Voyage historique de «Nova-C»
Les dix théories du complot sur l'alunissage

52 ans après le dernier alunissage, l'entreprise américaine Intuitive Machines se rend sur le satellite de la Terre. De nombreux mythes entourent le moment historique du premier voyage vers la Lune. En voici dix.
Publié: 22.02.2024 à 18:59 heures

Après de nombreuses tentatives infructueuses de différentes entreprises, la société américaine Intuitive Machines veut à nouveau tenter le premier alunissage commercial de l'histoire spatiale. Le lancement devrait avoir lieu ce jeudi. Si tout se passe bien, l'atterrisseur «Nova-C» se posera dans la région sud du satellite de la Terre à 23h49, heure suisse.

Il faut bien l'avouer, l'histoire est incroyable: des hommes ont volé vers la Lune, y ont conduit des voitures et y ont même joué au golf. Le 20 juillet 1969, l'atterrissage de la première des six missions lunaires habitées est une étape centrale dans l'histoire de l'humanité. Cinquante ans plus tard, certains doutent encore de cet événement, affirmant que les images ont été prises en studio. Voici les dix principaux arguments:

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Le drapeau «flottant»

Le drapeau américain «flottant» est le fait le plus utilisé pour justifier les théories du complot. Comme il n'y a pas de vent sur la Lune, le drapeau ne devrait pas flotter, critiquent les détracteurs. Mais si l'on regarde de plus près, une barre horizontale a été installée sur le drapeau afin de le maintenir droit. De plus, comme le souligne Ralf Jaumann du Centre allemand pour l'aéronautique et l'aérospatiale (DLR), les mouvements du tissu ne sont pas dus à la brise, mais aux secousses du mât du drapeau, lors de son insertion et ses réajustements. Comme la Lune n'a pas d'atmosphère, le vacillement du tissu n'est peu freiné.

Le 16 juillet 1969, la mission Apollo 11 a pris son envol vers la Lune: le 21 juillet (heure suisse), le premier homme a marché sur la Lune.
Photo: keystone-sda.ch
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Des empreintes de pas dans la poussière lunaire

De nombreuses images montrent des traces de pas des spationautes dans la poussière lunaire. Comment la poussière sèche peut-elle garder sa forme, demandent les complotistes? Urs Mall, de l'Institut Max-Planck pour la recherche sur le système solaire, explique ces empreintes par la consistance de la poussière lunaire extrêmement fine. Ses éléments constitutifs n'ont jamais été abrasés par le vent ou l'eau. Ils sont restés anguleux et adhèrent donc particulièrement bien les uns aux autres.

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Des sauts trop bas

Les sauts effectués par les astronautes sur la surface lunaire sont trop faibles, objectent les sceptiques. Compte tenu de la faible gravité – environ un sixième de la gravité terrestre – les astronautes auraient pu sauter à plusieurs mètres de hauteur. Urs Mall attribue les sauts bas surtout aux combinaisons spatiales d'environ 85 kilos et à la mobilité limitée. Ralf Jaumann ajoute qu'il ne s'agissait pas de faire des sauts de grande hauteur. Pour des raisons de sécurité, les spationautes se seraient déplacés en faisant de petits sauts.

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La vitesse des véhicules lunaires

Les astronautes ont parcouru la Lune à bord de véhicules. Compte tenu de la faible force de gravité, les rovers auraient dû glisser hors des virages, estiment les sceptiques. Or, la force centrifuge dépend notamment du rayon et de la vitesse. Selon la Nasa, la vitesse maximale des véhicules était d'environ 15 kilomètres par heure. Cela correspond – pour un sol similaire – mathématiquement à peu près à la force centrifuge qu'aurait une voiture terrestre roulant au même rayon à 37,5 kilomètres par heure. Il est donc improbable que les astronautes aient pris les virages à pleine vitesse.

