Servette veut faire le doublé
Elodie Nakkach en a marre d'être vice-championne de Suisse

Arrivée en 2021 à Genève, Elodie Nakkach apporte sa grinta à mi-terrain. Alors que Servette et elle se déplacent à Berne pour y affronter YB dimanche en demi-finale aller des play-off, l'internationale marocaine veut plus que tout soulever le trophée cette année.
Publié: 11.05.2024 à 12:15 heures
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Dernière mise à jour: 11.05.2024 à 15:29 heures
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Arrivée en 2021 à Genève, Elodie Nakkach n'a pas encore pu soulever le trophée de championne de Suisse! La Limousine de 29 ans, internationale marocaine, veut y arriver dès cette année, alors que le Servette FC Chênois Féminin se déplace au Wankdorf pour y affronter Young Boys ce dimanche à 14h en demi-finale aller.

Les retrouvailles avec YB s'annoncent piquantes après la finale de Coupe houleuse, remportée par les Servettiennes, mais Elodie Nakkach ne s'en émeut pas. Concentrée sur le jeu et sur son équipe, elle veut laisser les polémiques de côté, consciente que son équipe et elle ont largement de quoi s'imposer, comme en finale de la Coupe.

La très combative milieu de terrain, qui suit des cours à distance pour obtenir une licence en community management, se réjouit de cette double confrontation et, peut-être, d'affronter Bâle ou Zurich en finale du championnat. Après l'entraînement du matin, vendredi, elle a pris quelques minutes à la Fontenette pour évoquer, avec Blick, cette demi-finale aller. 

Elodie Nakkach (à gauche) se sent bien à Genève, mais estime indispensable que le football féminin se professionnalise en Suisse.
Photo: Marc Delacrétaz

Tu es deux fois vice-championne de Suisse. J'imagine que tu en as marre de ce titre, non?
Alors ça c'est clair! Ça fait deux finales de suite qu'on perd, c'est vrai que ça commence à être pesant. C'est pour ça que cette saison, on est encore plus...

Déterminées?
Je pense qu'on a quelque chose en plus, oui. Quelque chose qui va nous permettre d'aller nous battre pour remporter ce titre de championnes de Suisse. 

Vous avez déjà débloqué quelque chose avec la Coupe, non?
Oui. On est là pour faire le doublé, et donc gagner le championnat comme cela a été le cas juste avant que j'arrive. On sait que ça va être très dur, attention. Mais on va tout donner pour aller soulever ce trophée.

La victoire en finale de la Coupe de Suisse, la première étape avant le doublé?
Photo: Marc Delacrétaz

Cette demi-finale contre YB intervient juste après cette finale de Coupe très agitée, disons. Tu penses qu'elles vont arriver avec un gros sentiment de revanche?
Oui, je pense qu'elles ont ça en elles. Après, nous, on y va pour jouer notre football. On sait que c'est une bonne équipe. On sait aussi que si on est très sérieuses et très concentrées, on peut gagner.

L'entraîneure d'YB a tenu des propos très offensifs après la finale. Tu as eu envie de lui répondre?
Elle a dû le faire sur le coup de l'énervement, je ne sais pas. Mais non, je n'ai rien à lui dire. Nous, on a célébré notre victoire et voilà. On est passées à autre chose.

Vous les retrouvez ce dimanche avec toi au milieu pour apporter ta grinta...
Oui, c'est vrai que ça fait partie de mon jeu. Après, je ne sais pas à quel poste je jouerai ce week-end, mais je serai là avec ma grinta, comme tu dis, mon agressivité, pour essayer d'entraîner l'équipe à se battre dans tous les duels.

Ça t'embête des fois d'être réduite à ça? Typiquement, c'est par rapport à cet aspect-là de ton jeu que je te pose la question, c'est ce qu'on remarque en premier chez toi, alors que tu es une excellente footballeuse en plus de ton agressivité...
Ça ne me dérange pas, c'est comme ça chez les milieux défensifs! C'est un poste très important, mais ce n'est pas le poste le plus mis en avant dans les matches, à tous les niveaux. Mais c'est un travail nécessaire qui permet de faire la transition entre la défense et l'attaque. Si tu n'as pas un bon milieu, c'est compliqué de jouer au foot.

