Une femme sur dix en souffre
Des chercheurs suisses pourraient révolutionner le diagnostic de l'endométriose

Les femmes souffrant d'endométriose passent parfois des années sans savoir qu'elles sont atteintes de cette maladie. Des travaux récents menés par des chercheurs suisses et étrangers pourraient toutefois révolutionner et améliorer le diagnostic de cette affection.
Publié: 30.10.2022 à 19:17 heures
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Dernière mise à jour: 30.10.2022 à 19:18 heures
Dana Liechti

Règles douloureuses, douleurs dans le bas-ventre ou lors de rapports sexuels, problèmes de fertilité… Les symptômes et les conséquences de l’endométriose pèsent lourdement sur les femmes qui en sont atteintes. Pourtant, cette maladie chronique, qui se caractérise par le dépôt de cellules de la muqueuse utérine en dehors de l’utérus, reste encore mal diagnostiquée.

Alors qu’une femme sur dix souffrirait d’endométriose, beaucoup vivent des années sans savoir qu’elles ont cette maladie. Parmi les causes de cette absence de diagnostic: la diversité des symptômes d’une patiente à l’autre, la normalisation des troubles liés aux menstruations dans la société, mais aussi les risques liés à la méthode de diagnostic. Il faut souvent avoir recours à une laparoscopie, un examen de l’abdomen et du bassin réalisé sous anesthésie générale à l’aide d’un laparoscope (sorte de tube muni d’une source lumineuse et d’une lentille).

Dans ce tableau peu réjouissant se dessine, pour la première fois, un espoir pour les personnes concernées, tout droit venu de chercheurs suisses.

Une femme sur dix serait atteinte d'endométriose. La maladie reste encore mal diagnostiquée pour diverses raisons. (Image d'illustration)
Photo: Getty Images

Un simple prélèvement lors des règles

Des scientifiques de l’Université de Berne et de l’Hôpital de l’Île, en collaboration avec des chercheurs australiens, ont identifié un sous-groupe de cellules dans une partie de la muqueuse utérine des femmes atteintes d’endométriose, mais pas chez les femmes non atteintes. Ces cellules retrouvées en cas d’atteinte d’une maladie mais pas chez les personnes saines sont appelées biomarqueurs. Dans le cas de cette recherche, les cellules observées sont à chaque fois éliminées lors des règles.

Ainsi, un prélèvement d’un peu de muqueuse utérine ou même un simple échantillon de sang menstruel pourrait suffire, à l’avenir, à déterminer si une femme est atteinte ou non d’endométriose.

«Si nos résultats sont confirmés dans un grand groupe, un test de diagnostic rapide et non invasif pourrait être développé sur la base de nos recherches», détaille Michael Mueller, codirecteur de la clinique universitaire de gynécologie de l’Hôpital de l’Île.

Espoirs pour le traitement

Avec ce test, les personnes concernées pourraient être fixées en quelques jours seulement, et éviter des mois voire des années d’errance avant d’être diagnostiquées. Si les études de suivi se déroulent comme prévu, le test pourrait être mis sur le marché dans trois à cinq ans.

Au-delà du diagnostic, c’est aussi le traitement de l’endométriose qui pourrait être amélioré à l’avenir. «Nous avons de bonnes raisons d’espérer que les nouvelles connaissances nous permettront également d’en savoir plus sur les causes de l’endométriose et sur les formes de traitement», se projette Michael Mueller.

(Adaptation par Louise Maksimovic)

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