Lausanne-Yverdon dimanche!
Comment William Le Pogam explique le derby aux nouveaux venus

Comment expliquer aux joueurs arrivés depuis quelques semaines ce que signifie se déplacer à Lausanne lorsqu'on est Yverdon Sport? Le capitaine William Le Pogam détaille sa stratégie pour faire comprendre l'importance de ce derby.
Publié: 21.09.2024 à 11:14 heures
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Dernière mise à jour: 21.09.2024 à 11:18 heures
Photo: Pius Koller
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

Dimanche, c'est jour de derby! A 14h15, le Lausanne-Sport accueille Yverdon Sport à la Tuilière. La notion de derby a-t-elle encore un sens, alors que, potentiellement, seul un joueur vaudois sera titulaire (Alvyn Sanches), auquel on peut ajouter Karim Sow, broyard fribourgeois? William Le Pogam, capitaine d'YS, a pris le temps, pour Blick, de répondre à cette question. Et à quelques autres, aussi.


Comment, en tant que capitaine, tu prépares ton équipe à jouer à Lausanne dimanche?
C'est assez facile, c'est un derby, c'est le match le plus important pour nous, mais aussi pour les supporters. Je l'ai montré dès mardi déjà à l'entraînement dans l'intensité, dans l'impact. C'est là où on ne devra pas se défiler dimanche. On devra être présent, on va y aller pour gagner. On ne va pas se dire qu'on va chercher des points ou fermer le jeu: on y va pour gagner, point. Pour moi, ça représente une finale. Surtout que c'est une équipe avec laquelle on va se battre jusqu'à la fin de la saison je pense.

Ils ne vont pas être content avec ce que tu dis: l'objectif du LS, c'est le top 6, pas le maintien.
Si on prend en termes de structures, de club, même d'effectif, je suis d'accord: c'est une équipe qui doit être en haut. Mais aujourd'hui, ils sont plus ou moins à la même hauteur que nous, très objectivement, en regardant le classement de la saison dernière et celui de ce début de saison. Ils se sont bien renforcés, mais aujourd'hui, le LS est une équipe avec laquelle on se bat au classement.

Tu mets vraiment plus d'impact à l'entraînement cette semaine?
Oui. Sans exagérer non plus, attention! Mais au final, un derby pour moi ça part de là, ça va partir de l'intensité, de l'envie, de la passion. Peut-être que ça va être un match pas forcément beau à voir, parce qu'il y aura des duels et que chaque équipe n'aura pas envie de perdre. Mais oui, montrer l'importance du derby, c'est mettre mes coéquipiers directement dans l'ambiance pendant la semaine, les préparer au match, à l'impact.

Ca veut dire quelque chose un derby vaudois quand il reste deux Vaudois au LS et un à YS?
Oui. Depuis que je suis arrivé ici et surtout depuis qu'on les a retrouvés dans le même championnat, ça a toujours été une rivalité importante à mes yeux. Un joueur comme Mustafa Sejmenovic m'en a parlé tout de suite, les gens d'Yverdon m'ont bien fait comprendre que c'était très important. Donc j'essaie à mon tour de le transmettre. Même si, à mes yeux, Lausanne reste le grand club, a joué la Coupe d'Europe... C'est indéniable. Mais notre génération à nous, on a envie de finir devant eux.

Il y a une différence quand même: pour eux, historiquement, le plus gros derby c'est Servette. Yverdon n'existe pas pour le LS. Par contre, pour Yverdon, gagner le derby, c'est aller gagner dans la capitale, sur le terrain du grand...
Oui, exactement. Lausanne reste le plus grand club vaudois. Donc aller les titiller, aller les battre, finir champion de Challenge League devant eux, finir la première saison en Super League devant eux... Tout ça, c'est important pour nous, ça nous rend fiers, c'est notre derby à nous.

C'est vrai, c'est important? Finir devant Lausanne la saison dernière dans le tour de relégation, ça avait de la valeur à l'interne?
Oui, vraiment. Surtout que dans notre vestiaire aujourd'hui, il y a quand même pas mal d'anciens Servettiens et que jouer contre le LS c'est toujours un match particulier. Mais oui, bien sûr, finir devant le LS c'est important. Après, on ne peut pas comparer les clubs: en termes d'histoire, d'infrastructures, d'effectif, le LS devrait être plus haut. Mais aujourd'hui, on est plus ou moins au même niveau sportivement, donc notre ambition est de nous battre avec eux les yeux dans les yeux. On sait qu'on ne peut pas se comparer avec YB ou Servette, mais sportivement, aujourd'hui, oui, Lausanne est un rival.