Mais des fois, c'est ce poste qui brille. La dernière finale de Champions League masculine, c'est un milieu défensif, Rodri, qui fait gagner son équipe...
Et heureusement! C'est vrai que ça met un peu de lumière des fois sur ce poste. J'aime bien avoir cette liberté parfois, de pouvoir me retrouver devant le but adversaire et aider l'équipe à marquer. C'est une question d'équilibre.

Photo: Marc Delacrétaz

Il y a beaucoup de concurrence à Servette. Tu es une cadre de l'équipe, mais tu ne débutes pas tous les matches. Ça t'énerve d'aller t'asseoir sur le banc, comme lors du dernier match par exemple?
Je ne m'étais pas trop entraînée de la semaine, avant ce quart de finale retour. Mais plus globalement, oui, le coach fait tourner. C'est bien aussi pour que tout le monde se sente concerné. On a des échéances importantes, la saison est longue, il y a l'équipe nationale aussi. C'est bien que tout le monde puisse jouer, puisse apporter son énergie au moment où il le faut. Et je pense que c'est cette fraîcheur qui nous aidera à soulever le trophée dans quelques semaines. 

C'est difficile de trouver une cohésion d'équipe? Vous avez des filles de Lituanie, de Croatie, de Suède, de France, du Portugal, d'Espagne...
Mais non, c'est super au contraire! Tout le monde parle plus ou moins anglais, donc on arrive à toutes se comprendre et après chacune essaie d'apprendre quelques mots en français, c'est marrant et ça nous lie encore un peu plus. On rigole bien toutes ensemble.

Il y a des joueuses dont tu es plus proche?
Oui, forcément, on a toujours des joueuses avec lesquelles on s'entend mieux, c'est normal. Après, dans l'équipe, il n'y a pas de personnes qui ne s'entendent pas. On a un bon groupe, où tout le monde aime bien vivre ensemble. Mais oui, j'ai mon petit groupe de joueuses avec lesquelles je passe un peu plus de temps, on va dire.

Voilà deux ans maintenant que tu es ici, ça te plaît la vie en Suisse?
La vie, oui. Mais ce qui me manque, ce serait un peu plus de professionnalisme dans le football féminin, que ce soit au niveau des infrastructures, des terrains... Ce n'est pas digne d'un football professionnel. On n'a même pas de ballons communs dans le championnat! Chaque club a ses propres ballons, donc chaque week-end on joue avec des ballons différents. Ce serait bien que l'Euro féminin qui arrive permette au football féminin en Suisse de passer un cap.

Elodie Nakkach avec les Lionnes de l'Atlas face à la France d'Eugénie Le Sommer.
Photo: IMAGO/Shutterstock

Parle-moi un peu des Lionnes de l'Atlas...
C'est beaucoup de fierté, c'est le mot qui me vient en premier, spontanément. En fait, le foot féminin, au Maroc, c'est quelque chose qui est très nouveau, on va dire. Et cette émergence provoque quelque chose au niveau des mentalités dans le pays, même si c'est un pays qui est assez ouvert. Disons que notre équipe met un peu en valeur la place de la femme au sein de la société. Et je pense sincèrement qu'on a aidé beaucoup de femmes lors de la dernière Coupe d'Afrique au travers de nos matches, aussi avec tous les hommes qui étaient présents pour nous encourager. C'était superbe. Et une grande fierté, j'y reviens.

Tu as notamment fait une campagne de pub avec Azzedine Ounahi, le joueur de l'OM. Il y a une volonté de mettre le football des filles en avant, non?
Là, pour le coup, c'était avec notre sponsor commun Adidas, qui a pour objectif de mettre en avant le sport féminin au Maroc et plus globalement en Afrique du Nord. A travers la campagne, l'idée était aussi de promouvoir la prochaine Coupe du monde.

Tu te vois où dans quelques semaines? Toujours à Genève?
Il me reste un an de contrat, donc normalement je serai à Genève, oui.


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