Sympathies pour le Hamas
Les jeunes suisses sont davantage critiques à l'égard d'Israël

Le sondage de Blick prouve que les jeunes montrent davantage de compréhension envers la Palestine et même, pour certain, envers le Hamas. Comment expliquer cet écart avec les autres tranches d'âge? Réponses avec plusieurs experts.
Publié: 18.11.2023 à 06:01 heures
|
Dernière mise à jour: 18.11.2023 à 09:37 heures
Blickgruppe_Mitarbeiterportraits_59.JPG
Benno Tuchschmid
Tobias Ochsenbein et Benno Tuchschmid

Les Suissesses et les Suisses sont très divisés sur la question de savoir qui est responsable de la guerre au Proche-Orient, révèle notre sondage exclusif, réalisé en partenariat avec l’institut Sotomo. 16’157 citoyens de Suisse alémanique et de Suisse romande ont participé. Cette enquête a notamment montré que 44% des personnes interrogées affichent une attitude négative ou plutôt négative envers les personnes de confession musulmane et que 22% reproduisent des stéréotypes antisémites.

Un point ressort également du sondage représentatif: la population suisse a, dans l’ensemble, de l’empathie pour la population israélienne. Il s’avère toutefois que ce sont les jeunes (18 à 25 ans) qui ont tendance à avoir plus de compréhension pour les Palestiniens et les Palestiniennes.

Les jeunes plutôt pour le Hamas

«Les jeunes de 18 à 25 ans représentent le seul groupe d’âge dans lequel on peut même constater des sympathies pour le Hamas», analyse le politologue Michael Hermann, de l’institut Sotomo.

Le Hamas a pénétré en Israël le 7 octobre depuis la bande de Gaza, tuant plus de 1200 personnes et en enlevant des centaines d’autres. Leur objectif: la destruction d’Israël et l’établissement d’un État islamique de Palestine.

15% des jeunes interrogés déclarent avoir des sentiments très ou plutôt positifs à l’égard du Hamas. Bien que faible, ce taux d’approbation est nettement plus faible chez les personnes plus âgées. Chez les plus de 65 ans, seuls 2% des interrogés ont de la sympathie pour l’organisation palestinienne. Toutefois, les stéréotypes antisémites ne sont pas plus répandus chez les jeunes que dans les groupes d’âge plus élevés.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Le soutien aux interdictions de manifester est beaucoup plus faible chez les 18-25 ans que chez leurs aînés. 51% d’entre eux souhaitent que les manifestations soient interdites en Suisse lorsqu’il faut s’attendre à y entendre des slogans antisémites. Chez les plus de 35 ans, ce chiffre monte à 60%.

Contenu tiers
Pour afficher les contenus de prestataires tiers (Twitter, Instagram), vous devez autoriser tous les cookies et le partage de données avec ces prestataires externes.

Impact des réseaux sociaux

Comment expliquer ce positionnement des jeunes de 18 à 25 ans? «Le narratif du Hamas en tant que défenseur de la liberté semble avoir pris chez les plus jeunes», explique Michael Hermann. À cela s’ajoute la façon dont conflit est couvert sur les réseaux sociaux, fait-il remarquer. «Tiktok est rempli d’images fortes en émotions provenant de la bande de Gaza. Les plus jeunes se solidarisent davantage avec des personnes présentées comme opprimées», explique le politologue. Dans un même temps, la conscience historique parais être moins forte dans cette tranche d’âge. Greta Thunberg symbolise cette attitude, estime le directeur de Sotomo.

Monika Waldis, directrice du Centre pour l’éducation politique et la didactique de l’histoire à la Haute école spécialisée du Nord-Ouest de la Suisse (FHNW), présume également que les habitudes de consommation de l’information – surtout sur les réseaux sociaux – pourraient avoir une influence. Mais elle précise qu’il n’existe pas encore de données empiriques à ce sujet.

Une question se pose donc: les jeunes d’aujourd’hui sont-ils moins sensibles à l'héritage de l’Holocauste que les générations précédentes? «Il se peut que les plus jeunes séparent ce qu’ils apprennent à l’école de ce qui passe sur leurs écrans. La pauvreté, les blocus… Les images de la bande de Gaza sont souvent dérangeantes et peuvent sembler accablantes», analyse-t-elle. Ce présent – avec vidéos et photos à l’appui – leur semble plus proche que ce qui se trouve dans leurs livres d’histoire. Cela favorise l’émergence de l’empathie envers les Palestiniennes et les Palestiniens.

Aborder l’Holocauste à l’école

Mais Monika Waldis précise par ailleurs que l’histoire d’Israël est aujourd’hui encore traitée extensivement dans les écoles. De nombreux enseignants le feraient très bien, selon elle

Un coup d’œil sur les programmes scolaires montre que l’Holocauste est un sujet bel et bien traité en classe. Mais de manière générale, à l’école comme en dehors, de nombreux facteurs influencent l’attitude et le comportement d’un individu. L’influence d’un plan d’études est, en effet, difficilement mesurable.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la