Ils sont de plus en plus nombreux, cool, jeunes, sympathiques... Et surtout, ils sont suivis par des millions d’abonnés. Des Etats-Unis à la France en passant par la Suisse, ils sont partout. Ils se font appeler Dr. Janine Kreft Psy, Dr. Mariel Buqué, Nadia Addesi, Tévy Pnose ou encore julienborloz.psychologue. Voici les nouveaux thérapeutes 2.0.
Leur but: proposer de l’aide à leurs followers via TikTok. Eh oui, la jeune génération a désormais la possibilité de trouver un soutien psychologique à travers un écran. Loin de n’être qu’un effet de mode marginal, la tendance s’est largement imposée ces deux dernières années.
Ces thérapeutes d’un nouveau genre abordent des thèmes comme l’estime de soi, l’anxiété ou la dépression en utilisant les outils de l’ère moderne. Certains s’amusent même à improviser quelques chorégraphies tout en proposant un diagnostic. D’autres imitent une séance de thérapie dans laquelle ils s’adressent directement à leurs clients. Nul doute qu’à travers cette approche branchée, ces tiktokeurs dissipent les idées fausses sur les thérapeutes froids et leurs séances poussiéreuses.
Dédramatiser la thérapie grâce aux réseaux sociaux
«Malheureusement, aujourd’hui encore, beaucoup de patients se montrent réticents lorsqu’un jeune thérapeute vient les chercher dans la salle d’attente pour une première consultation. On pense souvent qu’un professionnel de la santé efficace est un homme blanc d'un certain âge et qu'il est grisonnant. Certains s’imaginent même que les cabinets de thérapie sont forcément aménagés avec un canapé sur lequel se coucher pendant la consultation», explique Isabel Willemse, psychothérapeute spécialisée dans la psychologie des médias.
Pour l’experte, ces psys TikTok ne se contentent pas de dissiper des clichés dépassés, ils contribuent aussi activement à faire tomber les barrières qui empêchent les gens de demander de l’aide. «Cette nouvelle image de la thérapie aide les personnes qui, auparavant, ne se manifestaient pas en raison d’idées fausses, à prendre enfin l’initiative».
Rien ne vaut l’expertise des professionnels
Mais alors, ces pratiques sont-elles vraiment conseillées. Et surtout, sont-elles efficaces? Pas sûr. Aussi sympathique que soit ce revirement, l’innovation a aussi des inconvénients: «Il n’existe pas de label de qualité international qui confirme que la personne qui livre des conseils et autres diagnostiques a reçu une formation adéquate».
L’idéal serait d’avoir des informations claires quant aux domaines d’expertise de ces individus et où ils travaillent. Toutefois, d’autres éléments peuvent s’avérer plus inquiétants que ces quelques détails. En effet, certaines vidéos présentent la thérapie comme une solution miracle plutôt que comme un travail à faire sur soi. «Souvent, une problématique complexe est présentée de manière simplifiée dans des TikTok courts. Cela crée un terrain propice aux faux autodiagnostics. C’est pourquoi un avertissement serait extrêmement important. Il faudrait indiquer clairement que ces vidéos ne remplacent pas les diagnostics et les thérapies faits par des professionnels. Un lien vers un endroit où obtenir l’aide dont on a besoin est me paraît primordial».
Si certains tiktokeurs ont réussi le pari de démocratiser la discussion autour des problématiques de santé mentale, tout n’est pas à prendre pour argent comptant. «Les thérapeutes TikTok peuvent certainement inciter le public à s’intéresser au sujet et oser se confier. Cependant, ils ne pourront jamais se substituer à une thérapie professionnelle», avertit Isabel Willemse.
(Adaptation par Valentina San Martin)