Il y a une image qui m'a énervé personnellement, avant le dernier Tottenham-Arsenal. Dans le tunnel, à trois minutes du coup d'envoi, un joueur des Spurs et un des Gunners qui se prennent dans les bras. Toi aussi, ça t'agace? Le foot s'est trop aseptisé, non?
Personnellement, je ne le ferais pas. Même s'il y a des joueurs de l'autre côté que j'apprécie beaucoup, que j'ai rencontré, je mets une distance avant le match. Dès le moment où j'entre dans le stade, c'est toi ou moi. C'est ma mentalité. On ne peut pas être amis. 

Après le match, c'est différent?
Oui. Comme je l'ai dit, il y a des joueurs que j'apprécie dans le camp d'en face, donc devant les vestiaires, on peut parler, se chambrer. Mais pas sur le terrain. 

Même échanger le maillot?
Oui, pourquoi pas? Après le match, c'est terminé. Mais je suis un joueur toujours concentré avant un match, surtout dans un derby. Donc la scène dont tu parles avant Tottenham-Arsenal, elle ne pourrait pas arriver avec moi.

Photo: Pius Koller

Le derby entre Lyon et Saint-Etienne, c'est incomparable?
Ah oui! Tiens, j'ai une anecdote à ce sujet. Quand je suis arrivé à Lyon, je ne connaissais pas encore les règles et j'avais des crampons verts, la couleur de Saint-Etienne. Les crampons, ils ont fait un jour.

Tu les as jeté?
Je n'ai même pas eu besoin de le faire: quand je suis revenu aux vestiaires, ils avaient disparu! C'était le coach de l'époque, Robert Valette, qui les a jetés. Il m'a dit: 'Ici, il n'y a rien de vert. Que ce soit des habits, des crampons, ou même des teintures: le vert, il est interdit chez nous. Et au final, ces petites choses, ces règles, sont transmises de génération en génération à toute l'académie. 

A part en Coupe de Suisse face à des équipes de 2e ligue ou de 2e ligue inter, tu sais quand Yverdon a gagné son dernier match à l'extérieur?
Je sais qu'on a battu le record négatif en Super League malheureusement... Ca fait plus d'une année, ça c'est sûr.

En effet. Mais tu te souviens où c'était?
A Lausanne, non? Parce qu'après on a fait nul à GC, à Bâle... 

Oui, c'était à Lausanne. Le 6 août 2023. J'ai déjà posé cette question 1000 fois à ton coach, à ton directeur sportif, à différents joueurs... Mais je te le redemande aujourd'hui: pourquoi vous n'y arrivez pas?
C'est compliqué de répondre. On essaie de mettre les mêmes ingrédients, on se prépare de la même façon. Il n'y a même pas de raison particulière à mon avis. Mais on espère que ce dimanche c'est le bon moment pour arrêter cette série.

Trois joueurs ont signé le dernier jour du mercato: Dexter Lembikisa, Djibril Diop et Mateusz Legowski. Un Jamaïcain, un Sénégalais, un Polonais! Comment tu fais concrètement en tant que capitaine pour les intégrer?
J'essaie surtout de faire en sorte que le groupe reste sain, familial. Et je dois dire une chose très importante: le club fait un effort en amont pour le recrutement en allant chercher des joueurs qui ont le bon état d'esprit. Tu ne peux pas venir ici si tu n'as pas ça.

Mais concrètement, comment ça se passe pour créer cet état d'esprit ou en tout cas l'entretenir?
Par exemple, moi, mon niveau d'anglais n'est pas extraordinaire, mais un joueur comme Niklas Gunnarsson va jouer ce rôle-là, d'aller vers les joueurs qui ne parlent que cette langue au début. Dexter, le dernier arrivé, a joué avec Christian Marques à Wolverhampton. Djibril Diop, on a des connaissances en commun... Ce sont des petites choses qu'on essaie de trouver. On essaie aussi d'organiser des repas d'équipe, on se retrouve, on va manger à Yverdon, on va regarder des matches de Champions League tous ensemble, créer des liens. On est obligés! Il y a tellement de changements à chaque mercato que si on ne crée pas ces événements, la vie du vestiaire ne suffit pas.

Tu peux vraiment faire connaissance en profondeur avec chacun?
Non, c'est impossible. C'est quelque chose qui se fait naturellement. Par exemple, c'est tout bête, mais on va à Champagne ensemble pour s'entraîner sur synthétique, on est trois ou quatre par voiture, on parle un peu, ça crée des liens. Ce sont des petites choses et c'est important pour transmettre ce qui fait la force d'Yverdon. Même si ce n'est plus un club familial, que c'est vraiment devenu un club de première division, Yverdon reste à part. On doit cultiver cet esprit d'équipe.

