Vivre en autosuffisance
Cette famille consomme moins et ne paie pas de facture d'électricité

En raison de la guerre en Ukraine, le prix du gaz s'envole depuis des semaines. La famille Vogt, dans le canton de Zurich, habite dans le premier immeuble autonome en énergie au monde. Une bonne façon de réduire les coûts même si cela peut être contraignant.
Publié: 12.04.2022 à 12:27 heures
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Dernière mise à jour: 12.04.2022 à 13:13 heures
Carla De-Vizzi

Les effets de la guerre en Ukraine se font également sentir dans notre pays. Les prix du pétrole, du charbon et du gaz ont grimpé en flèche ces dernières semaines, et les frais de chauffage ont atteint de nouveaux records. De nombreux ménages suisses ont déjà reçu une lettre annonçant une hausse des prix du gaz. Mais ce n'est pas le cas de Corinne Vogt et sa famille. «Grâce à un système énergétique mis en place par le centre environnemental 'Umwelt Arena Schweiz', nous ne subissons pas du tout la hausse des prix», se réjouit cette Zurichoise.

Cette conseillère en voyage habite à Brütten, dans le canton de Zurich, avec son mari Martin et leurs deux enfants. Elle vit dans le premier immeuble au monde à être autonome en énergie. Ce bâtiment n'est pas raccordé au réseau électrique, mais génère de l'énergie à l'aide de la lumière du soleil. L'énergie excédentaire est ensuite stockée dans des réservoirs d'hydrogène enterrés sous le terrain, puis transformée en chaleur et en électricité. «Notre logis est ainsi alimenté en énergie par lui-même même en hiver», détaille Corinne Vogt.

Ceux qui consomment plus d'électricité paient plus cher

Chacune des huit parties de l'immeuble dispose d'un budget annuel d'électricité de 2200 kilowattheures. Mais une famille de quatre personnes en consomme normalement le double. Comment font-ils pour ne pas dépasser ce quota? Grâce à des systèmes permettant de surveiller leur consommation. Les Vogt disposent d'un petit écran situé dans le couloir de leur appartment. L'appareil leur indique où ils se situent par rapport à ce plancher annuel.

Martin et Corinne Vogt devant leur maison à Brütten (ZH).
Photo: Siggi Bucher
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A l'aide de cette indication, en six ans, ils n'ont atteint la limite qu'une seule fois. Le véritable avantage est qu'ils ne paient pas l'électricité s'ils consomment moins que ces 2200 kilowattheures. Ils sont même récompensés: ils reçoivent 5 centimes par kWh. A l'inverse, s'ils sont au-dessus, ils doivent accepter de payer 25 centimes par kWh. «L'électricité est ainsi plus chère que dans un logis traditionnel si nous dépassons cette limite», explique Corinne Vogt. A titre de comparaison, le prix de l'électricité dans sa région est de 20 centimes par kilowattheure.

Régler la température soi-même est impossible

La famille assure qu'elle ne doit renoncer à rien. «Nous vivons tout à fait normalement», estime Martin Vogt. Vivre en autarcie énergétique comporte toutefois quelques particularités. Les Vogt sont par exemple avertis en temps réel s'ils prennent des douches trop longues. La salle de bain dispose d'un écran montrant un ours polaire sur une banquise. «La banquise fond à mesure que nous consommons», explique le père de famille. De plus, les Vogt ne peuvent pas déterminer seuls la température de leur appartement. «Si un locataire veut avoir plus chaud, tout le monde doit se mettre d'accord», poursuivent-ils.

La durabilité est également l'objectif des locataires en dehors de l'immeuble. Ainsi, un véhicule au biogaz est mis à disposition des habitants. «Si j'ai besoin d'un véhicule pour me rendre quelque part, je peux prendre celui de l'immeuble», explique Corinne Vogt.

Mais tous les Suisses peuvent-ils se permettre de rêver d'autarcie énergétique? «Absolument!, tranche Martin Vogt, enthousiaste. Les frais de location sont conformes aux usages locaux, environ 2500 francs pour un 4½ pièces». De plus, les locataires n'ont pas de frais d'électricité et de chauffage si la consommation ne dépasse pas les limites, précise le père de famille. Un facteur qui rend l'habitat autosuffisant en énergie plus attrayant que jamais.

(Adaptation par Lauriane Pipoz)

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