Surcharge des hôpitaux
Voici comment les médecins prennent les décisions de triage

Dans certains hôpitaux, les médecins ont déjà du établir une forme de triage pour décider quel patient peut avoir accès à un lit aux soins intensifs. Blick se penche sur les principales questions concernant la procédure.
Publié: 06.12.2021 à 06:12 heures
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Dernière mise à jour: 06.12.2021 à 06:16 heures
Ladina Triaca

Faut-il traiter la personne âgée atteinte d’un cancer? Ou plutôt l’étudiant non vacciné malade du Covid-19 qui a besoin d’un ventilateur? Des questions vitales comme celles-ci ne se posent habituellement que dans les régions en guerre ou dans les pays en voie de développement, où les ressources médicales sont limitées.

À présent, les médecins suisses sont confrontés à de telles décisions. Dans la clinique Hirslanden dans le canton d’Aarau par exemple. Selon les recherches du «SonntagsBlick», un premier triage y a eu lieu la semaine dernière. Un patient atteint d’un cancer n’a pas été admis aux soins intensifs, avec son accord, mais a été ventilé dans un service normal. Le médecin responsable des soins intensifs, Christian Frey, déclare: «Si le nombre de cas continue d’augmenter, les triages augmenteront également».

Sur la base des directives de l’Académie Suisse des Sciences Médicales (ASSM) Blick répond aux principales questions concernant le triage.

Le triage est sans doute la décision la plus difficile à prendre pour les médecins.
Photo: Keystone
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Quand parle-t-on de triage?
En médecine, le terme «triage» signifie que les médecins doivent faire un choix parmi les personnes qu’ils traitent, car les ressources sont trop limitées pour traiter tout le monde adéquatement.

Qui décide quand une procédure de triage doit être mise en place?
Cette décision revient à l’hôpital et à son unité de soins intensifs. Une mesure de triage ne peut être effectuée que si la surcharge de l’hôpital n’a pas pu être résolue par d’autres mesures, comme le report d’opérations ou le transfert de patients vers d’autres hôpitaux.

Qui est traité – et qui ne l’est pas?
Le critère le plus important pour les médecins est le pronostic de survie à court terme. Cela signifie que les personnes traitées sont celles qui ont le plus de chances de survie. Si plusieurs patients ont de bonnes chances, le deuxième critère pris en compte est l’investissement des ressources médicales. Celui qui, comme tant de patients atteints du Covid, passe un mois en soins intensifs, a de moins bonnes cartes en main que celui qui n’a besoin que d’un traitement plus bref.

Les personnes non vaccinées doivent-elles sont-elles mises de côté?
Non, le statut vaccinal n’est pas un critère de triage. En Suisse, tous les patients doivent être traités de la même manière, indépendamment de leur opinion et de leurs actes. Il en va d’ailleurs de même pour les fumeurs. Ils ne seront pas non plus désavantagés lors du triage, bien qu’ils consomment volontairement des produits nocifs.

Serai-je traitée plus facilement si j’ai une assurance privée?
Non. Aucune caractéristique telle que l’âge, le sexe, le lieu de résidence, la nationalité, la profession ou le statut d’assurance ne peut être utilisée comme critère de triage.

Qu’en est-il des personnes âgées – elles ont tout de même moins de chances de survie?
L’âge n’est pas un critère qui compte en soi. Ce n’est pas parce qu’une personne est âgée qu’elle a automatiquement de faibles chances de survie. Toutefois, les personnes âgées ont tendance à avoir une santé plus fragile, ce qui a bien sûr une influence sur leur pronostic.

Qui décide si je dois être traité ou non?
La décision de triage est généralement prise par une équipe de médecins expérimentés. C’est toutefois le médecin intensiviste le plus haut placé qui assume la responsabilité finale.

Que m’arrive-t-il si je ne suis pas traité en soins intensifs?
Dans ce cas, l’hôpital devra proposer d’autres possibilités de prise en charge – comme les soins palliatifs. Il est important que les patients et leurs proches soient informés clairement de la décision de triage. Idéalement, des entretiens avec l’aumônerie de l’hôpital ou des psychologues devraient également être proposés aux personnes concernées.


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