19.06.2021; Baku; Fussball EURO 2020 - Training Schweiz, Torhueter Yann Sommer (SUI) und Torhuetertrainer Patrick Foletti (SUI) ;
(Claudio Thoma/freshfocus)
Photo: Claudio Thoma/freshfocus

Patrick «Fox» Foletti
Le savant fou qui entraîne Yann Sommer

Depuis dix ans, le Tessinois fait travailler les gardiens suisses avec d’étranges exercices mais les résultats sont au rendez-vous.
Publié: 11.11.2021 à 06:16 heures
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Dernière mise à jour: 11.11.2021 à 10:30 heures
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Ugo CurtyJournaliste Blick

Des géants gonflables, des lunettes noires à fréquences Hertz, des boucliers en métal, des ballons aux couleurs bizarres. Les exercices d’entraînement des gardiens suisses sont confectionnés dans un étrange laboratoire.

«Mes joueurs sont comme des cobayes, s’amuse le «savant fou» Patrick Foletti. J’ai 47 ans et je veux toujours expérimenter de nouvelles choses. Mon cerveau tourne 24 heures sur 24.» Ses idées farfelues surgissent de son imaginaire sans prévenir, quand il est au volant de sa voiture ou même au milieu de la nuit. Pourtant, rien n’est laissé au hasard. Tout est lié à un événement très précis: le match à venir.

Yann Sommer doit contrôler le ballon malgré des lunettes qui obstruent sa vision.
Photo: Keystone

Pour l’équipe de Suisse, celui qui arrive ce vendredi soir contre l’Italie a une importance particulière pour la qualification à la Coupe du monde 2022. Yann Sommer sera – encore une fois – attendu comme le sauveur de la patrie. Le gardien devenu héros national travaille avec Patrick Foletti depuis des années. «La première fois qu’on a collaboré, c’était quand j’étais en prêt à GC en 2009, se souvient-il. C’est un «geek» très méticuleux. Ses séances d’entraînements sont toujours très complexes: si tu n’es pas concentré à 100%, c’est impossible à suivre.»

Patrick Foletti travaille avec Yann Sommer depuis 2009 et son prêt à GC.
Photo: TOTO MARTI

Surnommé le «renard»

L’entraîneur spécifique est plus connu sous l’alias de «Fox» («seuls mes parents utilisent encore Patrick»), un surnom hérité de ses années de scolarité au Tessin. «Étudiant, je remettais souvent en question la méthodologie de mes professeurs, c’était mon côté «Che Guevara».» Un aspect rebelle qui n’a jamais quitté le Lucernois d’adoption mais qu’il a su dompter en passant de l’autre côté du miroir. «Il est tout le temps à fond, explique Gaëlle Thalmann, la gardienne des Suissesses. «Fox» va aussi regarder ce qu’il se fait dans d’autres sports. Pour nous, c’est motivant de travailler avec des gens passionnés par ce qu’ils font».

Ce feu sacré brûle ardemment lorsque l’entraîneur parle de son métier, attablé à la Villa Sassa où l’équipe de Suisse a séjourné à Lugano avant de rejoindre Rome. Une mission qui a évolué au contact des nouvelles générations. Distribuer des consignes à des gardiens dépourvus de réflexion ne passe plus. «Il faut expliquer pourquoi ce qu’on fait est bénéfique. C’est plus compliqué d’entraîner aujourd’hui qu’il y a 20 ans mais c’est plus intéressant.» Une réflexion nouvelle qui suit aussi l’évolution du profil des gardiens. Le portier moderne est doté d’une intelligence supérieure. «Les exigences cognitives et tactiques sont énormes», précise Foletti. Fini la période où il suffisait d’être une tête brûlée pour régner sur ses 16 mètres.

Une révolution dans la formation

Les méthodes du Tessinois ont fait l’unanimité à l’ASF. Gaëlle Thalmann détaille cette méthode d’entraînement, «qui peut paraître loufoque de l'extérieur en voyant qu'on utilise par exemple des lunettes de soleil ou des boucliers, mais qui est très concrète». Tout part d’actions tangibles, des phases de jeux qui sont déconstruites pour être entraînées. «L’idée est de placer le gardien dans des situations similaires et améliorer ses prises de décision, ses choix et ses interventions.»

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En dix ans, cette façon de faire s’est imposée à travers le pays, même aux premiers niveaux de la pyramide. «De Lugano à Bâle, les gamins travaillent avec les mêmes principes. Chaque entraîneur y apporte sa touche mais la philosophie est commune», explique «Fox». Un système de formation couronné de succès, comme le rappelle Yann Sommer. «La Suisse peut lui en être reconnaissante.»

Malgré les lauriers de son protégé, le savant fou va poursuivre ses expérimentations. Pour le plus grand plaisir de ses talentueux cobayes.

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