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Comparis annonce une hausse des primes de 6% – une prévision fiable?

La tendance est ininterrompue depuis des années: les coûts de la santé en Suisse ne cessent d'augmenter – et avec eux les coûts de l'assurance de base. Le comparateur en ligne Comparis s'attend à ce que la population soit à nouveau touchée par ce phénomène en 2025.
Publié: 23.05.2024 à 09:50 heures
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Olivia Ruffiner

Et c'est reparti! Comme les années précédentes, un nouveau choc au niveau des primes d'assurances maladie risque de se produire en 2025, alors que les ménages suisses souffrent déjà énormément des coûts élevés en matière de santé.

La pilule, qui risque d'être fort dure à avaler, vient de Comparis. Le comparateur en ligne vient de publier ses prévisions annuelles pour l'évolution des primes de l'assurance de base. En moyenne, les assurés doivent s'attendre à une hausse de 6% en 2025.

«C'est la troisième hausse de primes supérieure à la moyenne consécutive», explique Felix Schneuwly, 64 ans, expert en santé chez Comparis. Et ce n'est pas tout: selon Felix Schneuwly, certains cantons et caisses régionales pourraient même être contraints d'augmenter les primes de 10%.

L'un des moteurs de la hausse des coûts de l'assurance de base est le mince coussin de réserve des caisses maladie, explique Felix Schneuwly, expert chez Comparis.
Photo: Keystone
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Les caisses manquent de coussin

Les coûts des primes augmentent déjà depuis une bonne vingtaine d'années – à un rythme croissant. Comme Felix Schneuwly estime que les raisons de ces hausses successives sont à chercher dans la faiblesse réserves des caisses maladies. En effet, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) a contraint les caisses maladie à réduire leurs réserves. Or, plus celles-ci étaient élevées, plus les assureurs avaient de chance de disposer de suffisamment de revenus du capital pour subventionner les primes. Mais tel n'est plus le cas depuis plusieurs années.

Et Felix Schneuwly de regretter: «sans la réduction des réserves imposée par la politique, les primes auraient augmenté de moins de 3% par an et par personne au cours des dernières années.»

Des estimations souvent inférieures à la valeur réelle

Quelle est la pertinence des prévisions de primes de Comparis? Elles dressent un aperçu approximatif, explique-t-on. Mais une analyse des dates de publication des dix dernières années le montre: les dernières estimations étaient à chaque fois inférieures à l'augmentation réelle des primes. Ainsi, Felix Schneuwly tablait sur une hausse de 5% en 2023 et de 6% en 2024. Or, au cours des années concernées, les coûts moyens ont augmenté de 6,6 et même de 8,7%.

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Mais il y a aussi eu des années où les prévisions étaient très nettement supérieures à la hausse réelle. Par exemple en 2019, où le portail de comparaison prévoyait une hausse 4%, celle-ci s'est finalement limitée à 1,1%. De manière générale, les prévisions se situent toujours dans la fourchette approximative des valeurs réelles et se trompent rarement de plus de 1%.

Le catalogue de prestations, un casse-tête économique

Tant l'expert en santé que la faîtière des caisses maladie Santésuisse critiquent le fait que de plus en plus de prestations soient intégrées dans l'assurance de base. Ils estiment que la faute en revient à la politique. La Berne fédérale a négligé ces dernières années de prendre des mesures d'économie efficaces, avait déjà regretté la directrice de Santésuisse Verena Nold dans un entretien pour Blick. «Dès qu'une prestation est ajoutée au catalogue, tout devient plus cher», expliquait-elle. Selon elle, les ménages suisses se retrouvent pénalisés et se voient obligés de fouiller leurs poches jusque dans leurs moindres recoins.

Verena Nold demande donc de mettre fin – du moins provisoirement – à l'extension du catalogue de prestations. Mais ce n'est pas si simple. «C'est en partie impossible compte tenu de l'environnement dynamique de la branche pharmaceutique et médicale», explique Felix Schneuwly. Il cite l'exemple des injections amaigrissantes Wegovy et Ozempic. Si elles n'avaient pas été prises en charge, les personnes diabétiques n'auraient pas pu bénéficier de la moindre couverture. 

La Suisse votera bientôt sur les primes

Mais cette année, les prévisions de Comparis revêtissent un caractère particulièrement explosif: en effet, la population suisse votera le 9 juin sur un allègement des primes. Alors coïncidence ou non? Que nenni, assure Felix Schneuwly: «Le sondage paraît chaque année fin mai, début juin.» Un coup d'œil dans la base de données le confirme: en 2023, Comparis a publié le sondage le 6 juin. En 2022, c'était le 5 mai.

Selon le dernier sondage de la SSR, les deux initiatives sur l'allègement des primes et le frein aux coûts obtiennent tout juste une majorité en leur faveur. Avec 52 %, le soutien à l'initiative du Centre sur le frein aux coûts un peu plus serré que celui à l'initiative du PS sur l'allègement des primes qui récolte 56% d'avis favorables en l'état. Le prochain sondage montrera si les prévisions de Comparis ont – oui ou non – un impact sur l'opinion de la population.

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