Sans casser des briques, la France retrouvera le Maroc mercredi en demi-finale de la Coupe du monde (20h, heure suisse). Les Tricolores ont souffert en quarts face aux Anglais, mais ils ont fait un nouveau pas vers la défense de leur titre (2-1).
Les séduisants «Three Lions» ont été soufflés par un double coup de «Grizou». Le numéro 7 français a d'abord trouvé dans l'axe Aurélien Tchouameni, dont la lourde frappe a lancé les hostilités (17e, 1-0).
Griezmann tient aussi son record
En deuxième mi-temps, le centre d'Antoine Griezmann a fendu le ciel d'Al-Khor et la défense britannique pour trouver l'inévitable Olivier Giroud (78e, 2-1). Un goal décisif, tombé au plus fort de la domination adverse, qui permet aussi à l'attaquant savoyard de consolider son record avec une 53e réussite pour les Bleus.
Son fournisseur officiel de caviar est, lui aussi, entré dans l'histoire de l'équipe de France au Qatar. Grâce à ses deux services contre les Anglais, Griezmann a dépassé Zinedine Zidane (26) et Thierry Henry (27) pour devenir le meilleur passeur sous le maillot national avec 28 passes décisives.
Nécessaire «au coeur du jeu»
Une nouvelle référence comme une évidence pour l'attaquant recyclé en maître à jouer chez les Bleus. Le Mâconnais n'est plus l'ailier bondissant, ce gendre idéal qui avait séduit tout un pays lors de l'Euro 2016 à domicile, dont il a terminé meilleur buteur.
Le soliste est devenu chef d'orchestre d'une équipe de France efficace à défaut d'être enthousiasmante. «Mon rôle est assez libre, analysait le principal intéressé avant le huitième de finale gagné contre la Pologne (3-1). Je dois être là dans la relation avec la défense et les attaquants. Je suis peut-être moins proche de la surface adverse, mais je pense que l'équipe a besoin de moi plus dans le cœur du jeu.»
Une mission que Paul Pogba avait relevée avec brio en Russie où la France avait obtenu le deuxième titre mondial de son histoire.
A nouveau heureux en Espagne
Avec trois passes décisives dans cette Coupe du monde 2022, Antoine Griezmann a rejoint Bruno Fernandes et Harry Kane en tête du classement. Deux adversaires qui ne pourront plus améliorer leur total dans ce Mondial.
Reculer, pour mieux sauter. Telle pourrait être la divise de ce nouveau «Grizou» qui a mis de côté son transfert raté à Barcelone et retrouve le sourire à l'Atlético.
La clé Deschamps
Cette rocade tactique qui porte aussi la patte de Didier Deschamps. Un entraîneur qui avait lancé Antoine Griezmann chez les Bleus en mars 2014 déjà. 115 sélections plus tard, le lien est plus fort que jamais, flirtant même avec la dévotion.
«Je lui dois tout en équipe de France, a appuyé le joueur, en parlant du sélectionneur la semaine dernière. Je donne tout pour le maillot, pour la France, mais aussi pour lui. J'essaie de tout faire pour qu'il continue à avoir confiance en moi. Chaque match, chaque action, c'est comme un merci que je lui envoie.»
«Je soutiens la communauté LGBT»
Au Qatar, les Français n'ont jamais fait partie de la coalition européenne qui comptait porter le brassard «One Love» en début de tournoi. Une frilosité incarnée par le président de la Fédération, Noël Le Graet, et le capitaine Hugo Lloris.
Antoine Griezmann est l'une des rares joueurs de haut niveau à s'engager contre l'homophobie. Il n'a pas eu peur de rappeler cet attachement sur le sol d'un pays hôte qui criminalise l'homosexualité. «Peu importe où je serai dans le monde, la communauté LGBT sait que je les soutiens et que je les respecte.» Il n'y a donc pas que sur le terrain que «Grizou» sort du lot.
Encombrant Mbappé
Samedi en quarts de finale, les Anglais étaient obnubilés par le danger Kylian Mbappé. Gareth Southgate avait échafaudé un plan diabolique, incarné par Kyle Walker. Le latéral de Manchester City a éteint la star du PSG, avec le concours de ses coéquipiers du milieu Jordan Henderson et Jude Bellingham.
Une prise à deux, parfois même à trois, qui a libéré de l'espace pour Antoine Griezmann. Étincelant en première mythique, le Français s'est contenté d'être déterminant après la pause.
Sur les traces de Pelé?
De quoi nourrir encore un peu plus les ambitions françaises. «On a retrouvé un super état d'esprit, une générosité incroyable, s'est réjoui Olivier Giroud après le succès des Bleus contre l'Angleterre au stade Al Bayt. L'état d'esprit me rappelle vraiment celui de 2018. Ce groupe mérite de belles choses.»
Le dernier doublé en Coupe du monde remonte à soixante ans et les deux succès brésiliens incarnés par Pelé, puis Garrincha (1958/1962). Une autre époque, une autre équipe aussi.