Tout le monde regarde du X (ou presque)
Les grands consommateurs de porno sont les plus frustrés au lit

Près de deux tiers de la Suisse romande regarde du porno, selon notre grand sondage sur la sexualité, réalisé par M.I.S Trend. Une consommation qui influence grandement les pratiques sous la couette et peut générer des frustrations. Décryptage avec une psycho-sexologue.
Publié: 16.02.2023 à 06:23 heures
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Dernière mise à jour: 18.02.2023 à 22:55 heures
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Adrien SchnarrenbergerJournaliste Blick

Le porno. Cinq lettres pour un raz-de-marée. Depuis des années, les médias essaient de chiffrer son ampleur sur Internet. En 2010, un site spécialisé qui commercialise des bloqueurs de contenus annonçait que les sites érotiques représentaient 37% de toute la Toile. Depuis, la très sérieuse entreprise Statista a ramené la vérité à 4%, mais une recherche en ligne sur cinq depuis un téléphone mobile a un rapport avec le porno.

Le X est consommé partout, tout le temps. En 2015, 213’000 tentatives d’accès à des sites pornographiques ont été entravées au Parlement britannique, depuis pas moins de 8500 appareils différents! Les chiffres, diffusés par l’agence de presse AP et obtenus grâce à la loi sur la transparence, n’épargnent personne: ministres, députés, staff…

Et chez nous? Notre grand sondage sur la sexualité, réalisé par M.I.S Trend, donne une bonne idée de la consommation de porno des 2 millions de Romandes et de Romands. La distinction de genre est importante, puisque les hommes sont bien plus friands de contenus à caractère sexuel: 79% en regardent, contre 47% des femmes. En moyenne, le total approche les deux tiers (63%).

Les consommateurs de porno aiment imiter leurs acteurs préférés: ils ont tendance à davantage pratiquer la fellation, la sodomie, le bondage et ont également plus souvent recours à des accessoires.
Photo: KEYSTONE/DPA/MARCUS BRANDT
Dans le lit des Romandes et des Romands

C’est un paradoxe: à l’heure où le sexe inonde le web, jamais nous n’avions aussi peu fait l’amour. Pourquoi? Que se passe-t-il sous les couettes romandes en 2023? À l’occasion de la Saint-Valentin, Blick a voulu le savoir. Plus de 1000 personnes — un échantillon représentatif constitué par l'institut M.I.S Trend — ont accepté de répondre sans tabou sur leurs habitudes intimes. Fréquence des rapports, nombre de partenaires, pratiques, consommation de pornographie, différences entre hétéros et non-hétéros: nous vous proposons cinq volets pour tout savoir, dont un consacré aux violences sexuelles.

C’est un paradoxe: à l’heure où le sexe inonde le web, jamais nous n’avions aussi peu fait l’amour. Pourquoi? Que se passe-t-il sous les couettes romandes en 2023? À l’occasion de la Saint-Valentin, Blick a voulu le savoir. Plus de 1000 personnes — un échantillon représentatif constitué par l'institut M.I.S Trend — ont accepté de répondre sans tabou sur leurs habitudes intimes. Fréquence des rapports, nombre de partenaires, pratiques, consommation de pornographie, différences entre hétéros et non-hétéros: nous vous proposons cinq volets pour tout savoir, dont un consacré aux violences sexuelles.

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Dans le détail, 23% des hommes disent y avoir recours «souvent», tandis que 56% en regardent «parfois». Moins d’un sur cinq (19%) ne le fait «jamais». Chez les femmes, les proportions sont très faibles. Seulement une sur vingt (5%) en mate «souvent». À noter que les personnes qui ne se qualifient pas comme hétérosexuelles consomment largement plus de pornographie (88% contre 61%).

Qu’évoquent ces chiffres à la sexothérapeute Aline Tatone? «Ils sont vraisemblables, même si cela me paraît un peu faible pour les femmes», commente la praticienne, établie à Neuchâtel.

