Un épidémiologiste explique
Le sous-variant BA.5 responsable de la forte hausse des infections

La vague estivale de coronavirus arrive. En cause: le sous-variant BA.5 d'Omicron. Bien qu'une grande partie de la population ait développé une immunité suffisante, un risque résiduel subsiste, comme l'explique l'épidémiologiste bernois Christian Althaus.
Publié: 16.06.2022 à 13:50 heures
Chiara Schlenz

Les virologues tentent de mettre en garde et les autorités attendent. La situation actuelle autour du sous-variant BA.5 d'Omicron rappelle les prémisses de la pandémie de Covid-19 au début de l'année 2020, il y a deux ans et demi déjà. Depuis le début du mois de mai, les infections causées par BA.5 doublent presque chaque semaine. Selon Tanja Stadler, ancienne responsable de la taskforce, on ne peut pas espérer une amélioration tout de suite: elle ne pourra être en vue que lorsqu'une «immunité suffisante sera développée» ou que «des changements de comportement réduiront la transmission».

Mais le variant BA.5 d'Omicron est-il beaucoup plus contagieux que les variants précédents du coronavirus? Christian Althaus, un épidémiologiste de l'université de Berne, s'est exprimé à ce sujet auprès du journal «Aargauer Zeitung». Il tranche: comme les précédents sous-variants d'Omicron, BA.5 pourrait plus facilement contourner l'immunité établie dans le corps. Voire encore plus facilement que ses prédécesseurs. Toutefois, il ne serait pas nécessairement plus contagieux qu'eux.

Une vague estivale avec une valeur R élevée

Christian Althaus suppose que c'est grâce à cette capacité d'échappement qu'Omicron et ses sous-variants se transmettent plus facilement que les autres souches du Covid-19. Une étude non encore vérifiée du virologue suisse Volker Thiel semble lui donner raison: bien que ce variant se propage théoriquement plus lentement dans la population, il a nettement supplanté le variant Delta grâce à cet avantage décisif.

L'épidémiologiste Christian Althaus en est certain: 15% de la population sera infectée par un sous-variant d'Omicron cet été.
Photo: keystone-sda.ch
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L'épidémiologiste bernois appuie ses propos dans le quotidien argovien. Pour rappel, la valeur R représente le nombre moyen d'individus infectés par une même personne. Cette valeur R a chuté à 0,8 l'hiver dernier, saison pendant laquelle circulaient surtout les variants BA.1 et BA.2. Or, le sous-variant BA.5 aurait poussé ce taux de reproduction à 1,4. Et aurait ainsi déclenché la vague estivale. Autrement dit, le dernier sous-variant BA.5 serait actuellement responsable de deux fois plus d'infections que son prédécesseur, BA.2, selon Christian Althaus.

«Je m'attends à ce qu'environ 15% de la population suisse soit infectée par le sous-variant BA.5, jusqu'à ce que la valeur R redescende à 0,8», a affirmé l'épidémiologiste au quotidien argovien. Il estime toutefois qu'environ 65% de la population dispose encore d'une protection suffisante contre le nouveau sous-variant.

La vague estivale ne sera probablement pas aussi dramatique que la vague hivernale causée par Omicron. Du moins en ce qui concerne l'ensemble de la population et la mise sous pression du système de santé. Mais il rappelle que la prudence reste de mise: il ne faut pas oublier que certains peuvent encore connaître des complications et que personne n'est à l'abri de développer un Covid long.

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