Une commission s'alarme
Les eaux du Léman n'ont jamais été aussi chaudes

Les eaux du Léman n'ont jamais été aussi chaudes. C'est ce qui ressort du rapport annuel de la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman (CIPEL) publié lundi. Selon celle-ci, la biodiversité du plus grand lac alpin est toujours plus menacée.
Publié: 12.02.2024 à 12:32 heures

Le Léman se réchauffe, relève la CIPEL dans son rapport scientifique 2023 publié lundi. Cette hausse de température menace le fragile écosystème du plus grand lac d'Europe occidentale.

Depuis 2012, la température du fond du Léman a progressé de 1 degré, ce qui est considérable, indique Nicole Gallina, la secrétaire générale de la CIPEL. En surface, en 2022, la température moyenne des eaux atteignait 13,6 degrés, soit une augmentation de 1,2 degré en trente ans.

Les profondeurs du lac manquent d'oxygène

2022 a été caractérisée par un record de chaleur. L'année a aussi connu une faible pluviométrie et un fort rayonnement solaire. Ces conditions ont eu pour conséquence que la température de la couche de surface du lac comprise entre 0 et 10 mètres a constamment dépassé les normes mensuelles.

Le Léman pourrait perdre sa fonction d'oasis de fraîcheur (image d'illustration).
Photo: JEAN-CHRISTOPHE BOTT

La raréfaction des hivers rigoureux marqués par des épisodes venteux a empêché un brassage complet des eaux du Léman. La réoxygénation des couches profondes du lac s'en trouve entravée. Aujourd'hui, il n'y a plus assez d'oxygène en profondeur pour avoir la présence d'organismes vivants, relève Nicole Gallina.

Une biodiversité toujours plus menacée

En raison du manque de brassage, les nutriments, essentiels pour le développement des phytoplanctons, s'accumulent en profondeur. Or, les phytoplanctons sont à la base de la chaîne alimentaire, explique la secrétaire générale de la CIPEL. La biodiversité du lac est ainsi menacée.

La qualité des eaux souffrira aussi du réchauffement climatique. Le Léman est une source d'eau potable pour un bassin de population d'un million d'habitants, rappelle Nicole Gallina. Si l'eau ne devient plus potable, il faudra la traiter, et elle coûtera plus cher à la consommation.

3,8 degrés en plus d'ici à 2100

Selon le GIEC, les lacs périalpins sont plus sensibles au changement climatique. Ils se réchauffent quatre à cinq fois plus rapidement que les océans. Au rythme actuel, la température de leurs eaux pourrait augmenter de 3,8 degrés d'ici à la fin du siècle, ce qui entraînerait un bouleversement de leur écosystème.

Le Léman est une oasis de fraîcheur, souligne Nicole Gallina. L'apparition d'espèces invasives et la détérioration de la qualité de ses eaux pourraient lui faire perdre cette fonction. La baignade pourrait devenir problématique et la pêche professionnelle pourrait en souffrir grandement aussi.

(ATS)

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