Une vidéo cible le géant orange
Des Tiktokeurs s'en prennent à la Migros

Sur les réseaux sociaux, la Migros est la cible de vidéos qui oscillent entre humour et désinformation. Comment le géant orange gère-t-il son image en ligne et les contenus qui lui sont hostiles? Il détaille sa stratégie pour Blick.
Publié: 08.10.2021 à 06:17 heures
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Dernière mise à jour: 13.10.2021 à 10:45 heures
Marc Iseli (texte), Alexandre Cudré (adaptation)

La culture d'internet rattrape la Migros. Depuis quelques mois, plusieurs publications ou vidéos sur différents réseaux sociaux s’en sont prises au géant orange, parfois violemment.

Un exemple récent nous provient de TikTok. Dans une vidéo postée, un utilisateur a attiré l’attention sur ce qu’il présente comme une arnaque au rayon fruits de la Migros. La vidéo compte déjà environ plus de 92’000 vues.

Il pèse d’abord une pomme sur la balance, qui lui coûte 25 centimes, avant d’y rajouter la plaque de protection en plexiglas qui s’y trouve habituellement. La pomme coûte alors 50 centimes. La Migros ferait-elle volontairement doubler les prix?

Depuis le début de la pandémie, Migros a remarqué une tendance accrue aux fake news.
Photo: PIUS KOLLER

Une blague déjà debunkée

Il s’agit pourtant d’un canular courant, déjà posté de nombreuses fois sur les réseaux sociaux. En effet, les balances de la Migros peuvent être remises à zéro à tout moment et le poids peut être calculé avec ou sans la couche de plexiglas protectrice, comme toute autre balance. En août dernier, une autre utilisatrice avait déjà fait le coup dans une vidéo sur Facebook qui avait rencontré beaucoup de succès.

Un rapide coup d’œil dans les commentaires permet de se rendre compte que la majorité des gens ne sont pas dupes. Pourtant, l’impression d’escroquerie peut rester dans l’esprit de certains utilisateurs.

La Migros vaudoise poste une vidéo explicative

Le mythe de la couche de plastique sur les balances de la Migros circule depuis des années. En 2018, la Migros vaudoise avait déjà pris la peine de créer une courte vidéo explicative sur Facebook.

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Depuis, le coronavirus est passé par là, et avec lui, une vague de théories du complot qui ont permis un retour en force de toute publication au ton défiant envers quelque autorité ou institution que ce soit. Même la Migros.

«Les gens réagissent de manière excessive»

«Sur internet, il semble que les gens soient plus sensibles qu’avant et réagissent de manière excessive beaucoup plus rapidement», explique Tristan Cerf, porte-parole romand de la Migros, à Blick. «Beaucoup de choses sont perçues comme une attaque contre sa propre personne, son opinion ou sa liberté».

Il ajoute que les utilisateurs sont de moins en moins réceptifs aux tentatives d’explication. La Migros préfère ne pas réagir aux vidéos postées sur les réseaux sociaux, de crainte que l’échange ne dégénère en controverse stérile qui susciterait encore plus d’attention.

De fausses affiches placardées

Mais le prix des pommes n’est pas le seul sujet sur lequel les clients de la Migros s’exaspèrent. «Les discussions qui concernent le Covid déclenchent des réactions particulièrement fortes et émotionnelles», détaille Tristan Cerf.

«Cela se ressent beaucoup dans le discours, mais aussi dans le ton utilisé sur les réseaux sociaux, poursuit-il. Les gens voient de plus en plus les choses en noir et blanc. Depuis le début de la pandémie, nous avons d’ailleurs observé une tendance accrue à la diffusion de fake news.»

L’accent est mis sur le vaccin et les masques. En septembre dernier, une fausse affiche avait par exemple été postée sur une Migros genevoise, comme l’indiquaient nos collègues de «20 Minutes» (sans préciser le nom des commerces visés).

Limite fine entre humour et désinformation

Migros se garde de lutter activement contre la désinformation. Selon le détaillant, internet s’autorégule et les fausses vidéos sont démasquées par la communauté elle-même dans les commentaires.

Dominic Stöcklin, expert à la Zurich School of Economics, peut comprendre la démarche de Migros, même s’il aurait conseillé une approche plus proactive. Selon lui cependant, il faut différencier les contenus conspirationnistes durs aux hoax plus légers à tendance humoristique, qui font partie intégrante de la culture d'internet.

«Toutefois ce phénomène peut être lié aux fake news et agir comme accélérateur pour les théories du complot», prévient l’expert.

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