De bons et de mauvais élèves
Comment les clubs de Super League se financent-ils?

Les problèmes de liquidités du FC Bâle sont-ils un cas isolé? Un aperçu de l'ensemble de la Super League le montre: pratiquement partout, on ne peut pas se passer de prêts ou de donations.
Publié: 19.04.2024 à 10:24 heures
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Dernière mise à jour: 19.04.2024 à 13:52 heures
Rédaction football

Les membres du conseil d'administration du FC Bâle ont dû injecter d'un seul coup huit millions de leur poche dans le club pour que celui-ci reste solvable au premier semestre 2024. La procédure est aussi spectaculaire que normale au sein de la Super League puisque la plupart des clubs, à l'exception de Young Boys et de Saint-Gall, sont actuellement déficitaires. Ils ne pourraient donc pas survivre sans l'aide de leurs propriétaires. Blick vous donne un aperçu de la situation.

YB

À Berne, l'argent n'est plus un problème depuis des années. YB dispose en effet d'une puissante banque maison: la famille Rihs, dont la fortune est estimée à 2,8 milliards par «Bilanz». Finie l'époque où Andy Rihs (décédé en 2018) «clamait» qu'il avait investi «cinq cents francs» pour un rendement sportif nul. Depuis que les titres s'accumulent, son frère Jöggi n'a plus eu besoin d'injecter un seul franc. Même s'il est au pied du mur et qu'il a prêté serment de fidélité à YB en intégrant son fils Stefan dans le conseil d'administration. Le club de la capitale dispose en outre d'un capital propre de 51 millions de francs. Il y a un an, Rihs a déclaré que ces réserves suffiraient à surmonter trois misérables saisons.

Lugano

Après des années de tension, le FC Lugano a retrouvé le calme sur le plan financier depuis 2021. Les pénuries de liquidités, telles qu'elles existaient sous Angelo Renzetti, appartiennent désormais au passé. La raison en est l'arrivée de l'investisseur Joe Mansueto. L'Américain assume la responsabilité financière avec son entreprise «Walden Football LLC». Depuis sa prise de contrôle, Lugano dispose ainsi de moyens plus importants. Les Tessinois les utilisent notamment pour la construction de leur nouveau stade. Rien que pour l'aménagement intérieur de l'enceinte, Mansueto a déboursé environ 16 millions.

Le président du Servette FC Thierry Regenass (à gauche) et Didier Fischer, président de la fondation 1890 qui assure les arrières du club.
Photo: keystone-sda.ch
1/7

Servette

La Fondation 1890, soutenue par Rolex, permet aux trois clubs sportifs genevois qui portent le nom de Servette (football, hockey, rugby) d'être extrêmement performants. Mais cette construction est régulièrement source de confusion, en interne comme en externe. L'argent récolté par les footballeurs grâce au succès de leur campagne européenne est-il versé dans un pot commun? Ou l'entraîneur René Weiler pourra-t-il faire du shopping cet été? La vérité se situe quelque part entre les deux. Le fait est que la fondation 1890 protège durablement le Servette d'une faillite. Ce qui est déjà une bonne chose par rapport au passé récent, lorsque des charlatans ont mené plusieurs fois les Genevois à la ruine.

Winterthour

Depuis le début des années 2000, le FC Winterthour est soutenu financièrement par la famille du physicien millionnaire Hannes W. Keller (décédé en 2023). Les fils de ce dernier, Mike et Tobias, perpétuent l'héritage. Il n'y a jamais eu de soucis de salaire, ni de manque de liquidités, car la famille d'entrepreneurs prend soin de ses collaborateurs. Et parce qu'en principe, on ne dépense que ce que l'on gagne. C'est pourquoi il n'y a que peu de réserves à la Schützenwiese. Au cours de l'exercice 2023, les fonds propres s'élevaient à 154 000 francs.

FC Zurich

Au cours des 20 dernières années, les Canepas ont injecté plusieurs dizaines de millions dans le FCZ. S'il y a un trou quelque part, le couple de propriétaires ouvre le porte-monnaie. C'est-à-dire lorsque le déficit structurel d'environ 5 millions de francs ne peut pas être couvert par les recettes des transferts, les primes de la Coupe d'Europe ou les recettes venant des spectateurs.

Saint-Gall

Depuis qu'un groupe d'investisseurs autour d'entrepreneurs et de donateurs régionaux a pris le contrôle du FCSG fin 2017 et porté Matthias Hüppi à la présidence, le club dispose d'un développement économique et financier stable. «Nous n'avons jamais eu de problèmes de liquidités au cours des dernières années, y compris pendant la période du Covid, malgré des incertitudes considérables», écrit le club. Bien au contraire. Au cours de l'exercice 2023, les Saint-Gallois affichent un capital propre de près de 19 millions de francs. D'un point de vue économique, le FCSG est le bon élève de la ligue. Aussi parce qu'il ne dépend pas des transferts et des revenus liés aux Coupes d'Europe. Le club peut également compter sur le soutien de toute une région.

