Tanja Stadler, ex-responsable de la Task Force
«Le Covid et la grippe sont désormais comparables»

L'augmentation du nombre de cas de coronavirus n'est plus préoccupante. La scientifique Tanja Stadler explique à Blick pourquoi les hôpitaux suisses auront encore fort à faire cet hiver, ce qu'il en est des nouveaux variants et les bons gestes à adopter. Interview.
Publié: 16.10.2023 à 08:53 heures
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Dernière mise à jour: 16.10.2023 à 09:12 heures
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Sarah Frattaroli

L'automne a fait son apparition ce week-end, avec de bonnes semaines de retard. Ces dernières années, ce début de saison était synonyme d'augmentation du nombre de cas de coronavirus, d'appels à la mise à jour des vaccins, et de l'usage du masque dans les transports publics. Qu'en est-il cet automne?

La Confédération recommande la vaccination uniquement aux plus de 65 ans et aux personnes particulièrement vulnérables. Les masques ne seront pas d'actualité dans les transports. Cela signifie-t-il pour autant que le Covid peut être ignoré une bonne fois pour toute? Blick s'est entretenu avec Tanja Stadler, biostatisticienne à l'EPFZ et ancienne responsable de la Task Force Covid. La spécialiste nous donne son point de vue sur la saison «froide» à venir. Comme en pleine pandémie, nous nous rencontrons par appel vidéo, mais pour des raisons purement pratiques cette fois.

Tanja Stadler, on entend de plus en plus parler d'infections au Covid dans nos entourages. Est-ce le fruit du hasard ou le constatez-vous également?
La circulation du virus augmente effectivement à nouveau depuis la fin des vacances d'été, comme le montrent les mesures des eaux usées sur 15 sites différents en Suisse. Je suppose que la circulation augmentera encore en hiver, parce que l'immunité de la population a diminué et que nous allons à nouveau rester plus souvent à l'intérieur.

La scientifique Tanja Stadler observe l'évolution du Covid avec intérêt – mais sans inquiétude.
Photo: STEFAN BOHRER
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Cela doit-il nous inquiéter?
Pour les personnes qui n'appartiennent pas à un groupe à risque, les conséquences aiguës d'une infection ne sont généralement pas dangereuses. Mais nous savons encore peu de choses sur les conséquences à long terme. Par exemple, dans quelle mesure les symptômes post-covid ne se manifestent en cas d'infection répétées. Les personnes âgées ou immunodéprimées courent toujours un risque accru d'évolution grave, surtout si la vaccination n'a pas été mise à jour.

Devons-nous nous attendre à ce que les hôpitaux soient à nouveau mis à l'épreuve?
Je ne m'attends certainement pas à ce que nous ayons à nouveau autant de cas graves qu'à l'automne 2020 par exemple. Toutefois, nos hôpitaux sont généralement mis à l'épreuve en hiver. C'était déjà le cas avant la pandémie. Le VRS, la grippe et d'autres virus respiratoires circulent. Avec le SRAS-CoV-2, un autre virus vient s'ajouter à la liste, qui mettra les hôpitaux à rude épreuve en hiver, année après année.

Cela signifie-t-il que nos hôpitaux ne sont pas suffisamment préparés?
Notre système est conçu de telle sorte qu'il peut être ponctuellement sous pression en hiver. Nous n'avons pas un système de santé qui laisse toujours beaucoup de marge de manœuvre, cela coûterait très cher. Mais ce qui est important, c'est que tant qu'un gamechanger n'apparaît pas, autrement dit une nouvelle variante de virus, les services de soins intensifs ne seront plus à la limite.

Au sujet des variants, à la fin de l'été, BA.2.86, également connu sous le nom de Pirola, a fait la Une des journaux. Il s'est avéré par la suite qu'il n'entraînait pas du tout d'évolution grave. Pourquoi sommes-nous si obnubilés par la recherche de nouveaux variants?
Le SRAS-CoV-2 est encore un virus relativement nouveau. Cela signifie ainsi qu'il évolue rapidement. Le dernier variant BA.2.86 a fait sensation dans le monde scientifique, car le saut dans le développement était aussi important que celui de Delta à Omicron. On craignait qu'il se propage très rapidement. Les études les plus récentes ont toutefois levé l'alerte à ce sujet. D'ailleurs, de nouveaux variants de la grippe sont aussi recherchées en permanence. Ceci, notamment, afin d'adapter le vaccin contre la grippe.

Si vous pouviez choisir, préféreriez-vous contracter la grippe ou le Covid?
De préférence ni l'un ni l'autre! Mais en fait, grâce à la vaccination, nous avons réussi à réduire la dangerosité du coronavirus. Le SRAS-CoV-2 et la grippe sont désormais comparables, du moins en ce qui concerne l'infection aiguë. Mais nous en savons moins sur les effets à long terme du Covid.

Cela vaut-il encore la peine de faire un test si l'on tombe malade?
Pour les personnes présentant un risque d'évolution grave, oui. Car un traitement précoce peut atténuer l'évolution de la maladie. Pour les autres, il n'est pas nécessaire de se faire dépister. Mais la règle est la suivante: rester à la maison en cas de symptômes! Peu importe que l'on ait le Covid, la grippe ou un autre virus. Si l'on doit quand même sortir, il faut porter un masque FFP2.

Y a-t-il d'autres situations où vous continuez à porter un masque?
Oui, quand il y a beaucoup de monde à l'intérieur et qu'il n'y a pas d'aération. Récemment, j'étais dans les transports publics, il y avait beaucoup de monde et beaucoup toussaient et reniflaient. J'ai alors mis un masque pour me protéger. Je porte également un masque lorsque je suis en contact avec des personnes vulnérables. Je pourrais être infectée par un virus de manière asymptomatique – c'est-à-dire sans le savoir – et je ne voudrais pas le transmettre. J'ai désormais toujours un masque dans mon sac à main, tout comme j'ai des mouchoirs ou mon téléphone portable.

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