Toujours pas de directeur général
La nouvelle gouvernance du Béjart Ballet Lausanne se fait attendre

La nouvelle gouvernance du Béjart Ballet Lausanne se fait attendre. Recommandée fin octobre par un audit critique, elle n'a pas encore été mise en place. Le directeur général qui chapeautera l'institution, y compris l'Ecole-atelier Rudra Béjart, n'a pas été engagé.
Publié: 09.06.2022 à 13:24 heures
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Dernière mise à jour: 09.06.2022 à 13:25 heures

Le Conseil de fondation n'a pas non plus encore désigné la personne qui occupera le nouveau poste de responsable des ressources humaines, également annoncé le 29 octobre dernier, a appris Keystone-ATS. Ces deux personnes-clés de la nouvelle organisation du Béjart Ballet Lausanne (BBL) doivent justement incarner la nouvelle gouvernance.

Une fois désignées, elles devront mettre sur pied une commission du personnel, un planning du travail et des vacances mieux structurés, la consolidation du plan de santé, une politique de tolérance zéro en matière de consommation d'alcool ou de stupéfiants et de tout comportement inapproprié, ainsi qu'une révision de la politique salariale. Toute une série de mesures préconisées à la suite de l'audit lancé mi-juin 2021, révélant de «sérieux problèmes».

Cette enquête globale a été déclenchée après un premier audit ayant révélé fin mai 2021 des dysfonctionnements à l'Ecole-atelier Rudra Béjart. Son directeur et sa régisseuse avaient été licenciés et l'école fermée depuis, pour une année au moins. Par la suite, les critiques se sont étendues à la compagnie elle-même.

Le Béjart Ballet Lausanne (BBL) est toujours dans l'attente d'un directeur général et d'un responsable des ressources humaines (archives).
Photo: DAVID BORRAT

«Le processus d'engagement d'un directeur général ou d'une directrice générale est actuellement en cours. Il a été lancé rapidement après la délivrance du rapport d'audit», a répondu à Keystone-ATS la présidente du Conseil de fondation Solange Peters. «Il en va de même du ou de la responsable des ressources humaines. Nous avons engagé dans l'intervalle une professionnelle externe, chargée provisoirement de la gestion de ces questions au quotidien, et ce jusqu'à engagement du ou de la responsable en question», poursuit Mme Peters.

«Une confusion des rôles»

«Les processus concernés prennent naturellement un certain temps. Ils devraient aboutir à la rentrée en automne», annonce-t-elle. «Une fois les personnes concernées en poste, elles seront notamment appelées à mettre en œuvre ou à pérenniser les mesures évoquées. Elles feront justement partie de leurs attributions. Dans l'intervalle, la professionnelle précitée y œuvre également», explique la présidente du Conseil de fondation.

L'audit a mis en lumière «une confusion des rôles» au BBL et notamment une distribution des responsabilités artistiques et administratives «mal délimitée». Le Conseil de fondation a ainsi décidé de mettre en place un nouvel organigramme redéfinissant les postes actuels de direction. Le numéro un de la compagnie, Gil Roman, poursuit sa mission de chorégraphe et directeur de ballet, mais avec un soutien et un encadrement spécifiques

Ses qualités artistiques ont été unanimement reconnues. L'enquête l'a décrit comme «sensible, pointu, exigeant», mais aussi comme «vulgaire, impulsif, colérique et injurieux». Pour y remédier, le recadrage consiste en une collaboration étroite avec un nouveau maître de ballet.

Le directeur de prod' harcèlement sexuel

Le Conseil de fondation a en outre tenu à souligner que le rapport d'audit n'attestait en rien les rumeurs faisant état de harcèlement d'ordre sexuel, d'homophobie, de consommation ou trafic de cocaïne ou encore de népotisme de la part du directeur artistique.

En revanche, le directeur de production du BBL a été licencié le 18 octobre dernier. Si ses qualités professionnelles ont été reconnues, il a commis de graves manquements dans la gestion des distances avec les collaborateurs et du respect des femmes, selon le Conseil de fondation. Ses attitudes et propos relèvent du harcèlement sexuel.

Le rapport d'audit avait de ce fait été transmis au Ministère public vaudois pour qu'il décide d'éventuelles suites à donner.

«Celui-ci a pris connaissance du rapport et n'y a trouvé aucune indication sur des actes dont la poursuite pénale devrait avoir lieu d'office. Il en résulte qu'aucune procédure n'a été ouverte, ni n'est en cours», a indiqué son porte-parole Vincent Derouand. Il rappelle aussi qu'«aucune plainte ni dénonciation n'a été adressée» au MP, tant dans le cadre du BBL que dans celui de l'Ecole-atelier.

Enfin, s'agissant de l'Ecole-atelier Rudra Béjart, elle n'a toujours pas rouvert et aucune date d'ouverture n'est pour l'heure avancée, selon une porte-parole du BBL.

(ATS)

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