«Une alternative non idéologique»
Des coronasceptiques ouvrent un lycée privé à Winterthour

Parce que les écoles publiques leur déplaisent, des coronasceptiques ont fondé leur propre gymnase à Winterthour. Leur devise? «Sans idéologie». Explications.
Publié: 06.02.2023 à 12:55 heures
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Dernière mise à jour: 06.02.2023 à 13:05 heures

Un lycée privé tenu par des coronasceptiques? Pourquoi pas. Ce projet prendra dans tous les cas bientôt corps à Winterthour (ZH). Comme le rapporte le «Tages-Anzeiger», cette école toute particulière qui délivrera des baccalauréats ouvrira ses portes l’été prochain.

Comment se présente cette institution? Sur son site internet récemment mis en ligne, elle explique être «une alternative sans idéologie aux écoles secondaires publiques». L’école se vante de dispenser un «enseignement libre de valeurs», qui permettrait aux élèves de s’épanouir librement en présentant une large «diversité d’opinions». En outre, elle se propose d’aborder l’histoire, la société et la politique de manière «critique».

Trois coronasceptiques dans le corps enseignant

Un enseignement «sans idéologie»? Mais qu'est-ce que ça veut dire, au juste? Le profil des personnes engagées dans ce nouveau projet peut glisser quelques indices sur la nature de cette éducation «libre».

L'école de maturité libre de Winterthour ouvrira ses portes l'été prochain. (photo d'archives)
Photo: Keystone
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À l'origine de ce projet se trouve Carlo Marrara. Ce quinquagénaire sera également à la tête de la nouvelle école. Cet enseignant du coin est bien connu des milieux scolaires du canton. Auparavant, il a travaillé pendant vingt ans comme professeur de français dans une école de Winthertour.

Mais durant la première année de la pandémie, Carlo Marrara a décidé d'abandonner l’enseignement pour devenir agent immobilier indépendant. Au même moment, il commence à exprimer son mécontentement face aux mesures Covid annoncées par le Conseil fédéral. Il fait par exemple connaître son point de vue par le biais de lettres de lecteurs dans le «Tages-Anzeiger», avec des phrases coup de poing comme: «Si des milliers de personnes descendaient dans la rue sans masque, tout le récit brodé autour de ce coronavirus soi-disant si contagieux s’effondrerait comme un château de cartes.»

«Victimes des mesures Covid»

Ce Winterthourois manifeste aussi son désaccord avec la politique du Conseil fédéral sur les réseaux sociaux, avec notamment un post sur Facebook contenant une photo légendée avec la phrase suivante: «En mémoire de toutes les victimes des mesures Covid».

Selon le «Tages-Anzeiger», deux autres futurs enseignants de ce lycée auraient bruyamment appelé à contester les mesures Covid par le passé. L’un d’entre eux a publié sur le site web Infowelle un «mode d’emploi pour résister à la dictature des mesures Covid». Il a en outre mis en garde contre le vaccin Covid, la surveillance de la population et «l’hypnose médiatique». Le troisième professeur du groupe aurait rédigé des articles coronasceptiques pour le magazine en ligne allemand «Rubikon», plateforme indépendante régulièrement taxée de complotiste.

«Nous n’avons pas de baccalauréat maison»

Mais quel but le directeur de l’école poursuit-il au juste avec son projet? Selon lui, l’accent sera mis en particulier sur un «enseignement sans idéologie», qui n’imposerait pas aux élèves sa propre vision du monde. «La diversité des opinions n’est pas seulement admise, elle est explicitement souhaitée», explique Carlo Marrara au «Tages-Anzeiger».

Le directeur de l’école souligne également que la matière enseignée est la même que dans les écoles publiques: «Nous n’avons pas de baccalauréat interne. Les élèves doivent passer le même examen que les autres.»

Le canton n’a pas eu son mot à dire sur cette institution. La freie Maturitätsschule (ou «école de maturité libre», en français) de Winterthour n’est pas un gymnase officiellement reconnu par l’Office zurichois de l’enseignement obligatoire. Elle n’a donc pas besoin d’une autorisation pour fonctionner. De plus, l’offre d’apprentissage s’adresse en particulier aux élèves qui ont déjà terminé leur scolarité obligatoire. Un tel établissement d’enseignement privé n’a donc pas à se conformer à une quelconque réglementation.

Des classes de dix à douze élèves

Pour accéder à cette école «sans idéologie», il faudra mettre la main au porte-monnaie. Une place coûtera en effet la modique somme de 21’546 francs par an.

Cette école de maturité libre se distinguera aussi des écoles secondaires publiques par la taille des classes. Ainsi, l’école devrait commencer l’été prochain avec une classe composée de dix à douze étudiants. Ceux-ci pourront passer leurs examens de maturité en trois ans, et non en quatre comme c’est le cas habituellement.

Le directeur de l’école reste pour l’instant muet sur le nombre d’inscriptions reçues à ce jour.

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