Un Norvégien fortuné sur l'initiative de l'impôt sur les successions
La Jeunesse socialiste va-t-elle faire fuir les super-riches de Suisse?

Les super-riches de Suisse menacent de quitter le pays en cas d'acceptation de l'initiative de la Jeunesse socialiste suisse (JS) sur l'impôt sur les successions. Qu'en est-il des millionnaires norvégiens installés en Suisse pour des raisons fiscales? L'un d'eux répond.
Publié: 24.07.2024 à 12:04 heures
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Jean-Claude Raemy

Des dizaines de Norvégiens fortunés ont trouvé leur paradis fiscal en Suisse. Des célébrités comme le père de la star du football Erling Håland, Alf-Inge Håland, ou des personnes riches comme Kjell Inge Røkke ont posé leurs valises chez nous pour une bonne raison: parce que le gouvernement de leur pays impose nettement plus les millionnaires au moyen d'une nouvelle politique d'imposition de la fortune depuis 2022.

Mais aujourd'hui, notre petit pays n'est pas le prétendu paradis fiscal que l'on prétend être. L'initiative de la Jeunesse socialiste suisse (JS) pour un impôt sur les successions de 50% sur les fortunes de plus de 50 millions suscite l'inquiétude des milliardaires et des millionnaires – dont ceux de Norvège. De quoi les faire fuir à nouveau la Suisse?

La poursuite de l'activité dans d'autres pays est une option

Blick est allé poser la question à l'un des principaux intéressés. Kjartan Aas vit depuis 2021 à Andermatt (UR). Il a fait fortune dans le secteur immobilier norvégien. Et il est catégorique: «L'introduction d'un tel impôt sur les successions modifierait considérablement la perception de la Suisse, et je pense que beaucoup partiraient.»

L'initiative de la JS suisse pourrait changer la relation des Norvégiens fortunés avec la Suisse.
Photo: keystone-sda.ch
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«L'introduction d'un tel impôt sur les successions modifierait considérablement la perception de la Suisse, et je pense que beaucoup partiraient»
Kjartan Aas
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Kjartan Aas explique pourquoi les Norvégiens sont ici les premiers concernés: «C'est parce que nous sommes immédiatement exemptés de l'impôt norvégien sur la fortune, car il y a aussi un impôt sur la fortune en Suisse.» Les Norvégiens doivent donc aussi déclarer leur fortune en Suisse, mais à un taux d'imposition nettement plus bas que dans leur ancienne patrie. Et ceux qui quittent la Norvège pour la Suisse doivent passer au moins 186 jours en Suisse au cours des trois premières années. C'est ce que prévoit l'accord fiscal entre la Norvège et la Suisse.

En résumé: «Cela signifie qu'à partir de la quatrième année après l'immigration en Suisse, nous sommes libres de déménager dans un autre pays qui ne connaît pas du tout l'impôt sur la fortune», poursuit l'évadé fiscal. Malte, le Luxembourg, le Portugal, ou encore la Belgique en sont des exemples.

Les riches sont aujourd'hui beaucoup plus mobiles

Mais le choix du lieu de résidence ne se fait pas uniquement en fonction des avantages fiscaux. Selon Kjartan Aas, la plupart des Norvégiens qui se sont installés dans le pays sont très satisfaits de la qualité de vie en Suisse. Lui-même apprécie la situation centrale en Europe ou les nombreuses possibilités d'activités en hiver comme en été.

Mais l'évasion fiscale des riches Norvégiens souligne la mobilité des plus fortunés: si leur charge fiscale augmente trop, beaucoup fuient. En Norvège, le coût fiscal de la possession d'entreprises a doublé en l'espace de deux ans. Certaines personnes fortunées ont dû contracter des crédits ou vendre des parties de leur entreprise pour pouvoir payer leurs impôts.

Même si l'impôt sur la fortune et l'impôt sur les successions ne sont pas directement comparables, le multimillionnaire est convaincu que «de nouvelles réglementations de ce type peuvent nous amener à nous sentir obligés de réévaluer notre situation de vie».

L'évasion fiscale des Norvégiens pourrait se poursuivre

Pas de menace directe de départ en vue, donc. Mais de quoi apporter de l'eau au moulin de ceux qui mettent en garde contre les effets négatifs sur les entreprises familiales et le possible départ des personnes fortunées de Suisse.

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