La cofondatrice de l'équipe nationale
«Les joueuses de football sont en danger de mort»

Les talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan. Pour les femmes, c'est une terrible nouvelle. Khalida Popal, cofondatrice de l'équipe nationale féminine afghane de football, raconte la situation dramatique pour les joueuses depuis le Danemark, où elle a dû s'exiler.
Publié: 18.08.2021 à 05:59 heures
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Dernière mise à jour: 18.08.2021 à 16:21 heures
Khalida Popal est inquiète pour le football féminin en Afghanistan.
Photo: imago/Ritzau Scanpix
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Nicola Abt (Interview), Louise Maksimovic (adaptation)

Khalida Popal a été la première femme capitaine de l’équipe nationale féminine afghane en 2007. Elle a joué un rôle majeur dans l’avènement du football féminin dans son pays. Depuis lundi, tout a changé. Les talibans ont pris le contrôle de Kaboul et les femmes risquent de perdre tous leurs droits.

Les propos de Khalida Popal ont pu être recueillis par téléphone. Elle vit aujourd’hui au Danemark, où elle a dû s’exiler car elle s’était insurgée contre des agissements répréhensibles de la part de dirigeants masculins vis-à-vis des joueuses de l’équipe. Elle y poursuit à distance son travail en tant que responsable des programmes et des événements pour l’équipe nationale afghane. L’ancienne joueuse de 34 ans est profondément émue et choquée, et elle craint pour la vie de ses coéquipières qui n’ont pas réussi à fuir le pays.

Khalida Popal, êtes-vous en contact avec les joueuses restées en Afghanistan?
Khalida Popal: Oui, je suis en contact avec elles tous les jours.

Pouvez-vous nous dire comment elles vont?
C’est difficile à dire, la situation est très dangereuse et inquiétante. Tout le monde est sous le choc face à la facilité et la rapidité avec lesquels le pays s’est effondré. Les joueuses ont très peur.

Sont-elles en danger de mort?
Sans aucun doute. Elles sont en grand danger. Dans les jours à venir elles vont être retrouvées. Les plus exposées sont les femmes qui se sont battues pour leurs droits. Elles sont laissées seules sans aucune protection. Cela me fait vraiment très peur.

Que va-t-il se passer maintenant?
Nous avons fait confiance aux organisations internationales. Nous, les footballeuses, voulions représenter le nouveau visage de l’Afghanistan. Et maintenant? Sur le terrain où nous avons joué, des femmes se font assassiner aujourd’hui.

Que doivent faire les joueuses maintenant? Que leur avez-vous conseillé de faire?
Je leur ai dit de supprimer toutes leurs photos et même leurs comptes de tous les réseaux sociaux. La chaîne officielle de l’équipe nationale de football afghane a déjà été supprimée. Les talibans savent qui sont ces femmes. Il ne sera pas difficile pour eux d’identifier les footballeuses. Elles doivent absolument se cacher.

Est-ce que certaines ont pu fuir le pays?
Non. Le pays s’est effondré si rapidement qu’elles n’avaient aucune chance.

Ces femmes rejoueront-elles un jour au football?
Pas sous le régime des talibans: ils ont déclaré que leur «charia» deviendrait la nouvelle loi. Tout le monde sait en Afghanistan ce que cela signifie. La «loi de la charia» n’accepte pas que les femmes jouent au football. Tout est dit.

Qui peut vous aider maintenant? Et comment?
Tout le monde peut aider. Posez des questions. Je veux que tous ceux qui veulent aider de quelque manière que ce soit posent plus de questions. Et les femmes? Demandez-vous pourquoi ce sont toujours les hommes qui prennent les décisions dans ce conflit.

Avez-vous peur lorsque vous vous exprimez aussi clairement contre les talibans?
Non. Je me sens en sécurité au Danemark, mais je suis toujours attaquée. Je reçois beaucoup de haine sur mes réseaux sociaux. Les gens veulent me faire taire.

Pourquoi avez-vous dû vous réfugier au Danemark?
J’ai parlé des problèmes en Afghanistan, et certaines personnes n’ont pas aimé ça. Des fonctionnaires de l’association de football ont violé des jeunes filles. Je ne pouvais pas rester sans rien faire. Après cela, j’ai reçu des menaces de mort, et je n’en pouvais plus. Je devais fuir.

Certains membres de votre famille sont-ils encore en Afghanistan?
Malheureusement, oui. Ce n’est pas une période facile en ce moment.

Khalida Popal lutte contre l’émotion au bout du fil. Elle est désespérée, mais plus déterminée que jamais à se battre. La situation de crise ne touche pas seulement les footballeuses. Lundi, il a été annoncé que la délégation paralympique afghane ne serait pas en mesure de participer aux Jeux paralympiques qui doivent débuter le 24 août. À cause de la situation actuelle dramatique dans le pays, tous les aéroports sont fermés et il n’y a aucun moyen pour eux de se rendre à Tokyo.

Les débuts de l'équipe nationale féminine de football en Afghanistan

Le 14 décembre 2010 est une date historique pour l'Afghanistan. Après une longue lutte, une équipe nationale de football féminine afghane est autorisée à jouer un match de compétition pour la première fois. Les débuts sont difficiles et elles perdent 0-13 contre leurs adversaires du Népal.

Ce jour-là, Khalida Popal avait mené son équipe sur le terrain en tant que capitaine après avoir fondé avec ses coéquipières l'équipe nationale en 2007. Les jeunes femmes ont franchi une autre étape en 2012, lorsqu'elles ont remporté le premier match de leur histoire (2-0) contre le Qatar.

En dehors du terrain, ce sont les problèmes les plus graves qui ont ont pris le dessus. Selon l'ex-capitaine de l'équipe, l'un des responsables de l'équipe considérait les jeunes femmes comme des «morceaux de viande». Il y a eu plusieurs agressions sexuelles. Le patron a depuis été démis de ses fonctions par la FIFA. Actuellement, l'équipe nationale féminine d'Afghanistan est classée 152e sur un total de 167 nations dans le classement mondial de la FIFA.

Le 14 décembre 2010 est une date historique pour l'Afghanistan. Après une longue lutte, une équipe nationale de football féminine afghane est autorisée à jouer un match de compétition pour la première fois. Les débuts sont difficiles et elles perdent 0-13 contre leurs adversaires du Népal.

Ce jour-là, Khalida Popal avait mené son équipe sur le terrain en tant que capitaine après avoir fondé avec ses coéquipières l'équipe nationale en 2007. Les jeunes femmes ont franchi une autre étape en 2012, lorsqu'elles ont remporté le premier match de leur histoire (2-0) contre le Qatar.

En dehors du terrain, ce sont les problèmes les plus graves qui ont ont pris le dessus. Selon l'ex-capitaine de l'équipe, l'un des responsables de l'équipe considérait les jeunes femmes comme des «morceaux de viande». Il y a eu plusieurs agressions sexuelles. Le patron a depuis été démis de ses fonctions par la FIFA. Actuellement, l'équipe nationale féminine d'Afghanistan est classée 152e sur un total de 167 nations dans le classement mondial de la FIFA.

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