Des policiers frondeurs posent avec les Trychlers
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Dans une vidéo de promotion:Des policiers frondeurs posent avec les Trychlers

Vidéo avec les «Trychler»
Des policiers suisses se rebellent contre les mesures Covid

Un groupe de policiers suisses s'oppose aux mesures Covid. Dans une vidéo, les agents posent en compagnie de militaires mais surtout des fameux «Freiheitstrychler», ouvertement opposés aux décisions du Conseil fédéral.
Publié: 21.10.2021 à 11:10 heures
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Dernière mise à jour: 21.10.2021 à 11:29 heures
Andrea Cattani, Adrien Schnarrenberger

Le cadre est bucolique et n'a pas été choisi par hasard: c'est sur les rives du lac des Quatre-Cantons, non loin du Grütli, que «Wir für euch» défile. Cette association alémanique (auto-baptisée «Tu n'es pas seul» en français, même si le site n'est pas encore complètement traduit), fait parler d'elle outre-Sarine depuis quelques semaines. Elle est — selon ses dires — composée de policiers qui ne veulent plus appliquer les mesures Covid imposées par le Conseil fédéral.

Le message clamé dans la vidéo est clair: «Ce qui se passe depuis un an et demi est, à notre avis, dans de nombreux domaines au moins discutable du point de vue de l'État de droit, et au minimum disproportionné», assure la voix off. Le clip promotionnel est très théâtral, avec des protagonistes dos à la caméra, parfois avec la tête cachée sous un capuchon.

Le groupe fait preuve de davantage de transparence sur son site internet. De ses propres explications, «Wir für euch» est composé de membre des corps de police de toute la Suisse. Ils ont déjà par le passé menacé de refuser des ordres ou de porter plainte contre d'autres policiers. Ils se sont aussi livrés à une expertise juridique pour affirmer que le certificat Covid n'était pas proportionnel et ont rédigé une lettre à l'attention de 150 représentants politiques.

Non loin du Grütli, des membres de «Wir für euch» affirment être des policiers hostiles à la position du Conseil fédéral.
Photo: DR
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Main à main avec les «Trychler»

Les actions de «Wir für euch» ont été très médiatisées de l'autre côté de la Sarine, mais ses membres ont jusqu'ici refusé de s'exprimer directement. «Les demandes sont très nombreuses et les journalistes doivent faire preuve de patience. Répondre aux médias n'est pas notre priorité. Et pour des raisons de protection de notre personnalité, nous n'allons pas donner d'interviews au sens traditionnel. Mais nous répondrons par e-mails avec nos arguments.»

La grande nouveauté de la vidéo diffusée aujourd'hui est la proximité assumée avec des milieux coronasceptiques. Les fameux «Freiheitstrychler», ces «sonneurs de cloches de la liberté» qui ont organisé plusieurs rassemblements, serrent symboliquement la main aux hommes en uniforme de la police ou de l'armée. Un enfant apparaît même dans le clip de trente secondes, qui se conclut avec le message suivant: «Nous avons choisi ce métier pour protéger la liberté du peuple et ses droits.» Le tout accompagné d'une musique solennelle.

Qui se cache derrière «Wir für euch»? Le mystère demeure. L'organisation n'a pas voulu répondre aux demandes de Blick. La Fédération suisse des fonctionnaires de police est bien plus loquace. Elle ne prend pas de pincettes pour dénoncer la position des fonctionnaires frondeurs. «Il est non seulement répréhensible, mais aussi répugnant de devoir se cacher dans l'anonymat», écrit-elle à Blick, avouant n'avoir «aucune compréhension» pour ces actions «incorrectes et polémistes».

Deux agents licenciés à Zurich

Selon la FSFP, les actions de «Wir für euch» agacent au sein de la police. «De nombreux agents condamnent très fermement ces actions, qui agace. Si les personnes sur la vidéo sont réellement des policières et policiers, alors on ne peut pas les considérer comme nos collègues», estime la Fédération. La faîtière craint que de telles vidéos ne nuisent beaucoup à la réputation de la police et la confiance accordée par les citoyens.

S'agit-il vraiment d'agents de police en activité? La FSFP en doute beaucoup en raison de l'anonymat absolu des membres. Début octobre, toutefois, le portail alémanique «Republik», sous le titre «Les policiers qui se croient au-dessus des lois», nous apprenait que la police zurichoise avait licencié deux agents qui appartenaient à ce groupe. Ils ont été démasqués grâce aux métadonnées du site internet de «Wir für euch». Le magazine leur a demandé combien de membres comportait le groupe. «Je peux vous l'affirmer: nous sommes beaucoup plus que deux.»

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