à revenir dans leur pays. Ils seraient pourtant faciles à éviter: «Les expatriés ne s’informent souvent pas assez à l’avance», explique Ariane Rustichelli. Ainsi, les expatriés ne contacteraient généralement la fondation que lorsque les problèmes sont déjà bien présents. Swisscommunity met pourtant à disposition un service juridique gratuit, ainsi qu’un vaste panel d’information. «Mais cela ne suffit pas pour une bonne préparation», précise la directrice.

Faire appel à des experts

Pour être prêt à déménager sans tracas, il faut souvent se préparer des années. Cela demande donc des efforts et des coûts considérables. C’est pourquoi il est indispensable d’établir un budget, si nécessaire avec l’aide d’une experte financière. Selon Ariane Rustichelli, cela vaut la peine de consulter des spécialistes dans la plupart des cas. «Celui qui renonce aux conseils d'un expert parce que ses services coûtent trop cher économise au mauvais endroit!», s'exclame-t-elle. Cela vaut également pour les conseils en matière d’impôts et d’assurances.

La directrice de Swisscommunity, Ariane Rustichelli, défend les intérêts des Suisses de l'étranger.
Photo: zVg
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Sinon, le réveil risque d’être brutal, surtout en ce qui concerne les assurances sociales. «Quand on est jeune, on n’y pense peut-être pas, mais cela peut se retourner contre nous plus tard», explique la directrice. Il est par exemple possible d’éviter une lacune dans l’AVS grâce à l’AVS/AI facultative.

Mais attention: cela n’est possible que pour émigrer dans des pays qui ne font pas partie de l’UE ou de l’AELE, l'Association européenne de libre-échange. En outre, il faut avoir été assuré en Suisse pendant au moins les cinq dernières années juste avant de quitter l’AVS/AI obligatoire. Les personnes qui émigrent dans un pays de l’UE ou de l’AELE sont automatiquement soumises à son assurance sociale. En outre, les personnes travaillant à l’étranger pour une entreprise suisse sont épargnées par les trous dans les rentes. «Mais c’est une variante de luxe de la situation de base», admet Ariane Rustichelli.

Etre indépendant est particulièrement risqué

A noter: les grandes entreprises internationales aident souvent leurs employés à faire les préparatifs nécessaires pour leur déménagement. D’où le conseil de la directrice de Swisscommunity: «Pensez suffisamment tôt à tous les aspects de votre nouvelle vie. Ne vous expatriez que lorsque vous avez réglé votre emploi, votre logement et vos assurances.»

Elle juge cependant d’un œil critique le fait de se mettre à son compte à l’étranger: «La plupart des gens n’ont pas de réseau sur lequel s’appuyer dans leur nouveau pays», explique Ariane Rustichelli. C’est pourquoi elle met en garde contre le versement de l’avoir de la caisse de pension en cas d’émigration.

Autre poste financier important auquel réfléchir: les frais de la santé. Si un couple émigre dans un pays de l’UE avec une seule personne active, seule cette dernière est automatiquement assurée. Pour le partenaire, il faut une assurance privée. Cela représente un coût important.

En cas d’urgence, Ariane Rustichelli recommande de garder la porte ouverte à un potentiel retour en Suisse, «par exemple, en gardant un bien immobilier ou en laissant un compte bancaire en Suisse». Selon elle, certaines banques – comme la Zürcher Kantonalbank ou la Banque Cantonale de Genève – offrent des conditions particulièrement intéressantes aux expatriés.

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