Record de températures élevées
La douceur de l'automne est une menace pour la nature

L'automne se fait attendre. Dans de nombreuses régions, les températures atteignent 20 à 25 degrés alors que nous sommes au mois d'octobre. Des experts expliquent comment le temps chaud et l'arrivée tardive d'un temps plus frais menacent la nature.
Publié: 08.10.2023 à 18:37 heures
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Melissa Müller

L'automne ne se fait pas encore sentir cette année. Avec des températures allant jusqu'à 25 degrés, les derniers jours ont été estivaux. Les données météorologiques le montrent: le mois dernier a été le mois de septembre le plus chaud jamais enregistré. Il a dépassé de 1,75 degré la période de référence préindustrielle, et a été un demi-degré plus chaud que l'année précédente.

Le mois d'octobre semble continuer sur cette lancée. Comme le rapporte l'Office fédéral de météorologie et de climatologie Météo Suisse, il fera entre 20 et 25 degrés jusqu'à vendredi! Météo Suisse ne peut pas déterminer exactement quand les températures baisseront définitivement, mais une baisse est attendue dans le courant du mois.

Une chose est sûre: jusqu'à présent, les températures sont loin d'être dans la moyenne. À Berne, les cinq premiers jours d'octobre ont été nettement plus chauds que la norme climatique, avec des températures de 19 à 25 degrés. Habituellement, cette norme est d'à peine 16 degrés en octobre (sur la période de 1991-2020). Météo Suisse tient à le rappeler: «Les saisons se déplacent en raison du changement climatique en cours. Globalement, il fait de plus en plus chaud en Suisse, qu'importe la saison.»

L'automne se fait encore atteindre. Dans les jours à venir, il fera encore chaud. Pour la nature, c'est un problème.
Photo: keystone-sda.ch
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Les animaux ne sont pas suffisamment préparés

L'automne qui se fait attendre pose un problème à la faune. Thomas Wirth, expert en biodiversité du WWF Suisse, explique à Blick: «Notre faune est adaptée aux conditions qui règnent en Suisse. Le réchauffement de la planète modifie tout le système. Les comportements développés sur une longue période ne sont plus adaptés.»

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«De nombreuses espèces ne peuvent pas s'adapter suffisamment rapidement aux changements climatiques»
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De nombreux animaux ne se préparent pas encore à l'hiver en raison du temps chaud. Alors que certains d'entre eux s'orientent en fonction de la longueur des jours, d'autres adaptent leur comportement aux températures. Tant que ces animaux trouvent de la nourriture, il n'y a pas de problème. Néanmoins, l'expert met en garde: «La situation deviendra difficile si les températures baissent par la suite rapidement et que ces animaux ne sont pas préparés.»

«Certaines espèces pourraient s'éteindre en Suisse»

Le temps doux pourrait aussi avoir des conséquences sur les insectes. Ces derniers hibernent normalement dans leurs œufs, mais ils «éclosent à cause des températures élevées et, à la baisse des températures, meurent de froid». Les oiseaux sont aussi concernés. Une partie d'entre eux ne migrent pas vers le sud à cause du temps trop chaud. «Ils ne trouvent pas assez de nourriture à l'arrivée de l'hiver ou consomment trop d'énergie en raison des basses températures», explique Thomas Wirth.

Il est cependant impossible de prédire les effets exacts de l'automne doux à l'heure actuelle, souligne l'expert. La réelle influence du climat sur les différentes espèces animales dépend de facteurs tels que l'évolution ultérieure de l'environnement ou de l'espèce animale. Mais il est clair que «de nombreuses espèces ne peuvent pas s'adapter suffisamment rapidement aux changements climatiques et pourraient donc disparaître en Suisse».

La flore en souffre également

Les températures élevées persistantes entraînent également des problèmes pour le reste de la nature. Comme l'indique l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) à Blick, la situation est particulièrement délicate pour les glaciers: «Dans les Alpes, les températures de l'air exceptionnellement élevées continuent d'entraîner une fonte accrue des glaciers.»

Pour les arbres en revanche, «le temps automnal doux favorise la survie d'organismes nuisibles», comme le scolyte. Celui-ci pourrait ainsi «passer l'hiver en plus grand nombre et réapparaître plus fort au printemps prochain».

L'OFEV avertit en outre que la période de repos des arbres «intervient plus tard et devient généralement plus courte». Mais ce sont plutôt les températures hivernales qui seront déterminantes et qui permettront de savoir si les arbres pourront ou non se reposer suffisamment en hiver.

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