«Une erreur de manipulation»
Un «like» du chef de l'armée fait polémique

Le chef de l'armée a mis un «J'aime» sur une publication arborant Ueli Maurer en t-shirt anti-mesures Covid. «J'ai cliqué accidentellement en parcourant LinkedIn», assure Thomas Süssli.
Publié: 14.09.2021 à 12:38 heures
|
Dernière mise à jour: 14.09.2021 à 16:33 heures
Adrien Schnarrenberger, avec Rolf Studer

Dans une étable zurichoise, Ueli Maurer a craqué ce week-end. «Ce que nous vivons depuis un an et demi est une crise de gouvernance, pas une crise du Covid», a estimé le conseiller fédéral lors d'un rassemblement de l'UDC à Wald (ZH). En présence — remarquée — des «Freiheitstrychler», ces «sonneurs de la liberté» qui mettent l'ambiance dans les manifestations anti mesures-Covid.

Le ministre des Finances a été immortalisé dans l'habit polémique, souvent aperçu lors des rassemblements... anti-Conseil fédéral. Une façon claire pour l'élu UDC de montrer à quel point il est peu attaché au principe de collégialité.

«Le premier conseiller fédéral à se réveiller!»

Tandis que de très nombreux représentants politiques et quidams se sont indignés sur les réseaux sociaux, Ueli Maurer reçoit un soutien virtuel plutôt inattendu: celui du chef de l'armée. Sur LinkedIn, Thomas Süssli a «liké» une publication du ministre UDC en t-shirt des «Freiheitstrychler» avec la légende suivante: «Le premier conseiller fédéral à se réveiller!»

Le chef de l'armée Thomas Süssli a appuyé «par inadvertance» sur le bouton «J'aime», assure-t-il.
Photo: Screenshot
1/13

Est-ce un «outing» de Thomas Süssli comme opposant aux mesures anti-Covid? Le chef de l'armée ferait-il de la sorte un «enfant dans le dos» de la ministre de tutelle Viola Amherd, logiquement favorable au combat contre la pandémie?

Le «like» disparaît aussitôt

Fait cocasse, sitôt notre rédaction alémanique a interrogé l'armée sur cette approbation virtuelle, le «like» a disparu du post LinkedIn en question. Thomas Süssli a également fait parvenir la prise de position suivante: «Ce matin, alors que je scrollais tranquillement sur LinkedIn, j'ai malencontreusement appuyé sur le mauvais bouton. Comme chef de l'armée, je soutiens totalement la politique de la Confédération, et je l'applique en conséquence. Dans l'armée, dans l'administration, dans ma vie privée.»

Le porte-parole de l'armée Daniel Reist tire une deuxième rafale: «Le post en question ne le séduit pas. Il a certes appuyé sur like sans faire exprès, mais il ne l'apprécie pas, loin de là. Il s'agit d'une erreur de manipulation qu'il a corrigée au plus vite», détaille le communicant, qui assure que Thomas Süssli est «convaincu» des bienfaits des mesures anti-Covid.

A l'heure où les conflits se déplacent de plus en plus sur les terrains numériques et où la cyberdéfense est une priorité de l'armée suisse — Viola Amherd l'a assuré il y a deux semaines lors d'un conférence de presse spéciale —, cette «erreur de manipulation» du chef de l'armée peut laisser songeur.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la