Sous presque 200°C!
La canicule rend leur travail encore plus chaud

Travailler dur malgré une chaleur étouffante: c’est le quotidien de plusieurs milliers de Suisses. Les températures caniculaires que traverse actuellement notre pays compliquent davantage le travail de certains.
Publié: 21.07.2022 à 08:57 heures
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Dernière mise à jour: 21.07.2022 à 16:40 heures
Pascal Scheiber, Tobias Ochsenbein

Des températures records ont été enregistrées ce mardi: 38,1°C à Genève. Et dans de nombreux autres endroits, la température a également dépassé les 36°C. Des conditions extrêmes pour tous ceux qui ne travaillent pas dans des bureaux climatisés.

C'est pourquoi Blick a rendu visite à trois employés travaillant dans des températures déjà bien élevées. Et notre reporter a littéralement mouillé sa chemise.

200°C au compteur

Premier arrêt: le sauna. Flakon Halimi est maître de bain et de sauna adjoint au centre thermal Fortyseven à Baden (AG). Même sans canicule, il est un vrai professionnel de la chaleur.

A l’intérieur de sauna, Flakon Halimi entreprend le rituel de mise en place. Il prend un seau d’eau qu’il remplit de glaçons avant d’y déposer des huiles essentielles. Il verse ensuite tout cela sur les pierres chaudes lors de l’infusion. Une odeur enivrante d’eucalyptus se diffuse.

Flakon Halimi arrose les pierres pour faire évaporer l'eau parfurmée.
Photo: Siggi Bucher

Les pierres sont toujours à une température de 82°C. Mais lorsque Flakon Halimi dépose le mélange parfumé, la chaleur augmente subitement. «Quand je fais l’arrosage, la température dans le sauna est de 120°C.» Une chaleur qui a de quoi faire tourner la tête – mais le pire reste à venir… La caméra thermique de Blick indique plus de 200°C juste au-dessus du poêle électrique!

«On dort mieux après un sauna»

Le maître de bain est forcé de travailler torse nu. Pourtant, même ce professionnel de la chaleur souffre des conditions actuelles. Il boit six litres d’eau par jour –dont déjà deux avant la première infusion à 11 heures. «Bien sûr, il fait chaud pour moi aussi, mais comme je fais ça depuis longtemps, je me suis habitué à la chaleur.»

Avec une température aussi extrême, peu d’entre nous ont envie d'aller au sauna, pourrait-on penser. Mais il y en a quand même, raconte Flakon Halimi. «Certains de nos clients viennent quand même ces jours-ci. Mais il y en quand même moins que lorsqu’il fait froid.» Il y a en effet des avantages à aller prendre la chaleur par ces températures: «En sortant, on a l’impression qu’il fait plus frais dehors. Et on dort mieux après le sauna!»

«La température extérieure rend tout plus chaud»

Prochain arrêt: l’usine d’incinération des ordures ménagères de Buchs (AG). Chaque année, 135’000 tonnes de déchets y sont brûlées à plus de 1000 degrés. Le chef d’équipe Stefan Lehner y travaille depuis 20 ans. Et pourtant, la chaleur lui donne quand même du fil à retordre ces derniers jours. «Ici, tout est humide et chaud. Je ne me sens pas bien, car la température extérieure rend tout encore plus chaud», explique-t-il dans la salle des machines.

Il y passe environ une heure et demie par jour. La température à l’intérieur: environ 50 degrés. Ici aussi, la caméra thermique indique plus de 200 degrés à certains endroits. Stefan Lehner avoue: «Pour moi, c’est parfait à 25 degrés. Mais on peut limiter son temps ici au strict nécessaire. Je sors régulièrement et je bois beaucoup.»

«On travaille tôt le matin»

Enfin, Blick rend visite à l’agricultrice Lea Wyder dans son champ à Muri (AG). La caméra thermique indique une température au sol de 40°C, l’air n’est que de cinq degrés plus frais. L’agricultrice explique: «C’est fatigant de travailler dans les champs par cette chaleur, mais on s’y habitue aussi. Les températures sont plutôt élevées depuis un certain temps déjà – les différences ne sont donc pas vraiment grandes.»

Lea Wyder sait comment s’en sortir – et elle évite le soleil comme elle peut. «Nous répartissons le travail en conséquence: nous effectuons les tâches difficiles plutôt le matin. Nous reportons les activités moins difficiles à l’après-midi, quand il fait chaud.»

En ce moment, la récolte est un grand sujet: «Nous battons actuellement le blé. Le colza sera également bientôt récolté – il y a beaucoup d’activité.» Mais il fait aussi très chaud en ce moment dans l’étable, avoue Lea Wyder. Les truies dégagent beaucoup de chaleur. Toujours est-il que les animaux sont refroidis par un ventilateur. «Les bovins ne vont plus au pâturage la journée, mais seulement la nuit. Ils souffrent déjà de stress dû à la chaleur.»

Malheureusement, cela devrait encore durer un certain temps, car la vague de chaleur en Suisse n’est pas près de se terminer.

(Adaptation par Mathilde Jaccard)

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