Commentaire de Tim Guillemin
Le «cas Miroslav Stevanovic», une chance pour Servette

Les performances du génie bosnien Miroslav Stevanovic sont sur le déclin. Le processus est inéluctable. Et Servette a une chance énorme d'en sortir grandi. Encore faut-il la saisir, estime notre journaliste Tim Guillemin.
Publié: 05.10.2024 à 12:18 heures
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Dernière mise à jour: 05.10.2024 à 12:44 heures
Comment Servette va-t-il gérer la fin de l'aventure sportive avec Miroslav Stevanovic? La réponse est très attendue par les suiveurs du club grenat.
Photo: Pius Koller
Tim Guillemin

Qu'il est douloureux d'assister au crépuscule d'une légende! Mais il faut voir la réalité en face: Miroslav Stevanovic, à 34 ans, n'est plus le joueur qu'il a été. Il a toujours le coup d'œil, la vista, la qualité de passe. Ses centres sont toujours un régal, ses passes dans l'intervalle aussi. Il voit tout avant tout le monde, mais il le fait désormais moins vite, de manière moins efficace, avec moins d'intensité, moins souvent. Il vieillit. Il fatigue.

Évidemment, le déclin inévitable -et irréversible- de Miroslav Stevanovic est un déchirement pour le peuple grenat, qui aimerait accompagner son idole à chaque débordement et faire en sorte que les cris d'encouragement se transforment en autant d'aides concrètes pour l'aider à aller plus vite, comme voilà quelques années encore. Mais la foule a beau crier et pousser, «Mica» va de moins en moins vite et tout l'amour de la Praille ne changera rien aux lois de la physique et aux limites du corps humain.

Le sportif est une chose, la légende en est une autre

Alors, Thomas Häberli doit faire des choix en toute indépendance et sans prendre en compte l'aspect sentimental. Le cycle impitoyable de l'humanité est ainsi fait, les jeunes fauves prennent la place des vieux lions, et si la vie est une jungle, le football aussi. Comment en faire le reproche à l'entraîneur du Servette FC?

En titularisant Julian von Moos lors du derby lémanique face au LS, il a fait le bon choix. En faisant entrer son génie bosnien pour la dernière demi-heure, tout autant. La passation de pouvoir sportive se fait, ce qui ne veut pas dire que Miroslav Stevanovic ne jouera plus jamais, simplement qu'il le fera de moins en moins, et toute la subtilité du dosage hebdomadaire de Thomas Häberli sera de trouver le bon équilibre et la bonne solution à chaque fois. La solution pourrait aussi passer par un recentrage ponctuel, d'entrée ou en cours de match. Mais il est désormais clair que sportivement, Miroslav Stevanovic n'est plus le premier nom que l'entraîneur du SFC écrit sur sa feuille le matin des grands matches. Et le numéro 9 grenat a assez d'intelligence et d'humilité pour accepter le verdict et être en paix avec lui-même, ce qui ne veut pas dire qu'il n'a pas envie de jouer le plus possible.

Un enjeu sportif, mais aussi symbolique

Si l'enjeu de la fin de parcours du Bosnien est sportif, et qu'il a encore des traits de génie à offrir (et potentiellement un titre de champion à aller chercher), il est également symbolique. Et là, Servette a une vraie occasion de prouver qu'il est un club qui grandit et respecte son histoire. Une évidence? Pas forcément. Voire pas du tout. Personne n'a oublié les sorties ratées d'Anthony Sauthier et de Boris Cespedes, pour ne citer que ces deux exemples récents, qui n'ont pas rendu honneur à ce que ces deux hommes, particulièrement le premier, ont apporté au club grenat. Oui, ils ont reçu un salaire pour leurs performances, bien sûr, mais la grandeur d'un club se voit aussi, et peut-être particulièrement, à la manière dont sont traités ses joueurs emblématiques lorsqu'ils ne sont sportivement plus désirés.

Prolonger ou non?

Et là, alors que le meilleur joueur de son histoire récente s'approche de la fin, Servette a une opportunité en or d'effacer les erreurs du passé et de lui offrir une sortie par la toute grande porte. Cela ne veut pas dire prolonger son contrat à tout prix. Cette décision-là doit être prise sur le plan sportif uniquement, et les grandes institutions prennent des décisions radicales, le Real Madrid étant l'exemple le plus prestigieux. Par contre, respecter le joueur jusqu'au dernier jour, lui offrir des adieux dignes, tout cela est primordial.

Un joueur ne sera jamais plus grand qu'un club, et Miroslav Stevanovic n'est pas plus important que le Servette FC. Surtout pas. Mais le respect qu'il se verra offrir dans les prochains mois déterminera en bonne partie la grandeur de l'institution grenat.

Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Lucerne
FC Lucerne
9
6
18
2
FC Zurich
FC Zurich
9
6
18
3
FC Lugano
FC Lugano
9
5
18
4
Servette FC
Servette FC
9
-2
17
5
FC St-Gall
FC St-Gall
9
6
14
6
FC Bâle
FC Bâle
9
7
13
7
FC Sion
FC Sion
9
3
12
8
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
9
-5
9
9
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
9
-4
8
10
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
9
-6
8
11
FC Winterthour
FC Winterthour
9
-10
7
12
Young Boys
Young Boys
9
-6
6
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