Il a conquis le foot suisse
Kevin Carlos: «Je ne m'attendais pas à autant d'amour»

L'homme dont tout le monde parle en Super League, c'est lui! Kevin Carlos dévoile à Blick le secret derrière son incroyable force physique, la confiance qui l'habite, ses envies pour l'avenir, l'avant-centre qui l'a inspiré enfant... La parole est au goleador.
Publié: 10.05.2024 à 18:00 heures
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Dernière mise à jour: 10.05.2024 à 20:56 heures
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

L'attaquant du moment en Super League, c'est lui! Kevin Carlos terrorise les défenseurs par ses buts (12 au total, 9 depuis le début de l'année civile), mais aussi (et peut-être même surtout) par sa détermination et son goût pour les duels.

A 23 ans, l'attaquant, né en Espagne de deux parents nigérians, vit sa première expérience hors de son pays natal, et c'est peu dire qu'il se fait une énorme publicité, lui qui adore marquer son territoire dès le premier duel d'un match. Son style physique et déterminé plaît énormément aux supporters d'Yverdon, et il est devenu un sérieux concurrent à Anthony Sauthier pour le titre de joueur le plus populaire du club nord-vaudois, même si pour l'heure, il ne s'exprime pas encore en français, mais en anglais et en espagnol, lui qui est arrivé de Huesca l'été dernier.

Alors qu'YS a l'occasion de valider définitivement son maintien ce samedi à la Pontaise face à Stade-Lausanne-Ouchy (20h30), l'avant-centre a accepté, pour Blick, d'évoquer sa progression fulgurante, son amour des duels gagnés, mais aussi le mercato. Sera-t-il encore un joueur d'YS à la fin de l'été?

Douze buts en championnat déjà pour l'attaquant espagnol et nigérian.
Photo: keystone-sda.ch

Il y a une année, tu avais déjà entendu le nom d'Yverdon?
Ah non, aucune chance (rires)! Mon agent est venu vers moi, m'a montré l'évolution du club, m'a expliqué l'ambition qu'il y avait ici et j'ai décidé de venir. C'est aussi simple que ça. Mais je ne vais pas te dire que je connaissais quelque chose du club ou de la ville!

Et huit mois après, tu es le héros du stade. Si je demande à dix gamins d'Yverdon quel est leur joueur préféré, huit ou neuf me répondront Kevin Carlos.
Tu sais, la réponse la plus honnête que je peux te faire, c'est que je suis très honoré. Au fond, c'est ce que tout footballeur recherche: qu'on parle de lui et que les gens l'aiment. Je le ressens vraiment, ce ne sont pas des phrases toutes faites. Ce qui est fou, c'est que je n'étais jamais venu en Suisse auparavant, c'est la toute première fois et je m'y sens très bien. Des fois, il ne faut pas chercher à comprendre et juste prendre la vie comme elle vient.

Ce n'est pas trop ennuyeux la vie ici, justement?
Moi je suis épaté, je te dis la vérité. Ici, tout le monde est très éduqué, très bienveillant. Je ne parle pas du tout bien le français, mais quand j'ai besoin de quelque chose, les gens prennent le temps de bien m'expliquer. Je me sens aimé, les gens me saluent dans la rue. Et je reviens à ce que tu as dit avant, je sens que les enfants m'aiment bien, c'est vrai. Sincèrement, je ne m'attendais pas à autant d'amour.

Mais ça c'est parce que les gens s'identifient à toi. J'ai déjà eu l'occasion de l'écrire, ton caractère, le fait que tu te battes sur chaque ballon, ça donne envie de t'aimer, même quand tu rates un but.
C'est quelque chose que j'ai depuis tout petit. Un attaquant veut toujours mettre des buts et ma philosophie, c'est que pour y arriver, il doit courir beaucoup plus que son défenseur. C'est mon caractère et il ne date pas d'aujourd'hui, crois-moi!

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«Un attaquant veut toujours mettre des buts et ma philosophie, c'est que pour y arriver, il doit courir beaucoup plus que son défenseur.»
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Tu cours, d'accord, mais surtout, tu es dur dans les duels. Que ce soit face aux équipes du bas ou contre Young Boys, depuis les tribunes, on te voit chercher le contact avec les défenseurs adverses, vouloir leur faire mal d'entrée, gagner le premier duel... Tu prends du plaisir à les faire souffrir?
On va dire que c'est mon style (rires)! Je m'entraîne physiquement avec mon préparateur. J'aime me sentir fort! Parfois, tu as raison, je prends l'avantage sur mon défenseur et ça peut aider l'équipe, donner confiance à tout le monde.

Pour revenir à la vie en Suisse, ce n'est pas trop difficile pour un Espagnol que tout soit fermé à 18h30 ici?
Oh oui, oui, complètement (rires)! Je suis arrivé en juin. Et j'ai eu besoin de trois ou quatre mois pour m'habituer aux horaires des repas. C'est vrai qu'au début quand je voyais les gens aller manger à 11h30 ou 12h, je me disais, mais ils vont où (rires)? Ça m'a coûté un peu. Mais je me suis habitué.

