«Vous pouvez m'oublier»
À Zermatt, une taxe pour les touristes d'un jour enflamme le débat

Ça bouillonne à Zermatt: la commune envisage d'introduire une taxe de douze francs pour les touristes d'un jour afin de lutter contre le tourisme de masse. Cette réflexion suscite le débat chez les lecteurs de Blick. Voici ce que vous en pensez.
Publié: 27.08.2024 à 13:11 heures
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Zermatt et le Cervin - un décor mythique en Suisse. Qu'il s'agisse d'un touriste étranger ou d'un habitant du pays, chacun s'émerveille de ce tableau somptueux. Par conséquent, le village de montagne valaisan est pris d'assaut. Et ce, bien que Zermatt — et en particulier la visite du Cervin — ne rentre de loin pas dans la catégorie du bon marché.

Mais le tourisme de masse est un réel problème et c'est pourquoi Zermatt discute désormais de l'introduction d'une taxe pour les touristes d'un jour, selon les informations de la SRF. La raison: les masses de visiteurs qui ne viennent que pour une journée n'apportent aucun revenu aux hôtels et aux appartements de vacances, mais pèsent sur les habitants.

Selon la SRF, des membres du Conseil communal et de l'office du tourisme se sont rencontrés au printemps dernier pour discuter d'une taxe dite «Green Tag». Les touristes d'un jour devraient ainsi payer douze francs — le montant correspondant à la taxe de séjour pour trois nuitées. L'argent devrait être versé au fonds de développement durable de la commune et financer des projets durables.

Une taxe de 12 francs en cas de séjour d'un jour à Zermatt? L'idée est sérieusement envisagée.
Photo: Keystone

Pas un cas isolé

Zermatt n'est pas un cas isolé. D'autres régions touristiques suisses très prisées sont également touchées par le tourisme de masse. La commune de Lauterbrunnen (BE), par exemple, qui a inspiré l'écrivain J.R.R. Tolkien pour «Le Seigneur des anneaux», planche aussi sur des mesures. Une taxe de 5 à 10 francs pour les visiteurs arrivant en voiture est sur la table, mais les clients des hôtels et des transports publics seraient épargnés.

A Iseltwald (BE), les autorités ont déjà bien avancé. Depuis plus d'un an, les visiteurs doivent payer cinq francs s'ils veulent prendre une photo sur le ponton très prisé de la commune. Celle-ci a acquis une renommée internationale grâce à la série coréenne de Netflix «Crash Landing on You», diffusée de décembre 2019 à février 2020. Lorsque les voyages ont été à nouveau possibles après le Covid, le village a été littéralement pris d'assaut. L'affluence se poursuit malgré la taxe et cette dernière fait tout de même rentrer beaucoup d'argent dans les caisses de la commune bernoise désormais.

La taxe proposée suscite des réactions contrastées. Selon un sondage réalisé par Blick, auquel plus de 2700 utilisateurs ont participé, 52% des lecteurs considèrent la taxe comme insolente et comme une arnaque. 27% considèrent que les 12 francs pour une visite sont justifiés, tandis que 22% sont encore indécis et considèrent que Zermatt est de toute façon déjà chère.

A l'étranger aussi, les taxes pour les touristes d'un jour sont un sujet de préoccupation. Ainsi, Venise a demandé cet été cinq euros pour certains jours aux touristes. La ville estime que l'expérience pilote a été un succès. La Sérénissime va même augmenter la taxe journalière à 10 euros pour la saison prochaine.

Un avis contrasté

Dani Steiger, lecteur de Blick, peut certes comprendre Zermatt, mais fait remarquer: «Ce n'est certainement pas drôle quand on y vit. D'un autre côté, le contribuable investit chaque année près de 30 millions de francs dans Suisse Tourisme. Moi qui ne suis pas de Zermatt, je n'en profite pas. Mon lieu de résidence ne reçoit pas non plus de subventions. C'est pourquoi je pense qu'au moins pour les personnes qui paient des impôts en Suisse, aucune taxe ne devrait être prélevée pour une visite à Zermatt.»

Urs Steiner partage une position similaire: «Si, en tant que Suisse, je dois payer 12 francs pour voir le Cervin dans mon pays d'origine, alors vous pouvez oublier que les gens comme moi visite la station.» Aaron Caster craint de son côté que cela ne soit le début d'une nouvelle pratique: «S'il vous plaît, ne le faites pas, sinon tôt ou tard, rien qu'en faisant un pas hors de chez vous, vous devrez payer une taxe journalière!»

Thomas Nuessli prévoit l'impact sur l'économie locale: «Les restaurants vont le sentir, moins de touristes d'un jour = moins de chiffre d'affaires», résume-t-il.

Mais tout le monde n'est pas opposé à l'introduction de la taxe. Ueli Baltensperger trouve l'idée bonne et pense qu'il faut «montrer l'exemple». Charly Cathreine considère même que «cela est trop peu!»

Markus Pacolli propose quant à lui de ne prélever la taxe que pour les touristes étrangers: «D'accord, mais cela ne doit pas s'appliquer aux personnes vivant en Suisse. Tout ne fait que coûter. Une telle chose ne devrait s'appliquer qu'aux touristes étrangers.»

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