SpaceX s'ouvre au «public»
Un milliardaire américain en route pour la première sortie privée dans l'espace

On dit du milliardaire américain Jared Isaacman qu'il s'est trouvé un hobby spécial par ennui. Et pas des moindres. Mardi matin, il a fait partie d'un équipage de quatre personnes à bord d'une sonde spatiale pour la toute première sortie privée dans l'espace.
Publié: 10.09.2024 à 12:16 heures

Cela ne s'était encore jamais produit: l'entreprise spatiale américaine SpaceX a envoyé mardi matin à 11h23, heure suisse, une sonde spatiale et son équipage dans l'espace pour une promenade privée dans l'espace. Le lancement de la mission Polaris Dawn depuis le centre spatial de la NASA en Floride avait dû être reporté à plusieurs reprises en raison des conditions météorologiques. Cela a finalement eu lieu.

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«Tout semble aller bien, le lancement a réussi», peut-on lire sur le flux en direct de SpaceX. L'équipage, composé de quatre personnes, ont levé le pouce. Au cours des prochaines minutes, l'exploration spatiale se poursuivra jusqu'à ce qu'une distance de 1400 kilomètres soit finalement atteinte. À titre de comparaison, la station spatiale ISS se trouve à environ 400 kilomètres d'altitude.

L'entrepreneur milliardaire Jared Isaacman, 41 ans, dirige la mission, qui peut durer jusqu'à cinq jours, en coordination avec le fondateur de SpaceX, Elon Musk, qui reste au sol. Kidd Poteet, Sarah Gillis et Anna Menon, astronautes privés, ont accompagné le milliardaire et ont décollé du centre spatial de Cap Canaveral, sur la côte ouest de la Floride, à bord d'un vaisseau Crew Dragon propulsé par une fusée Falcon 9.

Une fusée Falcon 9 de SpaceX.
Photo: AFP
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La capsule d'un Crew Dragon, qui mesure environ huit mètres sur quatre, peut accueillir jusqu'à sept personnes pendant dix jours. On y dort dans les sièges, les toilettes se trouvent derrière un rideau.

Mission extérieure à 700 kilomètres d'altitude

Au cours de la mission, les astronautes seront envoyés à 700 kilomètres d'altitude pour tester une nouvelle combinaison spatiale destinée aux missions extérieures.

Lors de la «première sortie commerciale dans l'espace», comme l'indique le site web du projet, la combinaison doit garantir une plus grande mobilité que les combinaisons actuelles. Elle est en outre équipée d'un écran intégré au casque, d'une caméra et de nouveaux matériaux permettant de mieux réguler la chaleur dans l'espace glacial.

Un test risqué

Lors des missions extérieures, les astronautes sont exposés à un risque plus élevé que dans les vaisseaux spatiaux. L'orientation en apesanteur est exigeante, l'équipement doit en outre compenser les variations extrêmes de température, fournir de l'oxygène et protéger des radiations dans l'espace. La vie d'un astronaute peut être mise en danger si l'approvisionnement en oxygène est perturbé ou s'il est séparé du vaisseau spatial. Normalement, les missions extérieures consistent à effectuer des travaux de maintenance ou des expériences, par exemple sur l'ISS. Elles sont considérées comme décisives pour le succès des missions vers la Lune et Mars.


SpaceX veut tester les combinaisons pour des missions ultérieures vers la Lune et Mars. Les astronautes privés doivent en outre mener des expériences sur les effets du vol spatial et des radiations spatiales sur la santé humaine. Une technique de communication basée sur le laser du programme Internet par satellite Starlink doit également être testée.

Préparation à la conquête de Mars

Le lancement de Polaris Dawn avait été reporté à plusieurs reprises en raison de conditions météorologiques défavorables. Dernièrement, l'administration américaine de l'aviation civile (FAA) avait en outre temporairement retiré l'autorisation de lancement à Falcon 9 en raison d'un incident survenu lors d'un lancement précédent.

«Des millions de combinaisons spatiales sont nécessaires pour construire une base sur la Lune et une ville sur Mars», ont indiqué les planificateurs du projet. «Le développement de cette combinaison et la réalisation de la sortie dans l'espace seront des étapes importantes vers une conception évolutive des combinaisons spatiales pour les futures missions à long terme, alors que la vie devient multiplanétaire». Une colonie sur Mars – tel est l'objectif à long terme de la Nasa, l'agence spatiale américaine. Mais avec le programme «Artemis», elle veut pour cela d'abord – et pour la première fois depuis plus d'un demi-siècle – amener à nouveau des hommes sur la Lune. Une base sur le satellite de la Terre doit servir de base à des missions vers Mars.

La Nasa a toutefois dû repousser à septembre 2025 le tour de Lune habité prévu en novembre 2024 dans le cadre d'«Artemis 2» en raison de problèmes avec la fusée et le vaisseau spatial, et à septembre 2026 l'alunissage habité prévu pour «Artemis 3».

Lancement vers Mars en 2026

Le patron de SpaceX, Elon Musk, veut malgré tout entreprendre le long voyage vers Mars dès l'année suivante – même si ce sera d'abord sans astronautes. «Les premiers vaisseaux spatiaux à destination de Mars partiront dans deux ans, lorsque la prochaine fenêtre de transfert Terre-Mars sera ouverte», a écrit le milliardaire le week-end dernier sur sa plateforme X. Il s'agit ainsi de tester la fiabilité des atterrissages sur la planète.

«Si ces atterrissages se déroulent bien, les premiers vols habités vers Mars auront lieu dans quatre ans», a-t-il encore écrit. Musk estime qu'une ville autosuffisante sur Mars sera possible d'ici 20 ans.

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