Dans plusieurs grands clubs, comme à Lyon par exemple, plusieurs personnes s'occupent des joueurs étrangers. Il s'agit de leur travail à 100%. Ne penses-tu pas que la marge de progression d'Yverdon Sport est là, avec tous les joueurs étrangers qui arrivent?
C'est vrai qu'il va falloir peut-être un peu plus de personnel, mais à tous les niveaux je pense. Aujourd'hui, on a de la chance que plusieurs joueurs soient là depuis longtemps, comme Anthony Sauthier ou moi, on a des contacts, on regarde un peu partout. Mais des choses simples, hein...

Comme quoi?
Je regarde pour des appartements, sur des sites. Pour les voitures, pareil, j'essaie d'aider. Mais c'est sûr qu'au bout d'un moment je dis stop, je ne peux pas trop en faire non plus, je reste joueur et je dois me concentrer sur le terrain et mes performances.

Ce n'est pas à toi d'expliquer l'impôt à la source et l'assurance maladie, quand même?
Oui, mais je le fais quand même volontiers. Mais je te rejoins: pour structurer le club, pour grandir, on a besoin d'un peu de temps pour trouver les bonnes personnes au bon poste. Si Yverdon Sport veut grandir, ça passera par là même si ce qu'on fait à côté du terrain pour aider nos coéquipiers ne nous prend pas non plus des heures et des heures. On va dire que ce sont des services qu'on rend naturellement, parce qu'on a envie de le faire.

Laurent Koscielny, après la Coupe du monde gagnée en Russie, avait donné une interview restée célèbre dans laquelle il disait qu'il espérait presque que les Bleus ne gagnent pas la compétition vu qu'il était blessé... Tu vois où je veux en venir?
Non?

Quand il y a autant de monde qui débarque, des concurrents à chaque poste qui n'étaient pas là voilà trois mois, tu as toujours envie qu'ils réussissent? Ou il y a une part d'égoïsme du footballeur professionnel?
La question est légitime. Aujourd'hui, j'arrive très bien à me dire que le plus important c'est toujours l'équipe. Je peux te dire que je suis sincèrement heureux quand un concurrent direct fait un bon match. Sans te mentir le moins du monde. Peut-être que c'est parce que j'arrive à un âge où je suis plus sur la fin que sur le début et quand, étant jeune, je n'ai pas eu la chance que les anciens viennent m'accueillir et m'aider à m'intégrer.

C'était dur à ce point-là?
Sur cet aspect, oui. Aucun ancien ne m'a pris et ne m'a dit 'fais comme ci, fais comme ça'... A Lyon, nous les jeunes, on avait énormément de respect pour les anciens, on n'osait pas leur parler. Déjà, tu n'intégrais pas le vestiaire de la première équipe. Je m'entraînais avec eux, mais je me changeais ailleurs. Aujourd'hui, un jeune qui signe pro, mais qui joue avec les M21, on le met directement dans le vestiaire des pros.

Tu ne réponds pas vraiment à la question...
Aujourd'hui, je suis vraiment dans le partage, dans le fait d'essayer les jeunes et les nouveaux arrivés à bien s'intégrer, de leur donner des outils pour qu'ils puissent performer et faire une meilleure carrière que moi. Peut-être que c'est parce que j'ai cet amour pour le club et que j'aimerais qu'il reste en Super League... Je veux que ceux qui sont là performent et que tout le monde soit heureux.

On voit Paul Bernardoni et Kevin Martin très bien s'entendre, par exemple...
Oui, et ce n'est pas pour l'image. Ils organisent les soupers d'équipe ensemble, ils se voient souvent en dehors de l'entraînement. Kevin a eu l'intelligence de se dire: 'Ok, il y a un super gardien qui vient d'arriver. Je vais l'aider à être meilleur et de mon côté, il va m'aider à être meilleur aussi'. On en revient à cet esprit d'équipe qui est notre meilleure chance de nous maintenir et qui doit subsister à Yverdon pour qu'on soit performants. Et on le fait naturellement.


Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Lucerne
FC Lucerne
9
6
18
2
FC Zurich
FC Zurich
9
6
18
3
FC Lugano
FC Lugano
9
5
18
4
Servette FC
Servette FC
9
-2
17
5
FC St-Gall
FC St-Gall
9
6
14
6
FC Bâle
FC Bâle
9
7
13
7
FC Sion
FC Sion
9
3
12
8
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
9
-5
9
9
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
9
-4
8
10
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
9
-6
8
11
FC Winterthour
FC Winterthour
9
-10
7
12
Young Boys
Young Boys
9
-6
6
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