Les 30-39 ans, accros à Pornhub

Contrairement à ce que l’on aurait pu penser, la catégorie des 18-29 ans — très active en ligne — n’est pas celle qui en consomme le plus: 63% (hommes et femmes confondus), contre 76% pour les 30-39 ans. Ce sont aussi les 30-39 ans qui disent rencontrer le plus d’obstacles à leur sexualité, de la fatigue aux enfants, en passant par le stress de la vie quotidienne.

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Peut-on en conclure que le recours à la pornographie remplace parfois les rapports charnels? «C’est une possibilité, admet Aline Tatone. Le porno apporte quelque chose de plus rapide et plus adapté à nos rythmes de vie. Ce n’est toutefois pas à encourager et pas sain sur le long terme. Le porno élève le seuil d’excitabilité, qui est atteint très vite. Ce qui n’est pas le cas dans la réalité, qui peut donc avoir l’air fade pour le consommateur de ce genre de vidéos.»

«La différence avec la réalité est immense»

La sexualité du millier de personnes interrogées est-elle donc à ce point chamboulée par le recours à la pornographie? Mettons tout de suite fin au suspense: oui, c’est le cas. Les données récoltées au cours de notre grand sondage permettent même d’établir un lien très clair: plus la consommation de pornographie est intense, moins la vie sexuelle des consommatrices et des consommateurs est satisfaisante.

Une conclusion logique, selon Aline Tatone. «C’est très normal: la différence entre le porno et la réalité est immense. Par exemple, dans le porno, on va voir des femmes parfaites ou presque. Elles ont des seins comme on les souhaite, une vulve épilée, elles simulent la jouissance très vite, acceptent d’avaler du sperme, d’en avoir sur leur corps…» Dans la réalité, à l’inverse, ce sont «de vraies personnes, qui ont de vraies envies et besoins, rappelle la Neuchâteloise. Elles ne simulent pas et n’ont pas systématiquement les yeux qui se retournent au moment de l’orgasme. Cela peut être décevant pour l’homme habitué aux contenus pornographiques.»

Plus l’on regarde du porno, plus on pratique la fellation, la sodomie et le bondage

Grâce à cette enquête de M.I.S Trend pour Blick, nous pouvons aussi mesurer directement les effets de la pornographie sur les comportements au lit. Les amatrices et amateurs de X ont en moyenne davantage envie de faire l’amour (82% aimeraient avoir davantage de relations sexuelles), et davantage avec un ou une inconnue: 59% ont déjà couché avec quelqu’un qu’ils ne connaissaient pas auparavant, contre 27% chez celles et ceux qui ne consomment pas de pornographie.

Le visionnage de porno a aussi beaucoup d’influence sur les pratiques sexuelles en elles-mêmes. Plus l’on regarde du porno, plus on a tendance à pratiquer la fellation, la sodomie et (surtout) le bondage. Toutes les catégories de notre sondage sont concernées, y compris le recours à du sexe tarifé. Par exemple, plus de 70% des personnes qui regardent souvent de la pornographie utilisent des sextoys, contre 53% pour le total de notre panel. Autre point saillant: elles rechignent parfois au sexe «traditionnel» au profit de la masturbation et des sextoys.

D’ailleurs, le X est souvent regardé en couple. On peut estimer que les hommes ont plutôt tendance à encourager les femmes à visionner de la pornographie: presque toutes les femmes qui ont souvent recours à de tels contenus disent le faire en couple. À noter que les 18-29 ans sont la catégorie la plus timide en la matière. Un élément peut-être explicable par le fait que plus le couple dure depuis longtemps, plus les amantes et amants regardent du X ensemble, selon notre sondage.

Attention aux excès de porno!

Il est intéressant de constater que les répondantes et répondants remarquent eux-mêmes les effets de leur consommation de pornographie sur leur vie sexuelle. Parmi les 656 personnes de notre échantillon qui en regardent au moins épisodiquement, une majorité admet avoir été influencée dans ses pratiques.

