«Es wird immer gewechselt! On change après chaque erreur! Allez! Shaq, links! A droite, Kutesa!» La grosse voix de Giorgio Contini est de très loin celle qui se fait le plus entendre sur le terrain de football de La Manga, pour son tout premier entraînement avec l’équipe de Suisse, ce mardi matin. L’atelier qu’il anime est bruyant, passionné, et les joueurs ont du répondant. A quelques mètres de là, Murat Yakin observe, dans un rôle de «manager» qui lui convient sans doute assez bien. En une phrase: Giorgio Contini amène de la vie et cela s’entend.
Pierluigi Tami en est d'ailleurs convaincu, le choix d'avoir enrôlé l'ancien entraîneur du Lausanne-Sport est une excellente chose. «Giorgio est un entraîneur qui aura le rôle d'assistant, si je peux le dire ainsi», explique le directeur des équipes nationales.
Murat Yakin est heureux de ce choix
«Vincent Cavin est parti, c'était sa volonté. Il voulait avoir un nouveau défi et il en a trouvé un bon, je pense, aux Etats-Unis. Je lui souhaite le meilleur», a souligné le Tessinois, lequel a immédiatement ajouté qu'il était important de trouver un assistant qui «convienne à Murat». Giorgio Contini était ainsi un candidat que «Murat a tout de suite bien aimé». Les deux hommes avaient déjà travaillé ensemble, d'ailleurs, voilà plus de dix ans au FC Lucerne. Leur contrat se termine pour tous les deux à la fin de l'Euro en Allemagne.
Un homme qui connaît très bien Giorgio Contini et l'ASF s'appelle Pablo Iglesias. Joint par Blick, l'ancien directeur sportif du LS et sélectionneur d'équipes nationales suisses juniors, est convaincu que «coach Contini» peut se révéler utile et précieux dans le rôle qui est désormais le sien auprès de Murat Yakin.
Des séances avec de l'intensité
«Même si la fonction est bien différente en club et en sélection, Giorgio va pouvoir apporter énormément dans les séances sur le terrain et en dehors. Sur le terrain, les séances seront préparées, avec l'intensité nécessaire. Et en dehors, sa personnalité, son sens de l'écoute et son empathie seront des atouts qui feront du bien, j'en suis persuadé», explique le directeur du football du FC Sion.
A Lausanne, Pablo Iglesias et Giorgio Contini ont travaillé en collaboration étroite et le premier a pu se rendre compte du professionnalisme du second. «C'est un homme à l'écoute, qui comprend vite les choses et les interprète très bien. Il a cette capacité-là, celle de vite saisir ce dont son interlocuteur a besoin et quelles sont ses attentes. Il pouvait le faire avec Stjepan Kukuruzovic, mais aussi avec un jeune comme Cameron Puertas. Il se met bien à la place de l'autre, il est d'une grande finesse dans les rapports humains. Et ça, en sélection, ça va compter. Et en plus, bien sûr, il est méthodique et travailleur.»
Il se dit que Vincent Cavin souffrait d'un procès en légitimité de la part des cadres que sont Granit Xhaka et Manuel Akanji, par exemple. Giorgio Contini a-t-il l'étoffe pour être écouté par les cadors de l'équipe? «De nouveau, ce qui compte avec la Nati est autant le travail sur le terrain qu'en dehors. Le fait que l'une des grandes forces de Giorgio soit de s'adapter à son interlocuteur, de l'écouter et de le comprendre, parle en sa faveur. Il va comprendre ce dont ont besoin tous les joueurs, les cadres comme ceux qui arrivent, et va savoir comment leur parler en conséquence», assure Pablo Iglesias.
«Une grande valeur ajoutée»
Si Giorgio Contini a été choisi, c'est également en raison de sa carrière et de son vécu en club. «Giorgio est quelqu’un qui a connu des expériences dans les dernières années en Suisse. Il a été entraîneur principal à Saint-Gall, au LS, à GC... Il a de la personnalité et sera une grande valeur ajoutée pour Murat et son staff», espère Pierluigi Tami, lequel explique qu'il n'a pas été question, dans son esprit, de créer, en plus, un poste de team manager que l'on imaginait volontiers dévolu à une ancienne gloire de l'équipe nationale, du style de Stephan Lichtsteiner, par exemple. «Cela n'était pas à l'ordre du jour.»
Une grande expérience dans le football suisse
L'expérience de Giorgio Contini a donc été un critère déterminant dans le choix de l'engager, ce que comprend tout à fait Pablo Iglesias. «Quel entraîneur est depuis plus longtemps que lui dans le circuit? Depuis quinze ans, il n'a dû manquer que deux ou trois saisons en tout....» En Super League ou Challenge League, Giorgio Contini fait en effet partie des plus anciens techniciens, avec Marco Schälllibaum ou Uli Forte, par exemple.
Le fait de parler toutes les langues nationales est un gros avantage, surtout pour que le message passe vite et bien. «Je l'ai expérimenté moi-même. Tu as beau parler une langue, si tu n'en maîtrises pas les subtilités, ta théorie est moins percutante, touche moins le joueurs si tu n'as pas les mots justes dans sa langue. Tu as l'impression que tu transmets bien, mais tu ne sais pas comment c'est réellement reçu... Giorgio va pouvoir toucher les joueurs, avoir un impact, tout en restant à sa place. Il sait qu'il est assistant, il a ce vrai respect de la hiérarchie, mais il apportera ce qu'il a à apporter», enchaîne Pablo Iglesias.
Murat Yakin peut donc compter sur un adjoint de qualité en la personne de Giorgio Contini, avec une particularité qui ne fera pas de mal: celle d'avoir été un attaquant professionnel avec plus de 250 matches de Super League au compteur. «Il pourra aider nos jeunes attaquants, qui manquent encore d'efficacité parfois. Dans ce domaine précis, en plus de ses fonctions d'assistant, il peut donner des conseils spécifiques, une vision, d'autres idées», assure Pierluigi Tami.
Le nouvel assistant du sélectionneur viendra s'exprimer devant la presse ce mercredi à La Manga et dévoilera lui-même ce qu'il attend de son expérience dans le staff de Murat Yakin et ce qu'il peut apporter au sélectionneur national et à la Nati dans son ensemble. Juste après avoir (beaucoup) parlé sur le terrain lors de la séance matinale, comme il l'aura fait la veille et comme il le fera le lendemain.