Grandiose, magnifique, exceptionnel ou historique. Les adjectifs viennent à manquer pour qualifier la prestation des SR Delémont face au FC Saint-Gall en 16es de finale de la Coupe de Suisse. Le «petit» a éliminé le «grand», le club de troisième division à terrasser celui de l'élite.
Et forcément, après un tel exploit, les personnes présentes à la Blancherie avaient envie de célébrer avec leurs joueurs. Alors des dizaines se sont ruées sur la pelouse et ont soulevé en triomphe certains de leurs protégés. D'ailleurs, ceux-ci prennent leur temps avant de venir nous parler. Mais comment leur en vouloir après cette prouesse? Qu'ils profitent, à raison. Une telle performance mérite bien les accolades et les embrassades des plus fervents fans.
«Par chance, ça rentre»
Mais avant ces scènes de liesse, revenons un peu en arrière. Il est 14h31 lorsque les deux formations pénètrent sur le terrain. Quel est l'état d'esprit des Jurassiens au moment de fouler cette pelouse de la Blancherie? «Avant la rencontre, j'ai dit à mes gars qu'on avait une bonne équipe et qu'il suffisait de le démontrer, révèle Anthony Sirufo, l'entraîneur des SRD. Qu'il fallait prendre du plaisir, ne pas avoir peur ou de regrets. Et je pense qu'ils l'ont parfaitement assimilé.» Directement dans le match, les Jurassiens ont prouvé aux Saint-Gallois qu'il ne fallait pas prendre ce match à la légère.
À 14h47, les SR Delémont ont d'ailleurs pris les devants par Martin François. «Daoud Touré gagne souvent ses 1 contre 1 et quand il élimine son vis-à-vis, je sais qu'il va centrer fort devant le but donc je me jette, décrit le premier buteur. Par chance, ça rentre.» Malgré l'égalisation quelques instants plus tard, les Jurassiens n'ont pas paniqué. «Je n'ai pas vu une équipe qui était stressée, même quand on a encaissé», souligne Anthony Sirufo.
Une célébration à revoir
Et avant la pause, c'est le capitaine Matteo Cesca qui a pu redonner l'avantage aux siens. Une réussite qui sera finalement synonyme de qualification pour les SRD. «Je vois qu'il n'y a personne au deuxième poteau et je sens le coup, sourit le buteur décisif à la fin de la rencontre. Je vois qu'il y a un petit espace entre le pied du gardien et le poteau. Je me dis que je vais mettre tout ce que j'ai et c'est rentré.» Autant Matteo Cesca est content de son but, autant la célébration est à revoir selon les dires du défenseur des SRD: «Je n'ai pas souvent l'habitude de marquer donc la réaction n'est pas des meilleures mais l'émotion était vraiment là.»
Une grande émotion qui reviendra d'ailleurs au moment du coup de sifflet final, lorsque l'arbitre de la rencontre peut délivrer Delémont et ses supporters à 16h32. «Ce n'est pas tous les jours dans une carrière qu'on vit des victoires comme celle-ci, rappelle le capitaine des SRD. Quand on voit tout le peuple jurassien qui est venu nous soutenir, ça nous fait chaud au cœur et on est content de leur avoir offert cette qualification. Ça donne la chair de poule.»
Pour tout le club
Martin François ne peut qu'aller dans le sens des paroles de l'autre buteur de l'après-midi. «C'est la folie», sourit-il après la rencontre. Et les sourires sont sur tous les visages des Delémontains «Ça vient valider la promotion de l'année dernière et notre bon début de championnat, appuie le coach Anthony Sirufo. Et on élimine ce qui se fait quasiment de mieux en Suisse.»
Et pour y parvenir, les SRD ont fait preuve d'une solidarité sans relâche. Derrière l'exploit, il y a tout un club. «Ça fait longtemps qu'on n'avait pas eu cette ferveur, rappelle l'entraîneur jurassien. Le masseur qui est là depuis 20 ans avait envie de revivre ça. C'est pour récompenser un peu tout le monde.» Martin François veut lui aussi mettre en avant l'équipe avant l'individuel: «C'est le match des SR Delémont et je suis très fier de ce qu'on a fait dans l'ensemble.»
Lucerne au prochain tour
Au moment des interviews, les Jurassiens ne savaient pas qui ils allaient affronter au prochain tour. Le verdict est tombé trois heures plus tard: c'est Lucerne qui viendra à la Blancherie. Un nouveau club de Super League.
Et c'est Martin François qui sera le plus content. «Quand on a connu une telle ambiance, on a à nouveau envie qu'une grosse écurie revienne ici», nous a confié le No 10 de Delémont. Matteo Cesca – qui aurait bien aimé jouer le FC Bâle – voyait les choses en grand… ou presque: «On va aller gagner la finale… Non, je rigole.» Les SRD ne sont pourtant «plus qu'à» quatre exploits de remporter la Coupe de Suisse.