Marco Tardelli, champion du monde en 1982 avec l'Italie
«Il nous manque des stars comme Totti, Del Piero et Baggio»

Marco Tardelli, champion du monde avec l'Italie en 1982, se confie à Blick sur les chances de l'Italie à l'Euro, de ce qui a manqué à la «Squadra Azzurra» au cours des dernières années et des favoris pour le titre. Interview.
Publié: 15.06.2024 à 18:15 heures
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Dernière mise à jour: 15.06.2024 à 18:17 heures
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Carlo Emanuele Frezza

Marco Tardelli, l'Italie est certes tenante du titre, mais elle ne fait pas partie des plus grands favoris pour le titre européen. Que peut espérer cette «Squadra Azzurra»?
C'est une bonne question. Nous avons une bonne équipe, dans laquelle règne une ambiance positive, mais il nous manque un joueur de classe mondiale. En revanche, nous avons un grand entraîneur en la personne de Luciano Spalletti. Il sait comment parvenir à l'unité et a il a toujours fait en sorte, dans toutes les équipes, que tout le monde le suive et croie en lui. Je ne sais pas ce que cela va donner. Mais si nous sortons de notre groupe, nous verrons bien.

Ce ne sera pas une mince affaire. Avec l'Espagne, la Croatie et l'Albanie, c'est un groupe de choc qui attend l'Italie.
Stop. Il n'y a pas que l'Italie dans ce groupe. Pour l'Espagne et la Croatie, ce sera tout aussi difficile. Dans ce genre de tournois, on ne peut réussir que si l'on a le momentum de son côté. Nous devons maintenant transformer la colère causée par les blessures en énergie positive (ndlr: Giorgio Scalvini et Francesco Acerbi sont blessés et Nicolò Barella est incertain pour le premier match).

En 2021, personne ne s'attendait à ce que l'Italie soit championne d'Europe. Un peu comme aujourd'hui. Avez-vous le sentiment que l'Italie peut à tracer sa route dans l'ombre et en profiter?
Personne ne sous-estime l'Italie. Même si nous avons traversé des périodes difficiles.

Le champion du monde Marco Tardelli est optimiste pour l'avenir du football italien.
Photo: Getty Images
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Vous faites ainsi allusion au fait d'avoir manqué les phases finales de la Coupe du monde 2018 ainsi que 2022. Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ces dernières années?
Il n'y a pas quelque chose de spécifique qui n'a pas fonctionné. Il nous manque tout simplement des joueurs d'exception, comme l'étaient Francesco Totti, Alessandro Del Piero, Roberto Baggio et Giancarlo Antognoni. De tels joueurs ne naissent pas tous les ans. Mais les choses s'améliorent lentement. Je vois beaucoup de jeunes joueurs de qualité.

Luciano Spalletti est-il l'homme qu'il faut pour redorer le blason de l'Italie?
J'en suis convaincu. Il a d'ailleurs construit son effectif pour l'Euro dans l'optique de la Coupe du monde 2026. Nous avons la sixième équipe la plus jeune. Cet Euro doit donc aussi servir de préparation à la prochaine Coupe du monde.

Le sélectionneur Spalletti est notamment connu pour ses règles strictes. Cet Euro ne fait pas exception: interdiction du téléphone portable à table, pas d'écouteurs, pas de consoles de jeu dans les chambres, mais uniquement dans les espaces communs. Qu'en pensez-vous?
Je soutiens ces mesures. Certes, le monde continue de tourner et les temps changent. Mais il y a des principes qui sont très importants. La convivialité et l'échange personnel sont élémentaires dans un sport d'équipe comme le football. Il faut se connaître les uns les autres pour donner le meilleur de soi-même. C'est pourquoi je n'aime pas que l'on reste enfermé dans sa chambre avec son smartphone ou que l'on s'isole du reste avec des écouteurs.

Quel joueur italien peut créer la surprise?
Je mise sur Gianluca Scamacca. Il n'a pas encore montré le meilleur de lui-même. Et il faut toujours un «goleador».

Vous n'étiez certes pas vous-même un buteur, mais vous avez marqué le 2-0 décisif en finale de la Coupe du monde 1982 contre l'Allemagne. Vous vous êtes ensuite fait l'auteur de la célébration la plus belle et la plus emblématique de l'histoire du football. On vous en parle encore souvent?
Assez souvent. Ce sont des souvenirs magnifiques et merveilleux. Remporter ce titre signifiait énormément pour moi. Ce maillot était comme ma deuxième peau.

Votre brillante carrière de joueur comprend également un court chapitre au FC Saint-Gall.
J'avais des coéquipiers très sympathiques et je m'amusais beaucoup. Certes, on vit le football en Suisse moins intensément qu'en Italie. Mais c'était une période formidable.

Comment évaluez-vous les chances de la Suisse à l'Euro?
Vous avez une bonne équipe qui peut poser des problèmes à n'importe quel adversaire. Pour moi, vous avez des chances d'être des outsiders pour le titre.

Et qui a les meilleures cartes en main?
La France, le Portugal et l'Allemagne. Mais j'espère bien sûr l'Italie.

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