Sorcière des temps modernes
Juuniverse, la TikTokeuse qui rééquilibre les énergies et coupe le feu

C’est un secret d’ordinaire bien gardé. Mais @junniverse_ a décidé de parler de ce don extraordinaire sur les réseaux sociaux. Et ça marche! Cette sorcière des temps modernes compte plus de 50’000 abonnés. Portrait.
Publié: 04.05.2024 à 09:28 heures
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Dernière mise à jour: 04.05.2024 à 09:41 heures
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Alessia BarbezatJournaliste Blick

À la porte de la résidence genevoise où elle vit depuis deux ans, Juliette Perrin nous accueille avec la timidité de sa jeunesse avant de nous mener dans son antre. C’est ici, dans cette toute petite chambre d’étudiante avec une vue imprenable sur la plaine orange de Plainpalais qu’elle tourne ses vidéos sur la plateforme TikTok. 

Assise en tailleur sur son lit ou à son bureau, devant un mur tapissés de photographies, @Juuniverse_ s’adresse à ses quelque 50’000 abonnés pour leur raconter son quotidien d’étudiante en soins infirmiers et de… coupeuse de feu. 

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«Grâce à cette prière, je peux soulager une personne à distance»

Car la jeune femme de 19 ans — «presque 20», précise-t-elle — détient le secret, c’est-à-dire, selon ses termes, «la capacité de soulager les brûlures et inflammations, de freiner leur propagation, sans forcément avoir la personne devant [elle]». Un don et une formule secrète qu’elle a reçus de sa grand-mère paternelle, Colette. 

@Juuniverse_ s’adresse à ses quelque 50’000 abonnés pour leur raconter son quotidien d’étudiante en soins infirmiers et de… coupeuse de feu.
Photo: Magali Girardin
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«Grâce à cette prière, je peux soulager une personne à distance. Celle-ci m’envoie un mail. Avec une photo, si elle le souhaite, pour m’aider à visualiser. Je lui demande alors son nom, l’endroit touché et les causes de la brûlure. Je me connecte à elle et je fais le ‘secret'. Cela me prend environ une dizaine de minutes.» En revanche, pour le magnétisme, «qui apaise les douleurs, migraines ou entorses et permet de rééquilibrer les énergies, il faut que la personne qui a en besoin soit proche de moi», explique d’une voix douce cette Genevoise d’adoption.

Concrètement, comment ça marche?

D’aussi loin qu’elle se souvienne, Juliette a toujours senti brûler en elle ce magnétisme. «Petite, ma grand-mère me coupait le feu pour soulager mes brûlures ou me magnétisait. Elle m’en a toujours parlé et quand elle m’a senti prête, elle m’a transmis le secret.» Juliette avait 14 ans. Mais déjà, à 11 ans, la fillette aux cheveux châtains s’exerçait sur ses camarades lors de camps scouts. «Les autres enfants se brûlaient ou se blessaient, je faisais la tournée tous les soirs. Et ça fonctionnait bien!», s’amuse-t-elle. 

Concrètement, comment ça marche? Assis sur le rebord de son lit, Juliette place les paumes de ses mains face à face, comme si elle tenait un bol. On observe son visage et ses yeux félins se concentrer. «J’émets tout d’abord l’intention de me protéger, car on peut absorber des énergies pas très positives, explique-t-elle. J’essaie de penser à la personne. Puis, je visualise une boule entre mes mains, qui peut être d’une certaine couleur. Mes mains vont alors chauffer. Plus elles se réchauffent, plus je ressens que la brûlure de la personne est intense. Je ressens des picotements qui vont remonter dans mes bras et lorsqu’ils atteignent mes épaules, j’arrête. Pour me protéger.»

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Une approche complémentaire à la médecine traditionnelle

Un don qu’elle a dû apprivoiser, guidée par les précieux conseils de Colette et qu’elle partage aujourd’hui avec sa communauté sur TikTok. Le magnétisme, ça se travaille et ça s’entraîne. «Je donne des conseils pratiques. Chacun et chacune peut faire des exercices. Il faut prendre deux fruits identiques que vous allez magnétiser matin et soir. Au bout d’un certain temps, on se rend compte que le fruit magnétisé a un meilleur aspect, qu’il pourrit moins rapidement», affirme-t-elle. 