Yverdon, c'est une petite ville...
Oui, mais j'aime bien. Tu sais, j'ai grandi à Huesca, une ville qui doit être à peine plus grande.

Au début, tu étais prêté à Yverdon, puis tu as signé de manière définitive cet hiver. Tu as hésité un peu ou pas du tout?
J'ai été informé qu'Yverdon voulait me prendre de manière définitive parce qu'ils étaient très contents de moi. J'ai parlé avec mon agent et nous avons décidé d'y aller, de dire oui. Parce que les gens, le président, le directeur sportif, tout le monde m'a beaucoup aimé et m'a donné beaucoup de confiance. Pour un joueur, crois-moi, c'est le plus important. Et si dans un endroit, on te témoigne la confiance, tu as envie de la rendre sur le terrain. Cela n'a pas toujours été le cas partout dans ma carrière.

Justement, ta première expérience en première division, c'est ici en Suisse. Et tu exploses! En Espagne, c'est plus dur? Avec Huesca, en deuxième division, tu ne marquais pas beaucoup...
Je comprends ta question. Je pense surtout que c'est une question de confiance, j'y reviens. C'est tout bête, mais c'est ici à Yverdon qu'on m'en a donné. Beaucoup même! Et plus que dans mon ancien club, pour tout te dire. Je suis très content d'être venu ici.

Tu es nigérian et espagnol, mais ton style, c'est plutôt Rashidi Yekini que Fernando Torres, non?
Oui, c'est juste! Je vais te dire d'où vient ma force: de mes entraînements au parc avec mon père. Avant que la préparation officielle commence, chaque été ou chaque hiver, il m'entraînait physiquement, m'aidait à développer mon corps. Une sorte de pré-saison avant la pré-saison! Il m'a montré comment travaillaient les grands joueurs comme Samuel Eto'o et Romelu Lukaku, l'un de mes modèles absolus. C'est ça qui m'a aidé à me forger ce physique.

Je trouve que tu as énormément progressé depuis le début de la saison. Pour te dire la vérité, lors de tes premiers matches, je me suis dit que tu avais une attitude super, que ta force physique était impressionnante, mais que tu avais une grande marge de progression sur le plan technique et de l'efficacité face au but. Et maintenant, je vois un attaquant complet. Tu partages cette analyse?
Oui. Mais c'est en équipe qu'on a évolué, aussi. Et j'en ai profité. Yverdon m'a aidé à grandir en tant que footballeur. Et oui, je me sens meilleur qu'il y a huit mois.

Photo: keystone-sda.ch

On parle de l'intérêt de Young Boys pour toi, d'autres clubs aussi... C'est quoi la prochaine étape pour toi? Tu te dis que tu dois absolument partir dès cet été?
Je suis très content que de grands clubs s'intéressent à moi. C'est normal qu'un footballeur soit content de ça. En janvier, Yverdon m'a proposé un contrat. J'ai signé ce contrat, comme tu l'as dit. On verra. Je suis un joueur d'Yverdon et j'en suis très heureux.

Tu aimerais retourner en Espagne? Leur montrer que tu as le niveau de la première ou même de la deuxième division?
Ce n'est pas d'actualité. Je ne me pose pas la question. Et d'ailleurs, arrête de me parler d'avenir, la saison n'est pas encore terminée! Je suis très heureux ici et je veux que les choses continuent comme ça. En ce moment, je marque des buts et je suis très content. Ma famille est fière de moi, tout va bien.

Tu sais qui est le meilleur buteur de Super League aujourd'hui?
Non. Je sais que je suis à 12. Il n'est pas loin, si?

Zan Celar, de Lugano. Il en est à 13.
Ce que je t'ai dit, il n'est pas loin (sourire).

Tu te mets comme objectif de le dépasser?
L'objectif, c'est qu'Yverdon soit en Super League. Et si je suis meilleur buteur du championnat, ce sera bien pour moi, mais aussi pour le club. Donc oui, j'ai encore envie de marquer des buts dans les quatre derniers matches, je peux te le confirmer (rires).

Ma dernière question: si aujourd'hui, tu dois donner un pourcentage de chances que tu sois un attaquant d'Yverdon au mois d'août, tu l'estimerais à combien?
Oh, la dernière question piège (rires)...

Tu peux répondre 50-50...
Non, mais la vérité, c'est que je ne sais pas. Le mercato estival est long. J'ai signé un contrat avec Yverdon qui est valable pour l'année prochaine. Il n'y a rien de plus à dire aujourd'hui.

Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Lugano
FC Lugano
6
4
13
2
Servette FC
Servette FC
6
-3
12
3
FC Zurich
FC Zurich
5
6
11
4
FC Lucerne
FC Lucerne
6
4
11
5
FC Bâle
FC Bâle
6
9
10
6
FC St-Gall
FC St-Gall
5
5
10
7
FC Sion
FC Sion
6
4
10
8
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
6
-4
5
9
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
6
-4
4
10
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
6
-7
4
11
FC Winterthour
FC Winterthour
6
-7
4
12
Young Boys
Young Boys
6
-7
3
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