Commentaire de Tim Guillemin
Qualification de l'équipe de Suisse: il n'y a vraiment rien à fêter

La qualification de l'équipe de Suisse pour l'Euro, et surtout la manière dont elle a été obtenue, n'est pas une raison suffisante de se réjouir. La Nati ne va pas échapper à une sérieuse remise en question, estime notre journaliste Tim Guillemin
Publié: 19.11.2023 à 10:37 heures
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Dernière mise à jour: 20.11.2023 à 16:16 heures
Tim Guillemin

Le speaker du Parc Saint-Jacques a essayé, mais il a dû s'avouer vaincu après plusieurs tentatives: personne n'avait le cœur à s'enflammer samedi à Bâle après l'officialisation de la qualification de l'équipe de Suisse pour l'Euro 2024. Le constat est triste, mais bien réel: la Nati va participer à son sixième grand tournoi consécutif, mais le spectacle présenté sur la pelouse en deuxième période était tellement désolant que pas grand monde n'a eu envie de célébrer cet accomplissement.

Les enfants ont le droit d'être émerveillés, mais ce sont bien les seuls

Non, il n'y avait vraiment rien à fêter samedi, sinon une certaine continuité dans le temps depuis 2014, ce qui en dit plus long sur Vladimir Petkovic que sur Murat Yakin, d'ailleurs. L'équipe de Suisse de Murat Yakin ne dégage rien, pas une once d'émotion, même pas un léger capital sympathie, mis à part bien sûr pour les enfants, qui ont eux le droit d'être émerveillés, mais ce sont bien les seuls.

Pour les autres, les amatrices et amateurs de football âgés de plus de 9 ans, le constat est là, sous leurs yeux, et il est incarné par Granit Xhaka, capitaine et recordman des sélections en équipe de Suisse, lequel s'est traîné sur le terrain durant 90 minutes samedi.

L'équipe de Suisse ira à l'Euro, mais elle ne mérite pas des applaudissements pour autant.
Photo: TOTO MARTI

Murat Yakin a osé dire après le match face aux journalistes qu'il avait de nouveau vu une belle équipe de Suisse, ayant pratiqué un «grand football» et dont le seul tort aura été de ne pas avoir mis au fond ses occasions de but, que ce soit face au Kosovo ce samedi ou durant toute la campagne. Pour rappel, la Nati reste sur cinq matches nuls (Israël, la Biélorussie, la Roumanie, le Kosovo deux fois) et une victoire face à Andorre.

Que le sélectionneur soit fâché par les critiques des journalistes et qu'il se paie leur tête n'a rien de grave, bien au contraire. L'histoire du football est remplie de conflits entre plumitifs et techniciens du football, et les passes d'armes sont souvent amusantes, avec un peu de mauvaise foi de chaque côté. Murat Yakin a bien raison de se défendre face à la presse et d'embellir son bilan, c'est le jeu, et celui-ci est vieux comme l'histoire du football et des journaux.

Le peuple suisse a le droit d'entendre la vérité

Le souci, c'est qu'en affirmant que son équipe est enthousiasmante, il s'adresse aussi au public et aux spectateurs, qui ont vu le match comme les journalistes et peuvent eux aussi se faire un avis. Et ces gens-là, le peuple suisse, ont le droit d'entendre la vérité. Si le sélectionneur ne veut pas la dire, nous pouvons l'écrire: ce que produisent actuellement les joueurs et le staff de l'équipe nationale est largement insuffisant.

Jamais, dans un passé lointain ou même récent, il n'aurait été pensable d'écrire cette phrase un soir de qualification pour un grand tournoi, tant ce moment devrait être celui d'une communion nationale et de la promesse de réjouissances futures. Là est tout le drame de ce samedi soir: la Suisse est qualifiée pour l'Euro et personne n'a envie de voir ça.

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