Elle s’appelle Esther et c’est une gamine comme les autres, ou presque. Oui, Esther n’a pas une vie tout à fait comme les autres. Elle est issue de la communauté manouche. Et peu importe. La petite «gitane», comme on l’appelle, n’a qu’une envie: aller à l’école, apprendre ses leçons et peut-être même se faire des petits copains dans la cour de récré.
Dans ce sixième épisode du podcast «Face au miroir», animé par Johan Djourou et coproduit par Blick, Esther, 30 ans, nous raconte son histoire. Scolarisée à l’âge de cinq ans, quelque part en Valais, elle explique comment elle a été moquée, voire maltraitée, par ses «camarades» de classe durant toute sa scolarité.
Manouche et scolarisée: une souffrance
Tout le monde s’est déjà fait un peu embêter à l’école. Certains se sont cognés à des critiques sur leurs vêtements, d’autres ont ramassé des moqueries sur leur grande taille ou leur appareil dentaire… Et puis, il y a Esther. Ça a commencé en enfantine avec des questions maladroites concernant sa communauté. On voulait savoir si elle était bien «gitane» ou si elle se lavait. Au cycle, les questions ont laissé place à des insultes. Esther est quotidiennement confrontée à des phrases comme «Hitler n’a pas terminé son travail» ou des «Heil!» en guise de salutations.
Malgré ces violences, Esther refuse de se laisser abattre. Elle ne veut pas donner raison à ses détracteurs: «Ma communauté a été asservie et mise de côté durant des siècles. Pas question de les laisser gagner cette fois», lance la jeune femme.
Sauf que cette soif de savoir et cette envie de vaincre ont un prix: Esther tombe malade. D’abord boulimique, puis anorexique, la haine que les autres lui portent va jusqu’à affecter sa santé.
La guérison par la foi
A 15 ans, Esther se réfugie dans la religion: «J’ai commencé à lire la Bible et j’ai compris que Dieu m’avait voulue. J’avais ma place et un avenir». La jeune femme reprend alors confiance en elle et réussit à dépasser sa colère. Elle sait désormais d’où elle vient et qui elle est. Si cela pose problème aux autres, tant pis.
Aujourd’hui, Esther a réussi à aller au bout de ses études et travaille dans l’immobilier. Même si elle aime rendre visite à ses proches nomades, elle et ses parents ont décidé de vivre une existence sédentaire. Un choix qu’elle considère presque comme un sacrifice pour tenter de vivre paisiblement.
Non, Esther ne souhaite pas troquer son appartement contre une caravane. Mais elle pense qu'un jour, peut-être, son père et sa mère, eux, repartiront sur les routes...