Lucerne

Ces dernières années, le FCL a toujours pu assurer ses arrières par ses propres moyens, malgré des pertes. À l'exception des années Covid, où il a contracté un crédit cautionné pour assurer ses liquidités. Auparavant, Bernhard Alpstaeg aidait à couvrir les déficits, mais depuis l'éclatement du conflit de propriété, c'est Josef Bieri qui assume les pertes de plusieurs millions avec les nouveaux actionnaires qu'il a fait venir au club. Selon les informations de Blick, Alpstaeg ne paie actuellement rien. À la fin juin 2023, les liquidités ont diminué d'environ 5,3 millions de francs pour atteindre 2,9 millions. Le club a expliqué cette baisse par des investissements élevés.

Lausanne-Sport

L'objectif est de faire du Lausanne-Sport un club financièrement autosuffisant, qui ne dépend plus des versements permanents de millions de la part de son propriétaire Ineos. Le nouveau stade de La Tuilière est un jalon sur le chemin de l'autosuffisance. Le nombre de spectateurs augmente et le département marketing travaille de manière remarquable. Comment continuer ce développement? Potentiellement par la vente de joueurs. Le prochain projet d'infrastructure coûteux, à savoir la construction d'un centre d'entraînement flambant neuf, est en suspens. Le Lausanne-Sport n'a certes pas de problèmes d'argent, bien au contraire, mais Ineos ne dépense plus les millions sans discernement comme lors de la première phase après le rachat en décembre 2017.

FC Bâle

Les Bâlois ont des dettes d'environ 23 millions de francs auprès d'autres clubs, dont un tiers doit être réglé cette année. Mais seule une partie de cette somme est disponible sous forme de liquidités. Le FCB attend toutefois approximativement 25 millions de recettes de transfert. Pour que le club reste malgré tout à flot, les membres du conseil d'administration ont transféré au début de l'année huit millions de francs sur le compte du club avec une entreprise jusqu'ici inconnue. Les patrons du FCB ont promis qu'aucun joueur ne serait vendu cet été.

Yverdon

La capacité financière des propriétaires américains (arrivés à l'été 2023) est une énigme. Ce qui est sûr, c'est qu'ils sont en mesure de payer des salaires élevés, comme pour la nouvelle recrue hivernale Paul Bernardoni. Et les salaires sont jusqu'à présent toujours arrivés à temps. La première année à Yverdon a coûté beaucoup d'argent aux Américains. Maintenant, il sera intéressant de voir si les propriétaires américains respecteront ou non leur annonce (coûteuse) de moderniser et d'agrandir le stade.

Grasshopper

14 millions de pertes en 2023, aucun autre club de Super League ne s'approche de ce triste résultat comptable. Alors qu'auparavant, c'étaient les Chinois, depuis cette année, ce sont les Américains qui doivent combler le déficit structurel. Toujours est-il que les nouveaux propriétaires se sont engagés à être les bailleurs de fonds de GC pour bien plus de dix ans. Reste à savoir comment les Américains vont réduire le déficit. Pour cela, ils doivent d'abord investir massivement. Et il semble peu probable, à l'heure actuelle, que le Letzigrund soit un jour plein et que les sponsors fassent la queue.

Stade Lausanne-Ouchy

Pratiquement pas de recettes de spectateurs, très peu de fonds de sponsoring. Le club promu et de quartier vit de la vente de joueurs (par exemple Teddy Okou l'été dernier au FC Lucerne) et des donations du président et propriétaire Vartan Sirmakes. L'homme d'affaires du secteur horloger est certes extrêmement riche, mais il ne veut pas que le Stade Lausanne-Ouchy devienne un puits sans fond. C'est pourquoi l'argent n'est pas dépensé au hasard, mais les salaires sont garantis à tout moment.

Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Lugano
FC Lugano
6
4
13
2
Servette FC
Servette FC
6
-3
12
3
FC Zurich
FC Zurich
5
6
11
4
FC Lucerne
FC Lucerne
6
4
11
5
FC Bâle
FC Bâle
6
9
10
6
FC St-Gall
FC St-Gall
5
5
10
7
FC Sion
FC Sion
6
4
10
8
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
6
-4
5
9
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
6
-4
4
10
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
6
-7
4
11
FC Winterthour
FC Winterthour
6
-7
4
12
Young Boys
Young Boys
6
-7
3
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