Situation Covid dans les hôpitaux
Les soins intensifs se stabilisent, mais tout n'est pas terminé

Sur le front hospitalier du Covid, le pire est-il bientôt derrière nous? Le tableau est contrasté d'un canton à l'autre. La situation demeure stable mais précaire à Genève et Vaud. Outre-Sarine, Zurich se veut optimiste tandis que la situation reste critique à Bâle.
Publié: 21.01.2022 à 06:04 heures
|
Dernière mise à jour: 21.01.2022 à 07:09 heures
Gianna Blum

Le ministre de la Santé Alain Berset s’est montré très confiant mercredi: la situation dans les hôpitaux se détend et la fin de la pandémie est en vue. La veille, la Task Force d’experts de la Confédération était moins optimiste, rappelant que les hospitalisations annoncées peuvent être tardives et que les données communiquées par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) ne sont tout simplement pas fiables pour évaluer la charge sur les hôpitaux.

Blick s’est renseigné auprès de divers hôpitaux suisses et peut confirmer que la situation s’est stabilisée dans la plupart des services de soins intensifs. Le CHUV, notamment, estime que tout est «sous contrôle». Outre-Sarine, le Groupe de l’Hôpital de l’Île à Berne parle d’une situation «stable», tout comme l’hôpital cantonal de Saint-Gall.

Très peu de patients Omicron aux soins intensifs

Huldrych Günthard, responsable de l’hygiène hospitalière à l’Hôpital universitaire de Zurich, constate que, «aux soins intensifs, il n’y a pas de patients touchés par Omicron». Dans le canton de Zurich, les patients des soins intensifs touchés par le Covid, qui occupent un tiers des lits, sont presque tous des patients Delta.

Le nombre de cas d'Omicron ne cesse d'augmenter.
Photo: LAURENT GILLIERON
1/5

Un constat partagé par le 19h30 de la RTS, dont le fact-checking explique que seuls deux patients Covid touchés par Omicron sont présents aux soins intensifs des HUG, alors que le nombre descend carrément de zéro au CHUV.

«L’alerte n’est pas encore levée», indiquent cependant à Blick les HUG et le CHUV. «Il est impossible de prédire comment les prochains jours vont se dérouler», prévient un porte-parole genevois, qui ajoute que si la charge est constante, elle reste élevée. Au CHUV, des interventions électives seront à nouveau pratiquées de manière «très limitée». Mais il faudra encore attendre des mois avant que les 900 opérations qui ont dû être reportées rien que pendant novembre soient rattrapées.

C’est dans le nord-ouest de la Suisse que les nouvelles sont les plus sombres. Jeudi, l’hôpital universitaire de Bâle enregistrait «un nombre record d’absences et des soins intensifs pleins à deux places près», selon un porte-parole. «Au vu du nombre record de contaminations, nous partons du principe que la situation ne s’améliorera pas et que les cas de maladie vont augmenter au sein du personnel», explique-t-il à Blick.

«Une question de semaines»

À Zurich, la directrice de la santé Natalie Rickli (UDC) est pourtant presque prête à déclarer la fin de la pandémie. «Il est encore trop tôt pour lever les mesures, a-t-elle déclaré sur Blick TV, mais si tout se passe bien — ce que tout le monde suppose actuellement — il ne s’agit plus que d’une question de semaines.»

Huldrych Günthard se veut plus prudent et ne pense pas que la vague d’Omicron ait déjà atteint son pic. Il s’attend à ce que ce soit le cas «fin janvier ou mi-février, au plus tard». Il est également impossible pour l’expert d’estimer ce que cela signifiera pour les hôpitaux pour le printemps. «Mais je suis optimiste quant à la suite concernant les cas et les hospitalisations.»

Des absences de personnel problématiques

Au sein du Groupe de l’Hôpital de l’Île de Berne, les unité de soins intensifs sont bien remplies, avec un quart de patients Covid. Le soutien des étudiants en médecine et des bénévoles reste nécessaire.

Ce qui inquiète surtout les hôpitaux, c’est de savoir comment s’occuper des patients si leur propre personnel est éventuellement absent à cause d’une infection à Omicron. «Contrairement aux situations précédentes, cette vague met davantage l’accent sur les absences de personnel», explique une porte-parole.

«Nous continuons à reporter des opérations non urgentes», souligne-t-elle. Cela permet notamment de libérer du personnel spécialisé en anesthésie et mettre à disposition plus de lits en soins intensifs.

À Lucerne, 400 personnes attendent d’être opérées

«Il est encore trop tôt pour mettre fin à l’alerte», déclare Guido Graf (Le Centre), directeur de la santé du canton de Lucerne. Peu avant Noël, il avait annoncé des décisions de triage lors d’une conférence de presse dramatique. Heureusement, rien de tout cela n'est arrivé. Mais il met en garde: «Le risque de surcharge reste élevé.»

La situation concernant les problèmes de personnel dans le canton de Lucerne est similaire à celles des autres cantons. «Mais elle serait bien pire si les hôpitaux n’étaient pas soutenus par des membres de l’armée et de la protection civile», précise Guido Graf. Des opérations doivent être reportées. Selon le conseiller d’Etat, environ 400 personnes attendent une intervention. Il s’agit là aussi d’une sorte de triage, analyse-t-il.

(Adaptation par Alexandre Cudré)

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la