Coumba Sow se dévoile
«Je suis trop blanche au Sénégal et trop noire en Suisse»

Coumba Sow (28 ans) a des racines au Sénégal et en Hollande, a étudié quatre ans aux États-Unis et a joué quatre ans à Paris. Le thème du racisme fait partie du quotidien de l'internationale suisse qui dispute le Mondial féminin.
Publié: 25.07.2023 à 06:19 heures
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Christian Finkbeiner

Coumba Sow, vous êtes titulaire à la Coupe du monde malgré une saison compliquée. Êtes-vous surprise?
Pour moi, ce n'était pas forcément une saison compliquée. J'ai toujours joué ces derniers mois, simplement pas à mon poste habituel. Mais j'ai appris à évoluer aussi à d'autres positions. Le changement pendant la pause hivernale avec le déménagement a été une période un peu plus difficile. Mais je savais ce que j'avais déjà montré en équipe nationale au cours des quatre dernières années et je voulais faire mes preuves.

Saviez-vous que votre place dans le cadre de la Coupe du monde n'était pas assurée et que vous deviez en faire plus?
Oui. Mais j'ai remarqué qu'à l'entraînement, tout le monde doit montrer ce dont il est capable et que le statut ne signifie pas grand-chose. Je trouve que c'est une bonne chose, on doit ainsi toujours faire ses preuves. C'est la seule façon de s'améliorer. Je l'ai considéré comme un défi.

Le racisme au quotidien, dont vous avez souvent fait l'expérience et que vous avez thématisé, est également un défi récurrent. Comment le percevez-vous?
En tant que métisse, tu es trop blanc au Sénégal et trop foncé ici. Grâce à ma famille, je me sens certes à ma place au Sénégal, mais c'est toi l'étrangère. Mais en Suisse aussi, tu es l'étrangère. Ce n'est que lorsqu'ils remarquent que tu joues dans l'équipe nationale suisse que le discours devient tout de suite différent.

Coumba Sow parle ouvertement de sujets tels que le racisme ou la violence policière.
Photo: keystone-sda.ch
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Biographie

Coumba Sow est née le 27 août 1994 à Zurich. Son père est sénégalais et sa mère hollandaise. Après sa maturité, elle part pour quatre ans aux États-Unis avant de revenir au FC Zurich en 2018. Avec le FCZ, elle remporte au total trois titres de championne.

Après quatre autres années à l'étranger, à Paris, elle joue pour Servette lors de la deuxième partie de saison. Avec les Genevoises, elle remporte la Coupe. À partir de la saison à venir, elle est sous contrat avec le FC Bâle.

Sow fait ses débuts en équipe nationale à l'automne 2018. Depuis, elle a disputé 37 matchs internationaux (13 buts). Elle a quatre frères et sœurs, dont deux sont plus jeunes (13/10). Son cousin est Djibril Sow, qui joue à l'Eintracht Francfort.

Coumba Sow est née le 27 août 1994 à Zurich. Son père est sénégalais et sa mère hollandaise. Après sa maturité, elle part pour quatre ans aux États-Unis avant de revenir au FC Zurich en 2018. Avec le FCZ, elle remporte au total trois titres de championne.

Après quatre autres années à l'étranger, à Paris, elle joue pour Servette lors de la deuxième partie de saison. Avec les Genevoises, elle remporte la Coupe. À partir de la saison à venir, elle est sous contrat avec le FC Bâle.

Sow fait ses débuts en équipe nationale à l'automne 2018. Depuis, elle a disputé 37 matchs internationaux (13 buts). Elle a quatre frères et sœurs, dont deux sont plus jeunes (13/10). Son cousin est Djibril Sow, qui joue à l'Eintracht Francfort.

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Comment réagissez-vous dans de telles situations?
Intérieurement, je suis toujours en train de bouillir. Mais à l'extérieur, j'essaie de réagir de la manière la plus cool possible. Cela dépend aussi toujours de la personne avec qui tu es.

