Gilbert Carrard, président de l’Association cantonale vaudoise de football, n’a pas à s’excuser de priver des enfants de jouer au football. Pour rappel, 111 matches ont été annulés ce week-end à la suite d’une agression commise par le parent d’un footballeur de 10 ans (!) sur un arbitre, mineur lui aussi.
Je peux en parler: en tant que joueur dans un club amateur nord-vaudois, je me suis levé comme de très nombreux autres plusieurs fois le samedi matin pour aller arbitrer de tels matches et, donc, rendre service, tout simplement. Comme d’autres traçaient les lignes du terrain ou nettoyaient les vestiaires, ma contribution était d’arbitrer les juniors.
Arrivée à 8h, café à la buvette, habillement et coup d’envoi à 9h. Je le faisais pour aider mon club et passer un bon moment au milieu de ces gamins, passionnés de football comme moi. Avec eux, jamais un problème. Jamais. Pas un. Avec les parents, toujours. Dès la première minute. Jusqu’à la dernière. Des décisions contestées, des insultes, des menaces avec un parapluie. Pourquoi ? Parce que leur enfant avait perdu le ballon et que je n’avais pas sifflé faute. J’avais entre 20 et 30 ans et arrivais à gérer, mais j’ai vite perdu l’envie. Le samedi matin, merci, mais j’ai mieux à faire qu’aller me faire traiter de connard et d'abruti.
Peut-être le parent va-t-il se trouver une excuse?
Le week-end dernier, un mineur, j’insiste, s’est fait agresser physiquement par l’un de ces parents. Le motif n’est pas connu, mais il est futile, forcément. Peut-être que le parent concerné prendra la parole pour dire que l’arbitre était malhonnête, l’avait provoqué, qu’il avait parqué son vélomoteur sur une place handicapé, lui avait piqué le dernier sucre à la machine à café ou, encore pire, avait mal jugé un hors-jeu. Peut-être aura-t-il l’audace de se chercher une excuse et de témoigner dans la presse, je n’en sais rien.
Mais ce que je sais, c’est que l’ACVF a pris la bonne décision. Pas de match pour cette catégorie d’âge un week-end. Comment l’expliquer aux gamins, privés de football ce samedi matin et qui eux n’y peuvent rien? En leur disant que la faute vient des parents. Que c’est à cause d’eux qu’ils ne peuvent pas jouer avec leurs copains. Et l’ACVF doit même aller plus loin la prochaine fois : tous les matches de juniors annulés dans tout le canton, quelle que soit la catégorie d’âge. 1000 matches en moins. Cela aura une vertu pédagogique: cela forcera les enfants à éduquer leurs parents et à leur expliquer que c’est à cause de leur comportement qu’ils sont privés de ballon. Les conséquences? Aucune. Il ne s’agit pas de classement en championnat, de résultats, de victoires ou de défaites, qui sont futiles à cet âge-là. Il s’agit d’éducation et de vivre-ensemble.