Syndicom critique sévèrement la décision
Tamedia ne donne aucune information sur les rédactions touchées par le licenciement collectif

Le syndicat syndicom s'est montré très critique envers Tamedia, après l'annonce d'un licenciement collectif et la fermeture des deux centres d’impression de Lausanne et de Zurich, que l'entreprise a annoncé mardi.
Publié: 27.08.2024 à 10:40 heures
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Dernière mise à jour: 27.08.2024 à 13:29 heures
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ATS Agence télégraphique suisse

Le syndicat syndicom critique sévèrement le licenciement collectif et la fermeture des deux centres d’impression de Lausanne et de Zurich annoncés mardi par Tamedia. Une fois de plus, l'entreprise de presse se concentre sur la maximisation des profits au lieu d’assumer sa responsabilité sociale et d’investir dans le journalisme, déplore-t-il.

Dans son communiqué, syndicom demande à Tamedia de revoir sa stratégie d'entreprise, de conserver les imprimeries et de préserver autant d'emplois que possible. Le plan social doit également être amélioré, souligne le syndicat après l'annonce de la suppression par Tamedia de près de 200 emplois à temps plein dans les imprimeries et 90 postes au sein des rédactions.

Pas de réelle urgence économique

«Au cours des 15 dernières années, les actionnaires du groupe TX, propriétaire de Tamedia, ont empoché plus de 670 millions de dividendes sur un bénéfice de 2,2 milliards d'euros tandis que des centaines d'employés étaient licenciés. TX Group reste très rentable, cette politique de démantèlement sans égard pour les collaborateurs doit prendre fin», déclare Stephanie Vonarburg, vice-présidente et responsable du secteur des médias chez syndicom, citée dans le communiqué.

Lors d'une conférence de presse mardi matin à Zurich, la directrice générale Jessica Peppel-Schulz et le directeur éditorial Simon Bärtschi n'ont pas donné davantage de précisions quant aux restructurations à venir dans les différentes rédactions.
Photo: keystone-sda.ch

Michael Moser, secrétaire central pour le secteur des médias, ajoute: «Tamedia se retire du marché de l'impression, sans réelle urgence économique, pour vendre ses immeubles de Lausanne et Zurich au prix fort. C'est inacceptable et dramatique pour les employés. Nous exigeons que Tamedia assume sa responsabilité sociale».

Conjointement avec les commissions du personnel, syndicom s'impliquera pour le maintien des emplois et pour l'amélioration du plan social et des conditions de travail. Il appelle le personnel de Tamedia à participer aux assemblées du personnel et à faire valoir ses droits. 

Le SSM s'insurge, le Conseil d'Etat s'inquiète

Le syndicat suisse des médias (SSM) se montre, lui, profondément préoccupé par les suppressions massives de postes annoncées aujourd'hui par Tamedia. En biffant près de 300 postes à plein temps, la direction du groupe «met en péril le journalisme indépendant et la diversité des médias en Suisse». Le démantèlement est particulièrement inquiétant en Suisse romande. «Avec la suppression de près de 300 postes à plein temps, Tamedia dit adieu à environ 20% de ses effectifs», explique Silvia Dell'Aquila, secrétaire centrale du SSM citée mardi dans un communiqué. «Il s'agit de la plus grande suppression de postes depuis son intégration dans TX-Group en 2019. Elle illustre le fait qu'en interne, le journalisme continue à perdre de son importance.»

La perte d'environ 200 postes dans le secteur de l'imprimerie est particulièrement grave. La fermeture des centres d'impression de Lausanne et de Zurich et la concentration sur le site de Berne représente une perte sèche, d'autant plus que Ringier a récemment fermé sa plus grande imprimerie et a annoncé la fermeture de son imprimerie de magazines à Zofingue, déplore le SSM. Malgré les recettes possibles tirées de la vente des imprimeries et de leurs biens immobiliers, les rédactions subissent également des coupes massives. En supprimant 90 postes dans les rédactions, la direction de Tamedia met en péril la liberté d'expression, poursuit le SSM dans un communiqué.

Le Conseil d'Etat vaudois exprime, lui, «sa vive inquiétude» à la suite de la restructuration annoncée mardi matin par Tamedia. Il va solliciter une rencontre avec les dirigeants du groupe zurichois. Dans son communiqué, le Conseil d'Etat se dit «conscient» des mutations actuelles dans le secteur de la presse. Il affirme toutefois être «particulièrement préoccupé» par les annonces qui se succèdent et dit craindre un «affaiblissement majeur» de la couverture de l'actualité en Suisse romande.

