L'Europa League débute ce soir
Servette - Slavia en six points chauds

Jérémy Frick titulaire, le soutien populaire grandissant, la nécessité de bien débuter, le test pour René Weiler... Les questions ne manquent pas en marge du premier match de l'histoire du Servette FC en phase de groupes d'une compétition européenne.
Publié: 21.09.2023 à 15:17 heures
Tim Guillemin

L'heure approche! Les supporters du Servette FC se sont réveillés ce jeudi matin avec un sentiment particulier, celui que connaissent tous les fans d'un club s'apprêtant à jouer un match européen. Cette saveur irremplaçable, les joueurs la ressentent aussi, ainsi que l'a confirmé Alexis Antunes à la veille d'affronter le Slavia.

Qu'attendre de cette rencontre de jeudi? Les premiers éléments de réponse arriveront dès le coup d'envoi, programmé à 18h45, et, en attendant le verdict sportif, Blick aborde six points chauds.

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Le retour de Jérémy Frick dans le but, une évidence

Même si l'intérim de Joël Mall a été plutôt réussi, il n'a été... qu'un intérim justement. René Weiler a effectué le choix de la facilité, mais aussi le plus logique, en redonnant un temps d'avance à Jérémy Frick une fois que celui-ci est revenu de blessure. Le timing a été bien géré, avec ce retour à Bulle, face à une équipe de Promotion League, qui a permis au capitaine du SFC de retrouver toutes ses sensations et de postuler à une place de titulaire ce jeudi face au Slavia, dans un duel de prestige. 

Jérémy Frick a effectué son retour au jeu samedi dernier à Bulle et enchaînera ce soir devant sans doute plus de 20'000 spectateurs.
Photo: DUKAS

René Weiler a été parfait dans sa communication, complimentant Joël Mall et le gardant «au chaud» et en confiance si d'aventure Jérémy Frick devait à nouveau sortir du onze titulaire, que ce soit en raison d'une blessure, d'une suspension, ou de prestations insuffisantes répétées. L'entraîneur du SFC avait un dossier chaud à gérer, tant Jérémy Frick est important dans le vestiaire ou dans les coulisses du club grenat, et il l'a fait intelligemment. Il a sans doute expliqué à l'international chypriote la raison de son choix, ce que Joël Mall, arrivé dans un rôle de doublure assumé, a probablement compris.

Son capitaine est le numéro 1, le titulaire, et il a été conforté clairement dans cette position, ce qui était l'évidence, mais qui ne lui accorde pas l'impunité pour autant. Jérémy Frick le sait désormais: il a un gardien derrière lui, prêt à jouer. Son charisme et sa présence sont autant d'atouts qui plaident en sa faveur, tandis que ses points d'amélioration sont connus et identifiés. La précision de son jeu au pied en est un, mais cet aspect est sans doute moins important dans l'esprit de René Weiler que dans celui d'Alain Geiger, où Servette construisait davantage depuis l'arrière.

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La nécessité d'enflammer le stade

Servette accueillera certainement plus de 20'000 spectateurs ce jeudi soir (les détenteurs de packs seront-ils tous là?) et, si le débat des «touristes» a fait sourire bien au-delà de la Suisse romande, il n'est pas complètement inintéressant pour autant. La Suisse romande n'est pas une région où la population se mobilise spontanément pour un match de football et les efforts, réels, entrepris par le secteur marketing du club grenat sont en train de porter leurs fruits.

Servette travaille très bien dans ce domaine et vu que les résultats suivent, un match de clubs impliquant le SFC a pu se disputer à guichets fermés au Stade de Genève, ce qui semblait une phrase impossible à écrire voilà encore quelques mois. Le sport et le marketing main dans la main, l'union fait rêver tous les autres clubs romands et Servette doit exploiter cette avance. Pour ce faire, une «expérience Europa League» positive est espérée dès ce jeudi.

L'exigeant public genevois voudra du spectacle, une équipe qui se bat, des buvettes performantes et, bien sûr, un résultat favorable, pour revenir en championnat. Servette devra enflammer la partie pour avoir son public avec lui et on se réjouit de voir à quel point les joueurs parviendront à recréer la même atmosphère magique que face à Genk et, surtout, Glasgow.

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Une rencontre importante pour René Weiler

Alexandre Alphonse et René Weiler lors de la reconnaissance du terrain, mercredi après-midi au Stade de Genève.
Photo: keystone-sda.ch

L'entraîneur du SFC a réussi ses débuts à Genève grâce à son parcours européen, lequel lui a offert une paix royale pour débuter et a fait oublier l'entame souffreteuse en championnat. Que ce soit face à Genk ou face aux Rangers, Servette a fait vibrer son public et le jeu direct prôné par René Weiler a été vu comme une évolution logique et pertinente du système plus joueur mis en place par Alain Geiger.

