La fête qui fait polémique
«Entrée gratuite pour les poitrines proéminentes»

Chaque année depuis 2013, la Jeunesse de Molondin, dans le Nord vaudois, propose une «soirée Meules» où l’entrée est gratuite pour les femmes aux gros seins. La Jeunesse socialiste cantonale s’insurge.
Publié: 21.10.2021 à 17:11 heures
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Dernière mise à jour: 21.10.2021 à 18:04 heures
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Valentina San MartinJournaliste Blick

Une grosse paire de seins et la mention «entrée 5 francs/gratuite pull de Jeunesse et poitrines proéminentes». Publiée mercredi, l’affiche de la soirée «Meules» figure en bonne place sur la page Instagram de la Jeunesse campagnarde de Molondin, dans le Nord vaudois. Au programme ces 22 et 23 octobre: entrée, plat, dessert, concert et surtout, passion commune pour les énormes poitrines.

La quatrième édition des soirées «Meules» en 2016
Photo: Jeunesse Molondin
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L’association n’en est pas à son coup d’essai. En 2018, pour la sixième édition de cette fête organisée depuis 2013, l’invitation Facebook était accompagnée des paroles d’une chanson paillarde: «Et vive, vive les gros nichons, les paires de seins gros comme des ballons! En pomme, en poire, ovales ou ronds, y faut du volume sous l’téton!» Trois ans plus tard, la Jeunesse campagnarde aux 11 membres actifs remet ça. Sauf qu’aujourd’hui, ça fait grincer des dents.

La jeunesse de gauche dénonce

Mercredi soir un journaliste du quotidien «Le Temps» publiait un tweet et dénonçait l'événement: «Pendant ce temps, sur le site de la Fédération vaudoise des jeunesses campagnardes».

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Dans la foulée, la Jeunesse socialiste vaudoise (JSV) s'est fendue d'un commentaire sur le réseau social: «Nous sommes en 2021 et la fédération vaudoise des jeunesses campagnardes ne voit aucun problème dans l’organisation de telles soirées», tacle-t-elle, en ajoutant le hashtag «sexisme».

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D'après le groupe politique, l’événement est misogyne et n’a pas lieu d’être. «Encore une fois, on sexualise nos corps et on les objectifie en les mettant au même niveau qu’un simple vêtement», explique Soline Caiazza, porte-parole de la JSV à Blick.

Pour la jeune femme, il ne s’agit pas d’interdire les soirées organisées par des Jeunesses, mais d’avoir conscience des stéréotypes qu’elles peuvent véhiculer. «Je ne pense pas que les Jeunesses campagnardes soient les seules à tomber dans ces travers. Les soirées en ville peuvent également être problématiques. Je pense notamment aux «Ladies Night» où les entrées sont gratuites pour les filles. Cela donne l’impression que la gent féminine n'est là que pour satisfaire les quelques hommes présents».

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D'autres personnes se sont également insurgées sur les réseaux, à commencer par la page militante «Police féministe» qui s'en est directement pris à la Jeunesse campagnarde en les identifiant sur leur publication. Même la présidente du Conseil d'Etat vaudois, Nuria Gorrite, s'est interrogée sur son compte Instagram.

Publication supprimée

Bien-pensance crasse ou réel combat? N’est-ce pas facile de faire la morale à une bande d'ados qui n’ont peut-être pas vraiment mesuré les conséquences de ce qu’ils considèrent comme une blague?

L'association a supprimé toutes les mentions qui pourraient faire polémiques.
Photo: Facebook jeunesse de Molondin

Quelques heures après la publication de la JSV sur Twitter, la Jeunesse de Molondin a supprimé son post Instagram. La fête aura bien lieu mais les références sexuelles, elles, ont disparu. Sur Facebook, elle s’est transformée en une «soirée d'octobre» tout ce qu'il y a de plus banal. L'entrée sera gratuite uniquement pour les personnes qui viendraient avec un pull de la Jeunesse. Les femmes aux gros seins, elles, ne pourront plus compter sur leurs atouts pour éviter de déballer 5 francs.

Regrets, honte ou crainte d'être allés trop loin dans l'humour décomplexé? Blick a tenté d'en savoir plus sur les raisons qui les ont amenés la Jeunesse de Molondin à se rétracter. Sans succès: les membres de l'association n'ont pas donné suite à nos sollicitations.

De son côté, Cédric Destraz, président de la Fédération vaudoise des Jeunesses campagnardes explique que la Jeunesse de Molondin ne s'est pas forcément rendue compte que la fête pouvait faire polémique: «Cela fait huit ans que l'événement a lieu et il n'y a jamais eu de problème. Mais il est vrai que les mouvements sociaux comme #MeToo ont changé la donne. Aujourd'hui ce genre d'humour ne passe plus». Et si le président signale qu'il ne comprend pas forcément l'attrait de ce genre de manifestation, il se veut pédagogue: «Le groupe s'est remis en question à la suite d'une discussion que nous avons eue. Cependant, n'oublions pas que ce sont des jeunes et qu'ils sont encore en phase d'apprentissage. Nous avons tous fait des erreurs».

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