Zurich particulièrement touchée
Faute de personnel, les hôpitaux pour enfants réduisent le nombre des lits

Les cliniques pédiatriques doivent réagir à la surcharge de travail et au manque de personnel: des opérations sont reportées, des patients transférés et le nombre de lits est réduit.
Publié: 04.02.2024 à 15:59 heures
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Andreas Schmid

L'hiver est une période difficile pour les hôpitaux pédiatriques suisses. Les cliniques sont submergées par des bambins infectés, alors que le personnel déjà peu nombreux souffre d'absences pour maladie. Les hôpitaux ne peuvent alors pas éviter de prendre des mesures désagréables: ils se voient contraints de proposer temporairement moins de lits, de reporter des opérations et de transférer des enfants malades, de Zurich à Berne ou de Lugano (TI) à Zurich.

L'hôpital pédiatrique de Zurich est particulièrement touché par ces réaménagements. Il faut sans cesse réorganiser le planning: «La capacité en lits change tous les jours», explique Bojan Josifovic, le porte-parole. L'équipe de Zurich essaie de limiter autant que possible les transferts vers d'autres hôpitaux et les annulations de dernière minute d'interventions.

«Nous nous attendons à ce que les pics d'activité diminuent nettement avec la fin de la saison des infections», constate Bojan Josifovic. Ce sont surtout les hôpitaux situés dans les grandes agglomérations qui sont fortement touchés par les pénuries. Et les secteurs spécialisés comme la pédiatrie souffrent particulièrement du manque de médecins.

L'hôpital pour enfants de Zurich doit adapter sa capacité au quotidien.
Photo: Keystone
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Des «pools de soin» pour faire face à la pénurie

La pénurie de personnel n'est toutefois pas uniquement due à la saison, mais est structurelle, explique Malte Frenzel de l'Alliance des hôpitaux pédiatriques de Suisse. Les soins aux enfants atteints d'une maladie grave sont toujours assurés, mais pour les patientes et patients ayant des problèmes de santé moins graves, il peut y avoir des temps d'attente dans les services d'urgence. Malte Frenzel peut comprendre «le stress des parents lorsque leur enfant malade doit attendre ou être transféré».

Dès que leurs capacités ne suffisent plus, les hôpitaux pédiatriques ne peuvent pas éviter les transferts, souligne Malte Frenzel: «C'est le seul moyen de garantir un traitement continu et efficace de tous les patients.»

Pour faire face aux pénuries, certains hôpitaux essaient de créer des «pools de soins», c'est-à-dire de travailler avec des externes, ou «poolistes». Ces personnes sont alors engagées à de petits taux d'occupation ou pour des missions temporaires. En outre, ils sont rémunérés par des allocations lorsqu'ils prennent des postes à court terme.

Pour éviter les situations d'urgence, l'Alliance Hôpitaux pour enfants veut créer des modèles de travail plus attrayants. La pédiatrie et la médecine de l'adolescence jouissent d'une bonne réputation, selon Malte Frenzel. Cela peut aider à faire de la publicité pour se lancer dans ce domaine.

Les images d'enfants contraints de rester dans les couloirs des hôpitaux par manque de place indignent le public. «Une collaboration bien rodée entre les hôpitaux pédiatriques» peut empêcher de telles situations, affirme Malte Frenzel. Mais il compte aussi sur le fait qu'une nouvelle tarification décidée par le Parlement permettra de financer la pédiatrie en couvrant ses coûts et de créer ainsi de meilleures conditions.

Un manque de médecins de famille

Ronald Alder, de l'association des hôpitaux zurichois, affirme que la diminution du nombre de cabinets de médecins de famille entraîne également une plus grande affluence dans les hôpitaux. La situation va probablement continuer à s'aggraver, et pas seulement dans les hôpitaux pour enfants.

Selon les prévisions, il manquera 2000 médecins et 30'000 infirmiers dans toute la Suisse en 2030. Le Conseil fédéral et les Chambres fédérales n'ont pas encore pris conscience de la pénurie de médecins, critique Ronald Alder: la politique limite leur formation de manière absurde avec un numerus clausus et diminue l'attractivité de la profession. «Aujourd'hui déjà, les trois quarts des médecins qui commencent à travailler en Suisse ont obtenu leur diplôme à l'étranger», déplore Ronald Alder.

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