Les performances mitigées, voire plus, en Super League, viennent cependant ternir ce constat et Servette a parfois inquiété dans le jeu, notamment contre Yverdon où l'ampleur de la claque a fait mal aux supporters du club grenat. Le cas Guillemenot soulève également des questions, comme la gestion humaine, moins «ronde» que celle de son prédécesseur. Chacun son style, bien sûr, mais René Weiler doit encore prouver être l'homme de la situation à Genève, ce qu'il sait pertinemment. Ancien joueur du club, il connaît parfaitement la maison et sait quels leviers activer à l'interne, dans un club structuré de manière particulière. 

Les transferts, la gestion de tout ce qui se passe hors du terrain, les relations avec les partenaires et les médias: René Weiler a encore des aspects de son métier à découvrir et si l'aventure européenne devait s'essouffler et que la barre n'était pas remontée rapidement en championnat, il n'échapperait pas à quelques questions légitimes sur son management. Et le Zurichois devrait rapidement trouver des soutiens à l'interne pour ne pas voir son statut s'effriter aussi rapidement qu'il s'est trouvé renforcé après Genk et les Rangers.

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Alexis Antunes a une belle carte à jouer

Alexis Antunes, face à Genk, pourrait bien être aligné en soutien de Chris Bedia ce jeudi.
Photo: AFP

Depuis le début de la saison, René Weiler joue en 4-4-2, avec deux «costauds» devant, Chris Bedia et Enzo Crivelli. On pensait que ce système lui plaisait justement pour l'impact physique que mettent les deux attaquants français, mais on avait un peu sous-estimé tout le bien que l'entraîneur du SFC pense d'Alexis Antunes. Il voit le talentueux milieu offensif comme un deuxième attaquant, en soutien de Chris Bedia, et apprécie sa finesse technique.

Le fait d'avoir vu Alexis Antunes être le joueur du SFC préposé à la conférence de presse de veille de match est un signal clair: rares sont en effet les joueurs à venir parler aux médias et à devoir s'asseoir sur le banc au match du lendemain. René Weiler devrait opter à nouveau pour ce système en 4-4-1-1 comme à Bulle, où il n'avait d'ailleurs pas manqué l'occasion de complimenter son meneur de jeu. Et, en cours de match, bien sûr, le technicien fera appel à la puissance physique et à la grinta d'Enzo Crivella, voire à Jérémy Guillemenot, lequel part cependant pour l'instant d'un peu plus loin dans l'esprit du coach.

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La Slavia, une belle équipe, mais à quel point?

Le Slavia Prague est le favori objectif pour la deuxième place de ce groupe qui comprend également le Sheriff Tiraspol et l'AS Rome, ce qui ne veut pas dire que Servette n'a aucune chance, loin de là. Le club tchèque a atteint deux fois les quarts de finale d'une compétition européenne ces dernières années (Europa League 2021, Conference League 2022), des hauteurs que le Servette FC ne connaît pas dans son histoire récente. La question du niveau réel du Slavia actuel se pose tout de même, tant il est difficile d'effectuer des comparaisons entre les championnats.

Certes, le club du légendaire entraîneur Jindřich Trpišovský présente un bilan quasiment immaculé en championnat (7 victoires, 1 nul), mais cela ne garantit en rien un succès européen. Les qualités offensives du Slavia semblent élevées, sa confiance en lui aussi, mais, de nouveau, cela ne présage en rien du déroulement du match de jeudi. L'international tchèque Mojmír Chytil paraît être un attaquant intéressant, dont Servette ferait sans doute bien de se méfier.

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Micha Stevanovic, un cador au niveau européen?

Micha Stevanovic (33 ans) s'apprête à disputer son douzième match sur la scène européenne.
Photo: Andy Mueller/freshfocus

Il figure sans conteste dans le top 3 des meilleurs joueurs de Super League depuis son arrivée à Genève en 2017. Chaque année, Miroslav Stevanovic illumine le championnat de Suisse de sa classe, délivrant caviar sur caviar à ses avant-centres successifs. Bref, le Bosnien est un cador sur le plan national. Sur la scène européenne, le doute demeure, puisque le génie des Balkans n'a disputé, pour l'heure, que onze rencontres continentales, dont six avec Vojvodina Novi Sad, et qu'il n'a pas pu aider Servette à accéder à la Champions League cette saison, n'ayant disputé que 19 minutes lors du retour face aux Rangers, revenant à peine de blessure.

À 33 ans, Micha Stevanovic n'a plus les cannes de feu de ses jeunes années, mais sa vision du jeu et son altruisme demeurent très largement au-dessus du niveau moyen de la Super League. René Weiler compte sur lui et s'est réjoui de son retour positif à Bulle en Coupe de Suisse samedi dernier. Il devrait le titulariser à nouveau ce jeudi, ce qui semblerait logique et pertinent, quitte à le faire souffler dimanche à Lucerne. Le peuple servettien se réjouit de voir le Bosnien prêt à enflammer son aile droite et à percuter la défense du Slavia, qui a certainement déjà identifié la menace.

Alors, Micha Stevanovic peut-il briller sur la scène européenne? Il n'existe aucune raison objective de penser le contraire, mais encore reste-t-il à le prouver.

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