Ce compte TikTok, elle a lancé durant le confinement de 2020. «Bloquée à la maison, sans pouvoir faire la moindre activité, j’ai commencé à m’intéresser à la spiritualité, au développement personnel, à l’ésotérisme. J’ai parlé dans une vidéo de ma grand-mère coupeuse de feu.»

Elle ajoute: «Personne ne connaissait le sujet, du moins en France. Si ça peut aider les gens, alors pourquoi pas? C’est une approche complémentaire à la médecine traditionnelle», dit la future infirmière avant de poursuivre: «J’ai donc tourné des courts contenus humoristiques avec ma sœur et très vite, j’ai parlé des oracles, des pierres, des huiles essentielles. Et ça a vite pris!»

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«Peut-être que les jeunes ont besoin de croire. On est complètement perdus, il existe une véritable anxiété quant à notre futur»
@juuniverse_ TikTokeuse, coupeuse de feu
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Si bien qu’aujourd’hui, ils sont plus de 50’500 à la suivre sur les réseaux sociaux. Des jeunes qui, comme elle, ont grandi et évoluent dans un monde anxiogène miné par le réchauffement climatique, la multiplication des conflits armés ou encore les attentats. 

«Peut-être que les jeunes ont besoin de croire, avance Juliette. On est complètement perdus, il existe une véritable anxiété quant à notre futur. Cette quête de spiritualité forme une bulle de protection pour un avenir pas vraiment enthousiasmant», déplore la jeune en passant ses doigts sur son pendentif qui enserre une pierre noire. «Une obsidienne, explique-t-elle. Elle protège et apporte de la confiance en soi. Mais la plupart du temps, je porte de la labradorite, c’est la pierre des soignants.»

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«Juliette parle hyper ouvertement de ce don. Sans le démystifier, mais en le popularisant et en le rendant accessible»
Pauline Jeanbourquin, réalisatrice de «Feu Feu Feu»
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Débuts de sa carrière d'actrice dans «Feu Feu Feu»

C’est sur TikTok qu’elle a été repérée par la réalisatrice Jurassienne Pauline Jeanbourquin à la recherche d’une protagoniste pour son premier long-métrage documentaire. «Je suis tombée par hasard sur ses vidéos, se remémore-t-elle. J’ai été fascinée par la manière dont Juliette évoquait son don, ce secret. Traditionnellement, on aurait plutôt tendance à le cacher, il existe tout un mythe autour de ça. Alors que cette adolescente en parlait hyper ouvertement. Sans le démystifier, mais en le popularisant et en le rendant accessible. Je trouve assez beau que cette nouvelle génération ait envie de partager cela, de l’ouvrir au monde plutôt que de le cacher.»

Juliette est à l'affiche de «Feu Feu Feu», le premier long métrage de la Jurassienne Pauline Jeanbourquin. Le documentaire a été présenté en première mondiale au Festival international de cinéma «Visions du Réel», à Nyon.
Photo: Feu Feu Feu, Pauline Jeanbourquin

Durant tout l’été 2022, la réalisatrice et son équipe suivent Juliette, notamment lors d’un camp scout à Nice, en France. «Mon propos n’était pas de questionner cette croyance. Mais plutôt de dire, que les coupeurs de feu existent, qu’on y adhère ou pas. J’ai voulu montrer leur vie, en l’occurrence celle d’une jeune femme animée d’une incroyable spiritualité, d’empathie et qui donne de son temps pour aider les autres gratuitement. Des valeurs qui peuvent un peu se perdre aujourd’hui.» Le résultat? «Feu Feu Feu» se révèle être un formidable récit d’apprentissage, teinté de magie et poésie. Le portrait d’une sorcière moderne, mais aussi celui d’une génération en manque de repères, qui se tourne vers les forces de l’univers pour tenter d’affronter l’avenir.

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