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Des «décors» récurrents

Les similitudes du paysage lunaire sur différentes images sont considérées comme la preuve que les mêmes décors ont toujours été utilisés en studio. Toutefois, les motifs récurrents ne sont pas surprenants, puisque les astronautes ont pris des milliers de photos sous différentes perspectives sur leurs sites d'atterrissage, comme l'explique Urs Mall. Il souligne que les paysages des sites d'atterrissage sont de toute façon très semblables, notamment parce qu'il n'y a pas d'éléments visuels marquants comme sur Terre.

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Absence de réticules sur les photos

Les lentilles des appareils photo Hasselblad des astronautes contenaient des réticules, notamment pour mieux évaluer les distances. Ces réticules semblent disparaître à certains endroits derrière des objets, ce que les complotistes interprètent comme un photomontage. En y regardant de plus près, on constate souvent que les croix sont bien là, mais qu'elles sont à peine visibles sur un fond sombre. Toutefois, selon Ralf Jaumann, des photos retouchées ont été publiées par la suite.

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Aucune étoile dans le ciel

Sur les images prises par les astronautes, aucune étoile n'est visible dans le ciel. Les astronautes ont posé le pied sur le satellite de la Terre pendant la journée – un jour lunaire dure deux semaines. Sur les images, le contraste entre la surface éclatante de la Lune et le ciel sombre est bien trop fort pour que des petits points peu lumineux soient visibles dans le firmament.

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L'ombre ne correspond pas

Certains critiquent les ombres sur les images, jugeant qu'elles ne sont pas réalistes. Urs Mall explique facilement cette constatation: les formes divergentes des ombres sont le résultat des irrégularités de la surface lunaire. Les ombres peuvent ainsi apparaître plus longues, plus courtes ou déformées.

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Absence de cratère d'atterrissage

En dessous des capsules d'atterrissage, on ne voit pas de cratère d'atterrissage et presque pas de poussière. Ce n'est pas étonnant, affirme Ralf Jaumann: les sites d'atterrissage n'ont pas été abordés à la verticale, mais latéralement. Les propulseurs n'avaient donc pas la force de creuser des cratères dans la roche lunaire solide.

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Rayonnement mortel

Lors du vol aller et retour, les équipages ont été exposés à un rayonnement accru de particules provenant du soleil, surtout dans la ceinture de Van Allen, un anneau de rayonnement entourant la Terre. Cette exposition aurait pu durer des heures et donc être mortelle, lancent les complotistes. Urs Mall estime à environ une heure la durée de la traversée de la ceinture de Van Allen, l'équipage étant protégé par la coque en aluminium de la capsule spatiale. Selon lui, les astronautes ont certes été exposés à un rayonnement accru, mais la dose était supportable. La Nasa aurait établi la trajectoire des missions de manière à éviter les zones de rayonnement les plus intenses.

Pourquoi cela ne peut pas être vrai?

L'agence spatiale américaine de la Nasa ne s'exprime pas elle-même sur les théories du complot. Mais elle a publié il y a quelques années des images de la mission «Lunar Reconnaissance Orbiter» (LRO). La sonde spatiale avait transmis à la Terre des images en haute résolution des sites d'atterrissage d'Apollo. Même si elles ne font pas changer d'avis les sceptiques obstinés, les images montrent, outre les instruments abandonnés, les traces des rovers et même des empreintes de pas des astronautes.

De plus, selon Ralf Jaumann et Urs Mall, des milliers de collaborateurs ont participé aux six missions. «Tenir des falsifications secrètes pendant des décennies me semble très difficile», déclare Urs Mall. Une preuve peut-être évidente de la présence d'humaines sur la Lune: les plus de 380 kilos de roches lunaires que les astronautes ont ramenées sur Terre. Contrairement aux météorites lunaires – découvertes bien plus tard – qui sont tombées sur la Terre, ces morceaux n'ont pas été altérés par leur voyage à travers l'atmosphère terrestre.

(ATS)

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