Pourquoi réussissez-vous à rester cool?
Parce que c'est déjà arrivé plusieurs fois et que ça arrivera encore mille fois. Si tu cries comme une Black angry woman, ils ont gagné. Car c'est ainsi qu'ils te considèrent et qu'ils parlent de toi. Je redescends, je reste professionnelle, pour qu'ils se remettent peut-être aussi en question. Mais il y a des gens qui ne veulent pas comprendre.

Vous avez longtemps vécu aux États-Unis. Comment avez-vous fait l'expérience du racisme là-bas?
C'était très choquant. Dans certains quartiers, tu as intérêt à rester chez toi, car tu peux te faire tirer dessus à tout moment. L'image que beaucoup ont est transmise dans un cercle familial et elle est profonde. Il faut l'éliminer. Il faut également s'attaquer aux idées qui sont simplement transmises, notamment à l'école. L'histoire est toujours transmise du point de vue des Blancs américains ou européens, alors qu'il existe une riche histoire africaine. Mais celle-ci doit être apprise par soi-même.

Vous avez également vécu dans le Midwest, en Oklahoma.
Là-bas, ils assument en partie ouvertement le fait qu'ils sont racistes et invoquent la liberté d'expression. Je pense qu'ils ont peur qu'on leur enlève quelque chose. Mais il y a aussi eu de beaux moments, dans les universités, avec tous les différents sportifs et nationalités, tout cela ne joue aucun rôle. Mais on évolue tout de même dans une bulle.

Aujourd'hui, vous vivez à nouveau en Suisse. Qu'est-ce qui vous a poussé à rejoindre le FC Bâle?
Ils investissent beaucoup dans le projet, ils ont recruté de bonnes joueuses. Je connais Theo (ndlr Karapetsas, responsable du sport féminin) depuis longtemps, il n'a pas lâché l'affaire. Je suis partie pendant neuf ans, c'est bien de se rapprocher un peu de la famille. J'ai envie de prendre un poste de direction. Dans la perspective du Mondial de 2025, c'est une bonne dynamique.

Connaissez-vous bien l'entraîneuse Kim Kulig?
L'entretien avec Kim a été décisif. J'ai eu un très bon sentiment quand je l'ai eue au téléphone. C'est important que ça colle avec l'entraîneuse.

Vous êtes une citadine zurichoise. Combien de remarques avez-vous dû essuyer avec ce transfert à Bâle?
Cela dure encore aujourd'hui, par exemple de la part de Fabi (ndlr Humm). Et bien sûr, c'était aussi un sujet de discussion à la maison. Mon père se promène encore aujourd'hui avec la casquette du FCZ, avec laquelle il venait aussi regarder mes matches au Servette.

Y avait-il aussi des contacts avec le FCZ?
Oui, mais la situation financière était meilleure à Bâle. De plus, je commence des études par correspondance en management du sport et en économie. Il faut avoir quelque chose quand on a terminé dans le football.

Êtes-vous aussi revenue en Suisse parce qu'Inka Grings mise sur des joueuses de la Super League?
Elle mise sur des joueuses qui jouent. Il vaut mieux que tu sois dans un bon club en Suisse plutôt que sur le banc à l'étranger.

La Coupe du monde a vraiment commencé vendredi. La période de préparation n'a-t-elle pas été trop longue?
Je ne m'ennuie jamais. Nous nous entraînons et nous régénérons beaucoup, nous prenons aussi parfois un café en ville. Entraînement final, match, puis retour en voyage. En fait, tout va trop vite. Après l'Euro, nous étions à l'aéroport et tout le monde a presque pleuré parce que nous ne voulions pas rentrer à la maison.

La Norvège est dos au mur. À quoi vous attendez-vous pour ce match?
Elles viendront avec tout ce qu'elles ont. Elles ont une classe individuelle devant. Nous devons être prêtes. Mais si nous continuons comme nous avons commencé, nous avons de bonnes chances de gagner.

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