Vous avez dit étrange?
Alain Berset veut rester, la droite se tait!

Alors qu'Alain Berset affirmait à Blick avoir «l'énergie» pour rester au Conseil fédéral, le camp bourgeois se fait étrangement avare en protestations. Il ne manque habituellement pas de critiquer le socialiste. Peut-être pour de bonnes raisons?
Publié: 15.12.2022 à 06:08 heures
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Dernière mise à jour: 15.12.2022 à 08:07 heures
Pascal Tischhauser

L'UDC n'a jamais manqué une occasion de critiquer Alain Berset. Le parti est même allé jusqu'à qualifier le ministre de la Santé de «dictateur», à l'époque où le Fribourgeois était sous le feu des projecteurs en raison de la pandémie.

De son côté, le PLR a encore récemment mis en garde le Parlement contre l'élection d'une socialiste romande au Conseil fédéral. Car en compagnie d'Alain Berset, celle-ci conduirait à une surreprésentation des francophones au sein du gouvernement. Le parti a ensuite jugé acceptable qu'une majorité latine se dessine, mais seulement pour une «période de transition».

Toujours est-il qu'une Romande a bel et bien été élue au Conseil fédéral le 7 décembre dernier, en la personne d'Elisabeth Baume-Schneider, en plus de l'UDC bernois Albert Rösti. Le choix des parlementaires s'est porté sur elle, parce que beaucoup pensaient qu'Alain Berset laisserait de toute manière sa place après son année présidentielle en 2023.

Le ministre de l'Intérieur, Alain Berset, veut rester en fonction encore longtemps. C'est ce qu'il a déclaré à Blick dans une interview.
Photo: KARL-HEINZ HUG
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Alain, l'éternel

Seulement, cela ne semble pas être dans les plans du conseiller fédéral socialiste. Le futur président de la Confédération l'a précisé dans une interview accordée à Blick: il a bien l'intention de rester en fonction au-delà de l'année prochaine. «Je suis encore plein d'énergie et j'ai envie de continuer!», a-t-il déclaré.

Cette motivation aurait donc de quoi titiller l'UDC, et sa crainte de voir un «dictateur» poursuivre ses activités, ou le PLR et son souci de représentativité équilibrée. Pourtant, au sein des deux partis, c'est silence radio.

Pas de protestations

Il faudra voir quel choix le PS présentera à l'Assemblée fédérale, lors de la confirmation de l'élection du Conseil fédéral fin 2023, balaie le chef du groupe UDC, Thomas Aeschi.

Le président du PLR, Thierry Burkart, explique quant à lui qu'il est conforme aux usages de notre pays «que les conseillers fédéraux décident eux-mêmes de leur démission». Il est en outre tout à fait compréhensible qu'Alain Berset n'annonce pas dès maintenant la date de son départ. «Puisqu'il en est déjà à sa douzième année de mandat, je ne pense pas qu'il restera éternellement conseiller fédéral», déclare le PLR. Thierry Burkart souligne qu'à partir de l'année prochaine, le Fribourgeois sera certes le conseiller fédéral le plus ancien, mais également le plus jeune.

Thierry Burkart explique aussi qu'il est d'usage au Parlement de ne pas révoquer les conseillers fédéraux sortants sans raison majeure.

Le camp bourgeois est satisfait

Manifestement, les deux politiciens bourgeois sont satisfaits. Après tout, l'UDC a réussi à reprendre l'important Département de l'environnement et de l'énergie avec la nomination d'Albert Rösti à sa tête.

Grâce au changement de département de Karin Keller-Sutter, les radicaux ont désormais aussi la main sur les finances. Alain Berset devra donc continuer à se battre avec des coûts de la santé en constante augmentation et le nombre croissant de bénéficiaires de rentes. Ce n'est pas forcément un cadeau.

En outre, le fait qu'une socialiste, Elisabeth Baume-Schneider, dirige désormais le Département de la justice devrait permettre à l'UDC de se montrer très critique envers la politique d'asile. Le parti sera alors en position de force sur un de ses thèmes de prédilection avant les élections fédérales de 2023.

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