Une mère célibataire raconte
«Il ne me reste aucun argent à la fin du mois»

Les familles monoparentales sont généralement considérées comme menacées de pauvreté. La hausse des loyers et des prix les touche de plein fouet. Une mère célibataire raconte son calvaire.
Publié: 14.03.2024 à 16:14 heures
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Karen Schärer

Eveline Sahli est toujours soignée et bien habillée. «Ma situation financière ne se voit pas. Pas plus que tous ceux qui sont dans la même situation que moi», avoue-t-elle. Et c'est pour cette raison qu'elle souhaite témoigner – rendre réel cette problématique.

Le baromètre de Pro Familia le montre: Les thèmes financiers marquent nettement plus la vie des familles que l'année précédente. Les familles monoparentales comme Eveline Sahli sont généralement déjà considérées comme menacées de pauvreté. La forte augmentation du coût de la vie menace leur existence. «J'arrive tout juste à joindre les deux bouts, mais il ne me reste jamais rien à la fin du mois», assure-t-elle. Son ex-mari étant en fin de droits, elle est seule à subvenir à ses besoins et à ceux de son fils Max, 13 ans.

Difficiler de travailler après un cancer

Eveline Sahli a une formation de couturière. Elle s'est perfectionnée à l'école de textile et a travaillé dans la vente. Après avoir surmonté un cancer du sein, elle travaille depuis un an à 80% comme coursière pour un laboratoire, transportant des échantillons de sang à travers la moitié de la Suisse.

Famille monoparentale à Lucerne: Eveline Sahli vit avec son fils Max.
Photo: Linda Käsbohrer
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Elle gagne ainsi 3500 francs nets par mois, soit plus que dans la vente. Pour des raisons de santé, elle ne peut pas augmenter son taux d'occupation à 100%. «Au travail, je suis 9 heures sur la route, c'est lourd dans la tête et épuisant», déplore-t-elle. Après sa maladie, elle n'est plus aussi performante qu'avant. En raison de sa situation économique, elle a droit à la réduction totale des primes et ne paie rien pour l'assurance de base.

100 francs de frais supplémentaires sont décisifs

Depuis 20 ans, elle vit dans le même appartement à Lucerne. L'année dernière, le loyer a été augmenté de 100 francs. 1400 francs, c'est ce que coûtent désormais les quatre pièces et demie d'un bloc situé près des voies ferrées. «Avoir ou non 100 francs dans son porte-monnaie est décisif», lance-t-elle. Car tout coûte plus cher désormais: Même le sirop qui coûte 3,50 francs... un franc de plus.

Eveline Sahli économise 300 francs par mois grâce à la gratuité de certains produits alimentaires. Le discounter du coin dépose les marchandises qui ne peuvent plus être vendues dans un conteneur dans l'arrière-cour, avoue-t-elle. «J'y trouve souvent des légumes ou des fruits, du fromage périmé depuis un jour ou même une boîte de chocolats.» Elle n'est pas la seule à passer par là. «Les employés me connaissent et déposent parfois un panier de marchandises sur le conteneur.»

Elle achète des vêtements d'occasion pour elle et son fils. «Je peux ainsi satisfaire les désirs de Max, par exemple des vêtements de marque.» Son entourage est au courant de sa situation financière. Eveline Sahli n'est guère optimiste pour l'avenir: «Je n'ai jamais pu épargner, ni faire de versement. Je lutte jusqu'à 65 ans et il ne me restera rien.»

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