Une histoire sans fin
La livraison des drones israéliens à l'armée suisse à nouveau retardée

La mise en service de drones de reconnaissance militaires israéliens a déjà six ans de retard. Les livraisons ne pourront à nouveau pas être respectées, en raison de la guerre à Gaza mais aussi des exigences techniques de la Suisse.
Publié: 15.09.2024 à 19:54 heures
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Andreas Schmid et Raphael Rauch
L'armée suisse veut mettre en service le système de drones pour 2026.
Photo: KEYSTONE

Les six nouveaux drones de reconnaissance de l'armée auraient dû être en service depuis fin 2019. Mais les appareils du fabricant israélien Elbit, qui ont coûté 300 millions de francs, sont encore loin d'être opérationnels. 

Les retards dus aux homologations, aux adaptations techniques pour répondre aux demandes spéciales de la Suisse ainsi qu'aux problèmes de logiciels ne sont plus gérables. Il n'est donc pas surprenant que le calendrier de livraison des drones ne puisse à nouveau pas être respecté. 

L'armée a reçu quatre drones par étapes, les deux derniers manquant encore à l'appel. Le cinquième objet volant aurait pourtant dû être livré fin juin. Mais cela n'a pas été possible. Cela s'explique par la guerre à Gaza ainsi que «les difficultés qui en découlent avec les autorisations de transport par les pays de transit», explique Kaj-Gunnar Sievert, porte-parole de l'Office fédéral de l'armement Armasuisse.

Le retard est pour l'instant de six ans.
Photo: Keystone
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Une fabrication spéciale pour la Suisse

La série de problèmes avec le drone high-tech télécommandé, qui pèse autant qu'un petit avion, n'est pas uniquement dû à l'éclatement du conflit à Gaza. Le premier appareil produit pour la Suisse s'était écrasé en 2020, lors d'un vol test effectué en Israël. 

Des difficultés sont même apparues plus tôt. Le centre de gravité des drones devait être positionné différemment – car la Suisse voulait des moteurs diesel plus lourds au lieu des moteurs à essence traditionnels – et des appareils de dégivrage avaient dû être installés pour s'adapter aux conditions climatiques locales. Le projet d'acquisition avait été élaboré il y a 16 ans et approuvé avec le programme d'armement de 2015.

Des imprévus qui ont sans cesse repoussé la mise en service. Et cela a eu un impact: les garde-frontières ne peuvent par exemple plus détecter les passeurs et les contrebandiers avec des drones depuis 2020, car les appareils de surveillance utilisés auparavant devront être retirés du service.

Des pénalités appliquées

Armasuisse a fixé la mise en service des drones à 2026, date à laquelle l'ensemble du système doit être fonctionnel. Le report actuel de la livraison des drones n'a pas d'influence sur ce point, le calendrier étant toujours valable, explique Kaj-Gunnar Sievert. «Nous attendons la livraison du cinquième drone dans les semaines à venir», indique le porte-parole d'Armasuisse. Le dernier drone devrait être livré d'ici septembre 2025.

Cette situation a engendré des pénalités contractuelles, puisque le fabricant israélien n'a pas respecté les délais à plusieurs reprises. Elbit a dû fournir des prestations supplémentaires de plusieurs dizaines de millions de dollars, l'armée suisse recevant par exemple gratuitement des pièces de rechange et du matériel pour l'exploitation des drones.

On ne sait pas encore si les nouvelles difficultés de livraison entraîneront d'autres pénalités. Actuellement, Elbit peut encore atteindre tous les «jalons» dans les délais, constate Kaj-Gunnar Sievert. «Si nous n'y parvenons pas, des pénalités seront appliquées.»

Questions en suspens

Même si les prochaines étapes se déroulent comme prévu, les drones ne peuvent pas encore être utilisés comme prévu sans avion d'accompagnement. La technique nécessaire à cet effet – le système Detect et Avoid – n'est pas encore tout à fait au point ni certifiée. Son introduction commencera en 2026, pour ensuite lancer le processus d'homologation, explique Kaj-Gunnar Sievert.

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