Surcharge des hôpitaux
Les experts demandent des mesures anti-Covid plus strictes

Les experts de la Confédération sont unanimes: selon toute vraisemblance, les mesures du Conseil fédéral ne suffiront pas à empêcher une surcharge des hôpitaux. Bâle-Ville prend déjà position à titre préventif pour un prochain paquet de mesures.
Publié: 08.12.2021 à 07:03 heures
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Dernière mise à jour: 08.12.2021 à 08:56 heures
Gianna Blum

D'habitude, les experts évitent de se montrer catégoriques et d'émettre des critiques lors de leur conférence de presse hebdomadaire portant sur le Covid en Suisse. Cela n'a pas été le cas lors de celle de mardi.

Le médecin cantonal zougois Rudolf Hauri a été clair: si la situation ne s'améliore pas rapidement, et drastiquement, «du point de vue de l'association des médecins cantonaux, nous devrons malheureusement bientôt envisager de proposer d'autres mesures aux décideurs politiques».

Il a par exemple évoqué une extension de l'obligation de porter un masque à l'intérieur et à l'extérieur ou la formule «2G plus»: restreindre l'accès à certains lieux publics aux personnes vaccinées et guéries, qui auront été testées au préalable. Autres propositions: limiter les capacités de certains événements ou encore, en dernier recours, la fermeture complète de pans de la vie publique.

«Des doutes justifiés scientifiquement»

Urs Karrer, vice-président de la Task force scientifique, n'a pas non plus caché ses craintes. Pour lui, des mesures drastiques nous guettent. «D'un point de vue scientifique, nous avons des doutes justifiés quant à la capacité des mesures entrées en vigueur lundi d'abaisser la valeur R à 0,8», a déclaré le médecin-chef de Winterthour. Problème: une valeur R inférieure à 1 est nécessaire pour endiguer le nombre de nouveaux cas.

Actuellement, 263 patients Covid sont en soins intensifs. Et dès 300, des décisions de triage devront être prises localement. A partir de 400 patients en soins intensifs, le triage devra avoir lieu dans toute la Suisse. Ce cas de figure fait froid dans le dos: les médecins devraient alors déterminer qui peut encore bénéficier d'une place en soins intensifs et éliminer ceux dont les perspectives de guérison semblent trop faibles.

Selon la Task force, ce seuil pourrait être dépassé avant Noël si le nombre de cas continue d'augmenter à la vitesse actuelle. Beaucoup de choses dépendent aussi du comportement de la population, ce qui est très difficile à évaluer, a en outre expliqué Urs Karrer. L'important est de respecter les mesures, de réduire les contacts et d'administrer le plus rapidement possible les vaccins de rappel.

Bâle-Ville monte au front

Rudolf Hauri et Urs Karrer ne sont pas les seuls à envisager l'avenir avec pessimisme. Lukas Engelberger, président de la Conférence des directeurs cantonaux de la Santé et directeur de la Santé de Bâle-Ville, est encore plus clair. Son Canton a envoyé mardi un communiqué de presse hargneux: «Les mesures édictées par le Conseil fédéral ne suffisent pas».

Le port du masque et la consommation uniquement en position assise restent obligatoires, y compris pour les clubs et événements bâlois. Le demi-canton s'attend visiblement à ce que le Conseil fédéral serre la vis très bientôt: «Il est prévisible que la décision du Conseil fédéral ne sera qu'une étape intermédiaire vers des mesures plus conséquentes». Lukas Engelberger s'attend à ce que la règles des 2G (vaccinés ou guéris) soit étendue.

Une UDC veut des contrôles dans les transports publics

Mardi, les parlementaires fédéraux se sont montrés plus réservés. Beaucoup ne pensent pas qu'un renforcement des mesures soit actuellement indiqué, comme par exemple le politicien vert'libéral zurichois Martin Bäumle: «Il est plus important de mettre en œuvre de manière conséquente les mesures actuelles, y compris l'amélioration de la qualité de l'air intérieur». La pureté de l'air, on s'en souvient, est son violon d'Ingres.

De son côté, la politicienne socialiste bernoise spécialisée dans la santé publique Flavia Wasserfallen s'est montrée pleine d'espoir, estimant qu'avec le comportement de la population, il y avait une chance d'éviter le triage des patients.

Avec Verena Herzog, c'est pour une fois une politicienne de l'UDC qui s'est prononcée en faveur d'un durcissement. Au moins dans un domaine: «Il serait urgent d'imposer systématiquement le port du masque». Elle pense par exemple aux écoles à partir du niveau secondaire ainsi qu'à tous les enseignants, et elle appelle à un contrôle accru dans les transports publics.

(Adaptation par Jocelyn Daloz)

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