Des changements dans le rapport à son propre corps (17% de l’échantillon), au corps de l’autre (14%) ou encore au rapport entre genres (3%) sont également évoqués. En moyenne, l’impact sur la nature des actes est plutôt mentionné par les hommes que les femmes, contrairement au rapport à son propre corps, plus souvent cité par les femmes.

Fait piquant: plus on est âgé(e), moins on avoue être influencé(e). Ainsi, la catégorie des 18-29 ans est celle qui le concède le plus, devant les 30-39 ans, puis les 40-54 ans. À ce propos, Aline Tatone met en garde contre les effets indésirables que peut avoir la pornographie: un recours intensif peut — entre autres — mener à des problèmes érectiles. «C’est la cause de 90% de ce genre de cas», chiffre la thérapeute de couple, qui a étudié en France et au Canada. Mais à partir de quand qualifie-t-on la consommation d'«excessive», au juste? «Lorsque chaque masturbation s’accompagne d’images pornographiques et que la masturbation devient impossible sans support.»

Mentionnons enfin que la pornographie dite «éthique» a fait son chemin sur les téléphones et autres ordinateurs de Suisse romande: 36% des hommes et 20% des femmes disent en avoir déjà vu. Là aussi, les personnes plus représentées ont entre 30 et 39 ans.

Durée de consultation moyenne: 9 minutes

Et, en comparaison internationale, comment la Suisse se classe-t-elle en matière de consommation de porno? Il existe des moyens de le savoir: le site numéro 1 du genre, Pornhub, publie comme Spotify des statistiques de consultation, aux alentours de Noël. Le portail Watson s’en était fait l’écho fin 2021: la Suisse se situait alors à la 29e place, avec 9 minutes et 36 secondes en moyenne. «Nous sommes donc 19 secondes plus efficaces», s’enorgueillissait alors le média.

Entre-temps, Pornhub a diffusé sa «Year in review», version 2022. Le maître-mot? «Réalité»: jamais la catégorie n’avait été aussi bien classée. Sans doute une conséquence de ce que notre grand sondage décrit: les Suissesses et les Suisses se rendent bien compte que le porno reste du cinéma, et veulent davantage de sexe pour de vrai et… des vidéos qui correspondent à leurs actes. Le reste de ce Top 7 correspond aussi plutôt bien aux résultats de notre enquête auprès des Romandes et des Romands.

Photo: DR
Méthodologie et marge d'erreur

Ce sondage de M.I.S Trend a été mené en collaboration avec Blick. L'étude a été menée en ligne entre le 24 et le 30 janvier 2023. Au total, 1045 personnes ont répondu à 21 questions. Les résultats ont été pondérés de manière à obtenir des chiffres représentatifs pour la population romande. La marge d'erreur maximale est de plus ou moins 3% sur l’échantillon total.

L'évolution de certaines habitudes sexuelles a pu être observée grâce à un autre sondage, déjà réalisé par M.I.S Trend, publié à l'époque par «L'Hebdo» en 2003. Les données avaient alors été recueillies par téléphone et la différence de méthodologie peut expliquer certains écarts dans les résultats, répondantes et répondants faisant généralement preuve d'une plus grande honnêteté lors d'un sondage en ligne.

Ce sondage de M.I.S Trend a été mené en collaboration avec Blick. L'étude a été menée en ligne entre le 24 et le 30 janvier 2023. Au total, 1045 personnes ont répondu à 21 questions. Les résultats ont été pondérés de manière à obtenir des chiffres représentatifs pour la population romande. La marge d'erreur maximale est de plus ou moins 3% sur l’échantillon total.

L'évolution de certaines habitudes sexuelles a pu être observée grâce à un autre sondage, déjà réalisé par M.I.S Trend, publié à l'époque par «L'Hebdo» en 2003. Les données avaient alors été recueillies par téléphone et la différence de méthodologie peut expliquer certains écarts dans les résultats, répondantes et répondants faisant généralement preuve d'une plus grande honnêteté lors d'un sondage en ligne.

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