Polémique sur les coupes de cheveux de l'équipe de Suisse
La rédaction de Blick se crêpe le chignon

Que l'on se place à l'Est ou à l'Ouest de la barrière de rösti, l'affaire de la visite d'un coiffeur sur le camp de l'équipe de Suisse provoque des réactions très diverses. Nos journalistes sportifs se livrent un duel interne.
Publié: 15.06.2021 à 17:52 heures
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Dernière mise à jour: 17.06.2021 à 15:12 heures
Grégory Beaud et Andreas Böni

Mardi lors de l’entraînement à Rome, Granit Xhaka et Manuel Akanji se sont présentés sur le terrain avec un tignasse blonde platine. La veille, le camp retranché de l’équipe de Suisse en Italie avait reçu la visite d’un coiffeur débarqué spécialement pour l’occasion. Et la bulle sanitaire dans tout cela? L’as des ciseaux s’est soumis à un test PCR pour l’occasion et donc les règles sanitaires paraissent avoir été respectées.

Cette histoire intervient quelques jours après la polémique du tatouage de Granit Xhaka (encore lui!). Ce dernier avait été se faire tatouer alors que le coach Vladirmir Petkovic avait demandé à ses internationaux de ne pas prendre de risque de contracter le coronavirus peu avant de débarquer à l’Euro. Alors, incontrôlables ces stars de l’équipe de Suisse? Si la Suisse romande ne fait pas grands cas de cette histoire, les Alémaniques, eux, en discutent abondamment. Andreas Böni, journaliste foot à Blick alémanique et Grégory Beaud, journaliste sportif dans la rédaction romande, débattent à la veille du match Italie-Suisse.

En lisant les médias alémaniques ce mardi matin – et pas uniquement Blick –, je suis surpris de voir que cette histoire de coiffeur fait à ce point parler alors qu’en Suisse romande, on en sourit. C’est vraiment une grosse histoire chez vous?

Mardi, les photographes ont abondamment «shooté» le capitaine Granit Xhaka...
Photo: keystone-sda.ch
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Oui, c’est vraiment une grande histoire pour moi. Parce que les joueurs de l’équipe nationale montrent de bien mauvais signaux. Il ne s’agit pas de se couper les cheveux ou non. Non, il s’agit de faire voler un coiffeur jusqu’à Rome. C’est totalement hors de propos. C’est hors sujet. S’ils avaient engagé un coiffeur de Rome, l’histoire serait déjà bien moins grave.

A la veille d’Italie-Suisse, j’aurais également évité de me faire manipuler par un coiffeur italien… Mais il est vrai qu’écologiquement, il y a mieux à faire. En même temps, on parle d’un Euro qui se dispute entre Rome et Bakou pour notre équipe de Suisse.

Mais justement. Tout cela prouve une certaine décadence. L’histoire du coiffeur qui prend l’avion, ce n’est finalement pas le premier cas du genre. Il y a d’abord eu les arrivées au camp d’entraînement en Lamborghini ou en Ferrari. Il y a ensuite eu le tatouage de Granit Xhaka lors du dernier week-end libre du championnat européen, et maintenant ceci.

J’ai l’impression que cette histoire de coiffeur n’aurait pas été thématisée si on avait battu les Gallois 2-0. Peut-être même que nous aurions parlé d’activité pour renforcer les liens, si cela se trouve.

Je te rejoins sur un point. Si la Suisse avait gagné, on aurait peut-être trouvé cela génial. Les enfants l’auraient peut-être aussi fait. Mais tout est une question de timing. Quand tu as du succès, tu as le droit de te permettre certaines choses. Comme pour tout dans la vie. C’est une question de timing.

«Timing is everything», je le dis toujours en effet. Pour moi, il ne faut pas comparer l’histoire du tatouage à celle des coupes de cheveux. En allant se faire tatouer et en mettant l’équipe en danger, Granit Xhaka s’est comporté de manière très égoïste et je suis surpris qu’il s’en soit aussi bien sorti pour le coup.

Mais justement. L’histoire des coupes de cheveux est aussi grave que celle du tatouage. Je ne comprends pas comment ils ont pu ignorer à ce point les consignes de leur entraîneur. Vladimir Petkovic avait clairement dit: «Je vous donne la liberté et la confiance, mais ne sortez que dans le cercle familial proche». Alors se faire tatouer ou aller au restaurant, c’est pour moi comparable. Mais peut-être que la génération actuelle n’est plus aussi attachée à la hiérarchie que moi. En tout cas, j’aurais écouté Petkovic.

Sur le fond, moi aussi. Mais tu verras. Si la Suisse gagne 0-1 mercredi soir, on ne se fera plus de cheveux blancs pour cette équipe. Désolé, j’ai tenu jusqu’ici sans le moindre jeu de mots. J’espère que tu pourras le traduire en allemand sans trop de difficulté.

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