Séisme meurtrier en Turquie
«Ce jour-là, nous avons tout perdu en quelques minutes»

Un tremblement de terre a ravagé le sud de la Turquie en février. Ce samedi, une journée de soutien est organisée à Lausanne avec, en point d'orgue, un match entre les équipes de Suisse et de Turquie 2008. L'ancien gardien Volkan Demirel raconte le traumatisme.
Publié: 06.09.2023 à 20:34 heures
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Dernière mise à jour: 06.09.2023 à 20:43 heures
Tim Guillemin

«Franchement, il n'y a pas de mots pour définir l'horreur.» Plus de six mois après le terrible séisme qui a secoué la Turquie en février dernier, le pourtant très solide Volkan Demirel ne peut pas cacher son émotion. En visioconférence avec Blick, le directeur technique de Hatayspor trouve cependant la force de revenir sur ce jour de cauchemar.

Au total, ce sont près de 50'000 personnes qui sont décédées en Turquie et en Syrie, dont plusieurs membres de son club, au sud-ouest de la Turquie. Un directeur sportif est mort, un intendant, un responsable du matériel... «Sincèrement, un club ne peut pas s'en remettre. On doit avancer, parce qu'on y est obligés, mais c'est inconcevable, impossible à imaginer. Ce jour-là, nous avons tout perdu en quelques minutes, c'était le jour le plus noir de mon existence. Tout ce que j'espère, c'est de ne jamais avoir à en revivre même le dixième», continue l'ancien gardien de l'équipe nationale turque.

Il faut imaginer l'atrocité des scènes en ville, où le club de football a joué un rôle prépondérant dans l'urgence. «Notre stade a été réquisitionné comme campement de fortune et nous avons aidé comme nous l'avons pu en donnant des habits et en pratiquant les premiers secours. Nous avons fait ce que nous avons pu, mais personne ne peut se préparer à vivre ça», explique-t-il.

Volkan Demirel était le gardien de l'équipe nationale turque en 2008 lors de la victoire face à la Suisse.

Un groupe Whatsapp et tout le monde répond présent pour samedi

Si Volkan Demirel revient aujourd'hui avec un média suisse sur cette journée d'apocalypse, c'est bien parce qu'il a été touché par l'initiative de Metin Karagülle, ce citoyen chablaisien qui a décidé d'organiser une journée de soutien, ce samedi à Lausanne, avec en point d'orgue un Replay de Suisse-Turquie 2008.

Si Metin Karagülle s'occupe de tout du côté suisse, il a pu compter sur un précieux relais en Turquie en la personne de Cüneyt Yalınkılıç, personnalité très active dans le milieu du football turc, qui connaît tous les internationaux de l'époque et a pu les rassembler facilement. «Sans Cüneyt, je n'y serais pas arrivé. Il a tout de suite compris ce que je voulais faire et il m'a apporté son soutien. Je le remercie grandement. Si cette journée de samedi existe, c'est en grande partie grâce à lui», explique le Valaisan.

Tous les bénéfices de la journée (concerts d'artistes turcs et de Maître Gims, repas officiel, match de gala, Replay de l'Euro 2008...) partiront en Turquie, ce qui émeut beaucoup du côté de Hatay. «Sincèrement, cette initiative est d'une générosité magnifique. Dès que j'en ai entendu parler, j'ai eu envie de venir à Lausanne y participer. Nous avons créé un groupe Whataspp avec les internationaux de 2008 et nous sommes plus de vingt à venir», détaille Volkan Demirel, lequel a repris le championnat avec son équipe après avoir été dispensé de la fin du dernier exercice, tout comme Gaziantepspor, autre club énormément touché par le séisme.

Il voulait faire venir un attaquant du FC Zurich

«Je me réjouis beaucoup de revenir en Suisse, c'est un pays que j'aime beaucoup. J'y suis venu plusieurs fois pour les vacances, que ce soit à Genève ou à Zurich. Et puis, grâce à mon travail, je suis votre championnat de près. Je suis bien au courant de ses qualités et je peux même vous dire que j'ai été tout près de faire venir un joueur de chez vous ces derniers mois...», explique Volkan Demirel. Jonathan Okita, l'attaquant du FC Zurich, était en effet dans le viseur de Hatayspor, mais l'affaire n'a pas pu se conclure. «C'était un peu cher pour nous malheureusement», sourit le directeur technique du club du sud de la Turquie.

Les matches parfois heurtés entre son pays et la Suisse ne représentent-ils pas de mauvais souvenirs pour l'ancien gardien de la sélection? Pas le moins du monde, à l'en croire. «Nos deux sélections se sont affrontées pour des matches à enjeu, avec de grandes conséquences, que ce soit une participation à une Coupe du monde ou une qualification pour les huitièmes de l'Euro. C'est normal qu'il y ait eu des émotions fortes. Vous savez, je garde un excellent souvenir de l'Euro 2008 en Suisse et en Autriche. Il avait été magnifiquement organisé et cette compétition restera toujours comme un grand souvenir pour la Turquie puisque nous avions atteint les demi-finales. Donc pour moi, la Suisse, ce sont des émotions positives. Et ce sera encore le cas samedi à Lausanne», promet Volkan Demirel.

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