Plus de CEO en Suisse romande

Tamedia n'aura plus de CEO en Suisse romande. La directrice des titres payants du groupe pour la partie francophone, Christine Gabella, qui a annoncé sa démission au début de l'été, ne sera pas remplacée, a indiqué mardi la directrice générale de Tamedia Jessica Peppel-Schulz.

Interrogée par Keystone-ATS, Jessica Peppel-Schulz a répondu qu'«après mûre réflexion, il n'y aura pas de remplacement du poste» de Christine Gabella. Malgré la centralisation zurichoise de Tamedia, sa directrice assure toutefois que la Suisse romande «continuera à être écoutée et entendue». Il s'agira même de «mieux l'intégrer» encore au groupe, selon ses mots.

Engagée fin 2019 comme déléguée de la direction de Tamedia en Suisse romande, l'ancienne secrétaire générale de Médias Suisses assumait les responsabilités opérationnelles des marques payantes de Tamedia en Suisse romande depuis 2022. Christine Gabella a décidé de quitter l'entreprise pour des raisons personnelles, selon Jessica Peppel-Schulz. La direction des médias romands serait assurée depuis le siège zurichois du groupe, précise-t-elle.

24 Heures comme «marque forte» en Suisse romande

Après avoir annoncé mardi matin la suppression de 290 postes, dont 90 dans ses rédactions, Tamedia assure qu'aucun de ses titres ne disparaîtra. 24 Heures deviendra la «marque forte» en Suisse romande pour le développement numérique.

Lors d'une conférence de presse mardi matin à Zurich, la directrice générale Jessica Peppel-Schulz et le directeur éditorial Simon Bärtschi n'ont pas donné davantage de précisions quant aux restructurations à venir dans les différentes rédactions. Pas d'information donc sur quel titre sera touché, ni quand, où et comment les postes seront biffés.

«Nous n'avons pas encore défini le plan exact», a indiqué Jessica Peppel-Schulz, ajoutant qu'une phase de consultation devait d'abord être menée dans les différentes rédactions. «Nous ne pouvons rien dire pour le moment», a-t-elle ajouté.

Une certitude toutefois: le 24 Heures deviendra le titre phare de l'Arc lémanique («Future Brand»). Avec le Tages-Anzeiger, la Berner Zeitung et la Basler Zeitung, le quotidien vaudois sera l'une des «quatre marques fortes» qui devra «réaliser la croissance digitale» de Tamedia.

Une ou deux rédactions?

Que deviendra la version numérique de ses autres titres principaux, la Tribune de Genève et le Bund? Tamedia ne donne pas encore d'informations supplémentaires, mais assure qu'ils conserveront «leur propre présence digitale».

«A ce jour, nous ne savons pas encore s'il y aura, par exemple, une seule ou deux rédactions entre Lausanne et Genève», a indiqué Simon Bärtschi.

Mais les versions papiers et numériques de la Tribune de Genève seront maintenues, ont assuré les deux responsables, sans savoir exactement sous quelle forme pour le numérique.

Toutes les marques «print» de Tamedia continueront d'ailleurs d'exister, ont-ils encore insisté. Le Matin Dimanche, également en main de Tamedia, subsiste donc aussi.

Surcapacité des imprimeries

Au sujet des fermetures des imprimeries de Bussigny (en mars 2025) et Zurich (2026), qui entraîneront la perte de 200 postes, Tamedia a justifié son choix par des «situations de surcapacité depuis plusieurs années.»

Jessica Peppel-Schulz a indiqué que Tamedia allait désormais se concentrer sur sa seule imprimerie de Berne, qui sera agrandie. Ce centre aura suffisamment de capacité pour imprimer les titres du groupe et répondre aux demandes des clients externes. Le choix s'est aussi porté sur Berne en raison de sa position centrale en Suisse, a relevé la dirigeante allemande.

«Réorganisation en profondeur»

En poste depuis 10 mois, Jessica Peppel-Schulz a indiqué avoir «passé toute l'entreprise au peigne fin pour construire un nouveau Tamedia, l'adapter au futur et gagner en efficience sur le long terme.»

Du côté du conseil d'administration de TX Group, maison mère de Tamedia, son président Pietro Supino a réagi dans un communiqué. «Le monde des médias a fondamentalement changé au cours des deux dernières décennies. Après des adaptations continues, le moment est venu de procéder à une réorganisation en profondeur», a-t-il déclaré.

«Le conseil d'administration a suivi de près le développement de la stratégie sous la direction de sa CEO Jessica Peppel-Schulz. Il est conscient de la gravité des mesures à prendre et les soutient afin d'atteindre l'objectif qui est de se positionner avec succès dans un avenir digital», a ajouté l'éditeur.

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