Shaqiri, Yakin & Cie moqués
Une star suisse des réseaux sociaux accusée de racisme

Son «analyse du chant» pendant l'hymne national pourrait être fatal à une star des réseaux sociaux. Malgré une plainte de l'Association suisse de football, l'accusé n'est pas perturbé et souhaite une rencontre avec Xhaka et Cie.
Publié: 09.01.2024 à 07:22 heures
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Dernière mise à jour: 09.01.2024 à 07:44 heures
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Sebastian Wendel

Xherdan Shaqiri et Granit Xhaka sont des «Schachtelgrind» (ndlr que l'on peut traduire par «têtes carrées»). Murat Yakin un «vendeur de kebabs». Et Jordan Lotomba a une «silhouette effrayante». Sous le pseudonyme «bireweichesouhund», le tiktoker Mirco Casorelli se moque des stars de l'équipe nationale suisse, ce qui lui vaut aujourd'hui une plainte pour infraction à la norme pénale contre la discrimination raciale (art. 261bis du Code pénal). L'expéditeur n'est autre que l'Association suisse de football (ASF).

L'hymne de la Nati sous la loupe

Contexte: depuis un certain temps, Mirco Casorelli examine de près les stars de l'équipe de Suisse de football pendant l'hymne national. Il commente qui chante et qui ne chante pas, agrémente le tout des termes mentionnés au début et publie les vidéos sous le titre «Singkontrolle» ("Analyse du chant"). Bien que certains critiquent Casorelli pour cela, il est en grande partie applaudi par ses followers. Sur TikTok, 72'000 personnes suivent «bireweichesouhund», sur Instagram 18'700.

En raison de cette grande portée, Mirco Casorelli est, du point de vue de l'ASF, une personne publique. Et une plainte est justifiée. En juillet dernier déjà, la fédération a demandé à la police cantonale bernoise d'ouvrir une enquête contre la star des réseaux sociaux. Adrian Arnold, directeur de la communication de l'ASF, nous a déclaré: «Chacun est libre de considérer que le fait de ne pas chanter l'hymne est une bonne chose ou non. Mais l'humour et la parodie s'arrêtent là où la dignité d'un être humain est bafouée ou des personnes humiliées. En l'occurrence, l'auteur insulte, humilie et s'en prend publiquement à nos joueurs dont les familles sont issues de l'immigration, c'est-à-dire en raison de leur origine. C'est du racisme que nous ne tolérons en aucun cas à l'ASF, ni dans le football, ni ailleurs dans notre société».

L'équipe nationale suisse pendant l'hymne national lors du match de qualification pour l'Euro contre Israël.
Photo: TOTO MARTI
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Selon nos informations, le souhait d'agir contre les vidéos est surtout venu de Granit Xhaka, Xherdan Shaqiri et compagnie. De la part des joueurs, donc. Dans un premier temps, l'ASF a hésité à offrir une plateforme encore plus grande à ces contributions. Mais après que Mirco Casorelli ait également «frappé» pendant l'Euro des moins de 21 ans en été 2023, la plainte a tout de même été déposée. C'était aussi un signal pour que l'ASF fasse suivre d'actes, si nécessaire, les campagnes contre le racisme et la discrimination qu'elle avait lancées.

Il a reçu un courrier de la police

Six mois plus tard, à la fin de la semaine dernière, Mirco Casorelli a reçu un courrier de la police. Une invitation à prendre position sur les faits qui lui sont reprochés. Ce qu'il va dire à la police, Mirco Casorelli l'anticipe pour le Blick: «C'est ridicule! Je ne suis certainement pas raciste. Mon père est italien, ma femme a la peau noire. Les vidéos sont satiriques». Lorsqu'il parle du «Yougo Boyband», il est bien conscient que les Albanais et les Serbes sont deux camps différents. Il a de nombreux amis issus de l'immigration, les Albanais de souche se crieraient «Schachtelgrind» entre eux dans les blagues. Et: «Si quelqu'un me dit «mangeur de spaghettis», il n'y a rien de mal à cela. Tant que cela ne veut pas dire quelque chose d'agressif».

Il aurait commencé les «contrôles de chant» parce qu'il avait vu une vidéo similaire sur internet: «J'étais alors malade, je m'ennuyais et je l'ai imitée. Mais juste pour le plaisir!»

Il trouve la plainte exagérée

Malgré tout, peut-il comprendre les raisons invoquées par l'ASF pour porter plainte? «Comme je l'ai dit, une plainte est totalement exagérée. Et je n'ai pas non plus peur d'une condamnation. Du moins, un policier m'a dit au téléphone que je n'avais pas à m'inquiéter. Mais oui: ceux qui ne savent pas que je gagne ma vie en faisant de la satire sur les réseaux sociaux et qui n'ont jamais vu les vidéos pourraient penser que je suis raciste».

Jusqu'à présent, il a décidé de ne pas prendre d'avocat. Il veut d'abord attendre son interrogatoire par la police. Il préférerait de loin régler l'affaire autrement: en face à face avec les stars de l'équipe de Suisse dont il se moque. «Ce serait top! Mais je crains de ne pas être assez célèbre pour cela.»

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